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La création d’entreprises se heurte aux difficultés d’accompagnement

L’autofinancement représente la source de financement la plus dominante des entreprises. L’accompagnement ne se limite pas aux procédures administratives et paperasse nécessaire à la création. La mise en place d’un business plan représente une étape cruciale.

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Le financement des entreprises a toujours constitué un obstacle majeur à la création d’entreprises. Les banques sont réticentes au financement de petites structures, surtout en l’absence de garanties ou d’un business plan solide. D’ailleurs, pour promouvoir les porteurs de projets et donner cette impulsion à leurs projets, le programme Intelaka a été lancé. Il est vrai que le nombre de bénéficiaires a atteint 26000 et que le montant global accordé a totalisé 6 milliards de DH, mais il n’en demeure pas moins que le taux de rejet a culminé à 39%, un taux jugé élevé par le wali de Bank Al-Maghrib (BAM) qui révèle l’absence d’une véritable politique d’accompagnement parmi les raisons de ce résultat. L’accompagnement ne se limite évidemment pas aux procédures administratives et paperasse nécessaire à la création, mais il est relatif aussi à la mise en place d’un business plan, et également à la présentation des différents outils de financement. Dans ce cadre, le CRI de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, par exemple, en partenariat avec Bank Al-Maghrib, Tamwilcom et la CGEM, a élaboré un guide de financement des entreprises où il présente les différents outils qui s’offrent aux entreprises pour se financer (voir encadré). Mais c’est juste un détail, fort révélateur du reste. Le fait est que, il faut le dire, l’autofinancement au Maroc représente la source de financement la plus dominante. Selon BAM, qui reprend les données de l’Observatoire marocain de la très petite et moyenne entreprise (OMTPME, 2019-2020), la part de la dette financière est de 20,2%, contre une part de 28% au titre des fonds propres et 21% des dettes commerciales. Ce constat est corroboré par les résultats de l’enquête de la Banque mondiale de 2019 qui montrent que l’investissement au Maroc est financé à hauteur de 8% par des emprunts bancaires contre 12% pour les pays à revenu intermédiaire tranche inférieure et 14% pour la région MENA.

Pour revenir au business plan, celui-ci ne se limite pas au bilan et au compte de résultats prévisionnels. Il devra inclure nombre d’aspects tant juridiques que commerciaux, stratégiques ou marketing. Cela dit, un business plan doit commencer par un résumé opérationnel dont le but est de présenter les points-clés du projet afin de permettre à l’investisseur d’avoir rapidement une idée globale. Vient ensuite la présentation de l’offre de produits/services objet de l’activité de l’entreprise. Elle devra inclure la nature globale de l’offre avec toutes ses fonctionnalités et caractéristiques, ainsi que ses points faibles, cela, en plus des technologies utilisées et le stade de développement de l’activité en question. Positionner l’entreprise dans son environnement concurrentiel est tout aussi important. L’objectif étant de présenter la nature du marché (sa valorisation, son volume, sa dimension, ses acteurs…), la clientèle (les clients cibles, leur profil, leurs attentes…) et la concurrence (les points forts et faibles par rapport au projet…). Durant cette étape, il est nécessaire également de présenter une étude de marché. Il s’agit de comprendre, d’assimiler et de maîtriser les attentes des futurs clients. D’où la nécessité de réaliser une estimation complète, réelle, mais pessimiste aussi de son besoin financier. Il faut savoir que toutes les données utilisées doivent être basées sur des sources fiables (organismes publics, études de cabinets, historiques). Ce n’est que par la suite que le porteur de projet doit définir des objectifs clairs, exprimés en chiffre d’affaires, en part de marché ou en rentabilité cibles. C’est là aussi qu’une stratégie devra être mise en place, avec pour fondement les principaux éléments de son offre qui devra intégrer l’ensemble des aspects marketing. Le volet juridique n’est pas des moindres, puisqu’il faudra déterminer le statut de l’entreprise, les pouvoirs donnés aux membres de l’équipe, leur évolution… Une fois ces étapes réalisées, on peut évoquer le financement, avec tout ce qui se rapporte aux besoins financiers de chaque étape de la vie du projet, la trésorerie prévisionnelle, la quote-part à affecter aux différents postes de dépense, les montants à lever par source de financement…

Au final, il est essentiel de considérer qu’un business plan n’est pas fixe, qu’il peut faire l’objet de modifications ou d’actualisation, selon l’évolution de l’entreprise, de ses besoins et des objectifs, mais aussi en fonction des changements de conjoncture et du secteur d’activité. L’important est de s’adapter aux différentes évolutions. C’est justement pour cela que le programme Força, que le gouvernement s’apprête à lancer, est fortement attendu. En principe, c’est une version améliorée et revue du programme Intelaka qu’on pourrait considérer à juste titre comme une «version Béta».

Un guide de financement au profit des entreprises

Dans cet élan d’incitation à la création d’entreprises et d’accompagnement des porteurs de projets, le CRI de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima a élaboré un guide de financement. Dans la 1ère partie du document, des matrices sont présentées afin d’aider l’entrepreneur à choisir son outil de financement, en tenant compte de sa taille, sa situation et son secteur. La deuxième, elle, comprend des fiches détaillées des différents mécanismes de financement disponibles, avec les montants de financement à accorder, les critères d’éligibilité, les conditions de garantie, le coût de financement, ainsi que les documents requis. Les entreprises pourront également exploiter un manuel sur l’élaboration du business plan, une liste de contacts utiles avec des numéros de téléphone et e-mails relatifs notamment aux différents outils et mécanismes de financement, ainsi qu’un glossaire sur les différents concepts et termes de l’éducation financière.