Affaires
La construction métallique s’étend au marché du résidentiel
Ain Jemaa Construction, filiale du groupe français Desseaux Jeanneret, compte lancer au Maroc un nouveau procédé avec la promesse de réduire de 30% le coût de construction en divisant par deux la durée des chantiers. L’entreprise cible les grands opérateurs de la construction et de la promotion et prospectera ensuite le marché de l’auto-construction.
Réaliser des logements 30% moins chers en moitié moins de temps que ce qui se fait habituellement. C’est la grande promesse d’un nouveau procédé de construction que compte introduire sous peu au Maroc le groupe Desseaux Jeanneret, créé en France il y a un an et demi et qui vient d’ouvrir une filiale au Maroc, baptisée Ain Jemaa Construction, basée à Marrakech. L’opérateur dit être en mesure de réussir cette prouesse grâce à la construction métallique, «une technique courante dans le domaine des bâtiments industriels et de stockage, qui reste rare dans l’habitat résidentiel», souligne Samy Jeanneret, patron de Ain Jemaa Construction. Le procédé breveté, que l’entreprise a mis trois ans à concevoir avec des partenaires européens, consiste concrètement à réaliser des bâtiments à ossature métallique en remplacement du système dominant de poteaux-poutre en béton.
Cette manière de faire est plus économique en termes de coût du fait principalement de la quantité de matériaux qu’elle nécessite. Les briques, ciment, plâtre et autres gravats, nécessaires sur un chantier classique sont remplacés par deux grands éléments : la charpente métallique réalisée sur mesure pour chaque projet et les éléments de cloisons qui habillent la construction.
Une trentaine de contrats déjà décrochés en France et en Belgique
En prime, la structure en acier galvanisé est plus légère et plus résistante, entre autres avantages, ce qui en fait une solution adaptée par exemple aux projets réalisés sur des sols difficiles. «Cela nous a déjà permis de décrocher des commandes d’édifices qui sont pour certains immergés en parti dans l’eau de mer, ou sur des zones à risque sismique et cyclonique», explique M. Jeanneret.
Pour sa part, l’économie de temps résulte de l’organisation qui accompagne ce procédé. Chaque projet pris en charge par l’entreprise «est étudié et mis en conformité par notre bureau d’étude en respectant les normes légales exigibles. Nous produisons ensuite, en suivant les plans, le squelette de l’habitation», détaille le staff de l’entreprise. Chaque élément métallique de la charpente est prédécoupé et assemblé en atelier et une fois sur le chantier, il ne reste plus qu’à monter ces pièces. Une fois la structure montée, le choix est laissé au client de faire appel aux opérateurs classiques de la construction «qui peuvent intervenir sans difficulté sur l’ossature en acier pour achever le chantier», certifie M. Jeanneret. Ou, s’il le souhaite, le maître d’ouvrage peut charger l’entreprise d’aller jusqu’au bout du chantier pour livrer une construction clés en main. Les prestations proposées portent entre autres sur l’intervention des techniciens de l’entreprise, la formation des équipes de construction, la fourniture sur demande des éléments de second d’œuvre…
Pour mettre des chiffres sur leurs promesses, les équipes de Desseaux Jeanneret assurent avoir déjà réalisé un immeuble R+4 de 1 000 m2 intégrant 16 appartements, à un coût total d’un peu plus de 10 MDH alors que ce même chantier aurait englouti plus de 15 MDH selon les procédés classiques. En termes de délais aussi il n’y a pas photo, vu que l’entreprise avance un délai de réalisation de 3 mois pour ce type de projets.
Un procédé adapté à tous les standings
Notons bien toutefois que ces données sont propres aux marchés français et belges où l’entreprise a déjà pu décrocher une trentaine de contrats, notamment auprès de promoteurs immobiliers. Mais le groupe en a bien conscience, les choses pourraient être différentes sur le marché marocain. «En raison notamment du moindre coût de la main-d’œuvre au Maroc en comparaison avec les marchés européens, l’économie de coût que pourrait induire notre procédé pourrait être moins importante», concède le patron de Ain Jemaa Construction. Les premières études font néanmoins ressortir une possibilité d’économie d’au moins 30% sur les chantiers locaux, avance-t-il.
Dans sa démarche de prospection du marché national, le groupe, qui assure que sa solution réunit toutes les conditions réglementaires pour une commercialisation au Maroc, a choisi d’abord d’entrer en discussion avec les plus grands acteurs de la construction et de la promotion, en vue de conclure des partenariats. Une attention particulière est accordée aux projets de moyen standing étant donné que ce segment appelle le plus d’effort d’optimisation lors de la construction pour en garantir la rentabilité, explique-t-on. Ceci sachant que le procédé de l’entreprise est déclinable sur tous les standings de logements. En effet, «l’habillage de l’ossature peut être enrichi en prestations (isolations…) pour proposer différentes standings, tout en sachant que la structure ne varie pas, quelle que soit la catégorie du projet», explique le management du groupe. Dans un deuxième temps, l’entreprise compte cibler les particuliers construisant leur maison. Dans la même lignée, l’opérateur s’intéresse de près aux propriétaires désireux d’effectuer des surélévations sur des constructions existantes. Le procédé de l’entreprise est en effet présenté comme une voie pour réduire les risques sur ce type de chantiers, étant donné que le rajout d’un étage au moyen d’une structure métallique n’amène qu’un supplément de poids de 5 tonnes, contre 30 tonnes pour les procédés classiques, certifie le groupe. La filiale locale, qui importera dans un premier temps ses éléments en acier pour les besoins de ses chantiers au Maroc, envisage par la suite de faire fabriquer ces pièces localement si elle trouve un accord avec un aciériste national. Dans l’immédiat, l’entreprise étudie avec les banques et les capital-risqueurs des montages financiers pour lancer son activité au Maroc.