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Affaires

La construction immobilière redémarre… et engendre une pénurie temporaire de ciment

Depuis la mi-avril, les cimentiers croulent sous les commandes et sont obligés d’appliquer le système de quota pour approvisionner les clients.
Pénurie de ciment signalée à  Fès, Casablanca, Settat et Agadir.
Les cimenteries ont augmenté leur rythme de production de 70 à  100%.

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Pour le marché du ciment, les mois se suivent mais ne se ressemblent pas. Après avoir connu un début d’année chaotique (jusqu’à -9% en février dernier), la lente reprise qui se dessinait à l’horizon pour les cimentiers est brusquement intervenue plongeant le marché dans une pénurie depuis la mi-avril. Et ce sont les promoteurs immobiliers qui ont été les premiers à en payer les frais. «Depuis une dizaine de jours, il est difficile d’acheter une grande quantité de ciment. Certains de nos fournisseurs ont même appliqué le système de quota pour satisfaire toutes les demandes», confie un promoteur à Fès. Mais la ville n’est pas la seule a être touchée par ce phénomène constaté également à Rabat, Casablanca, Settat et Agadir. Les cimentiers, qui confirment cette tendance, expliquent que la reprise soudaine du marché de l’immobilier, notamment en raison du plan de relance des logements sociaux qui a été adopté en décembre dernier, a totalement désorienté le marché et les stratégies de production des usines.

La demande progresse dans le Sud plus que dans le Nord du pays

«Le plan de relance des logements sociaux et le retour du beau temps ont amorcé et plus vite que prévu une forte reprise de la consommation du ciment à laquelle les cimentiers n’étaient pas préparés», explique un cimentier à Rabat. Même s’il confirme la pénurie, ce dernier insiste sur son caractère provisoire et assure que les choses entrent actuellement dans l’ordre puisque les usines sont passées à leur capacité maximale de production. «Pour plusieurs raisons liées à la reprise des chantiers, nous avons décidé de réorganiser la vente afin de satisfaire tous les clients sans pour autant exercer une pression sur les prix. D’ailleurs, même en pleine pénurie, les prix du ciment n’ont subi aucune augmentation», insiste le responsable commercial d’une cimenterie. Selon lui, les usines tournent actuellement à 100% de leur capacité installée contre un maximum de 70% au début avril.
Outre l’augmentation de la cadence de production des usines, les cimentiers ont également eu recours à la technique d’appoint qui leur permet d’aller chercher la production destinée à un marché où la demande est satisfaite pour la vendre sur un autre marché souffrant d’une pénurie. Une technique qui s’est avérée payante en raison de la disparité de la consommation du ciment dans les différentes régions du Royaume. En effet, une analyse des ventes du ciment en mars montre que la reprise ne concerne pas toutes les régions puisque certaines d’entre elles accusent un grand retard depuis le début de l’année. C’est le cas notamment de la région Tanger-Tétouan avec -27,1% de ventes enregistrées en mars dernier par rapport à la même période de l’année dernière. Doukkala-Abda, Chaoui-Ourdigha et Rabat-Salé-Zemmour-Zaër ont également souffert puisque ces régions affichent respectivement -13,9%, -9,6% et -6,5%. Les constructions reprennent en revanche dans le grand sud puisque la région de Oued-Ed-Dahab-Lagouira affiche une évolution de 25,3% suivie de Marrakech-Tensift-El Haouz avec une hausse de 10% des ventes en mars dernier et de Souss-Massa-Draâ (+2,2%).  
Provisoire ou pas, cette pénurie reste en tout cas une bonne chose pour les professionnels du secteur qui y voient un signal de reprise du marché. «Le secteur a beaucoup parlé ces derniers temps de la surcapacité de production avec les ouvertures de nouvelles usines et l’arrivé de nouvelles cimenteries. Mais la reprise soudaine montre bien qu’en cas d’embellie du marché de l’immobilier comme entre 2004 et 2007, toute nouvelle production ou augmentation ne constituera pas nécessairement une surcapacité pour le marché», ajoute le même responsable commercial.
Rappelons à ce propos que les cimentiers s’attendaient, début 2010, à une année très calme qui se solderait par une petite hausse de 1% avec une capacité de production annuelle de  18,2 millions contre 17,6 millions de tonnes en 2009. Reverront-ils leurs prévisions à la hausse ?