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La consommation d’électricité augmente de 8.5%, les importations favorisées
Les ventes d’électricité aux industriels ont augmenté de 8,7% sur les quatre premiers mois de 2011 et celles aux ménages de 7,7%. Pour satisfaire la demande, les importations à fin mai ont progressé en volume de 70%.
La reprise de l’activité économique sur les premiers mois de 2011, comme le montrent les estimations de croissance du Haut commissariat au plan (HCP), avec 4,5% de hausse du PIB non agricole et 4,6% du PIB global, transparaît nettement dans la consommation de l’énergie électrique. Celle-ci a en effet augmenté de 8,5% sur les quatre premiers mois de cette année par rapport à la même période de 2010 (glissement annuel). Par grands secteurs, ce sont les industries qui ont vu leur consommation progresser le plus, avec une hausse de 8,7% en glissement annuel. Pour l’ensemble de l’année 2010, la consommation des industriels avait augmenté, rappelons-le, de 5,3%.
Les ventes d’électricité aux ménages ont également évolué favorablement, enregistrant une croissance de 7,7% (8,1% pour l’ensemble de l’année 2010).
Pour satisfaire cette demande, l’ONE a dû recourir à l’importation, en raison notamment de la baisse de la production hydraulique. A fin mai 2011, les importations d’électricité en quantité ont en effet augmenté de 70% par rapport à la même période de l’année dernière. Ce faisant, les importations d’électricité, dans l’énergie injectée par nature de combustible, ont représenté près de 15% du total en volume. En revanche, la part de l’hydraulique, comme déjà indiqué, a beaucoup baissé : -55,3%. Cette baisse s’explique par deux considérations : d’une part, des considérations liées à des arbitrages économiques, le marché de l’électricité en Espagne présentant des opportunités d’achat très intéressantes (faible coût du kwh), et, d’autre part, le couplage de la production hydroélectrique et de l’irrigation. C’est pour cette dernière raison d’ailleurs que le ministère de l’énergie et des mines, confie un de ses responsables, est en train de développer un projet de découplage de la production hydroélectrique, c’est-à-dire libérer celle-ci des contraintes ou des considérations liées à l’irrigation. Ce projet, précise le même responsable, est conçu dans le cadre du programme Maroc Vert.
Importations d’électricité = sortie de devises ? Une hypothèse simpliste
Ainsi, avec la baisse de la part de l’hydraulique (10,65% au lieu de 24,63% à la même période de 2010) et la stabilisation de l’éolien (2,85% contre 2,68%) dans la production locale d’électricité (importations exclues) c’est le thermique, déjà prépondérant, qui a vu sa part augmenter de 72,69% à 86,50% (+ 19%). Dans le thermique, on trouve du fioul, très largement subventionné, du gasoil (utilisé, il est vrai, dans des cas exceptionnels, car trop onéreux), du charbon bien sûr et du gaz naturel. Mais la part la plus importante, et de loin, reste celle du fioul…«heureusement» soutenu par l’Etat. Car son prix, comme pour tous les autres produits énergétiques a augmenté (et la subvention d’autant).
Comme on l’explique au ministère de l’énergie et des mines, c’est précisément la hausse vertigineuse des produits énergétiques sur le plan international – le Maroc ayant sur ce plan un taux de dépendance encore élevé, 93 % – qui, davantage que les considérations liées à l’irrigation, a largement milité en faveur de l’importation de l’électricité. Le coût du kwh importé est en effet tellement compétitif par rapport à celui produit localement que cela valait le coup de le payer en devises. Précisons ici que ce choix de l’importation ne date pas d’aujourd’hui, c’est le cas depuis la construction puis le renforcement de l’interconnexion avec l’Espagne. De 362 ktep (kilo tonne équivalent pétrole) en 2002, le volume de l’électricité importée est passé à 1024 ktep en 2010, soit une hausse annuelle moyenne de 18,3%.
D’aucuns trouveront que dans la mesure où ces achats se font en devises, cela pèserait sur la balance commerciale. Un raisonnement qui n’est pas tout à fait correct : d’abord, l’électricité importée est généralement moins chère, surtout lorsque cela intervient dans le cadre d’un arbitrage économique ; ensuite, quand elle n’est pas importée, il faut la produire sur place mais avec des combustibles importés à des prix parfois exorbitants, comme c’est le cas aujourd’hui. C’est tout l’intérêt de l’interconnexion.
En fait, le seul moyen pour diminuer le taux de dépendance énergétique (d’ailleurs en baisse depuis 2008) et, partant, le poids de la facture énergétique, c’est de développer à une très grande échelle les énergies vertes (l’éolien, le solaire, la biomasse, la géothermie, en plus de l’hydraulique déjà existant), de rationaliser la consommation d’énergie et/ou de trouver du pétrole en multipliant les forages. Il faut dire que ces trois leviers ont été activés dans le cadre de ce que l’on a appelé la nouvelle stratégie énergétique nationale adoptée en mars 2009. Il faut rappeler qu’avec ses plans solaire et éolien, le Maroc ambitionne de porter à 42% la part des énergies renouvelables dans sa production d’électricité, d’ici 2020.
