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La consommation d’électricité a baissé de 2,1% en 2018

La baisse des ventes d’électricité a concerné les gros consommateurs alimentés en très haute et haute tension, en particulier. L’ONE a augmenté ses ventes sur le marché spot espagnol de 116,2% en 2018. Les importations d’électricité, en revanche, ont baissé de manière substantielle.

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Eau et electricite

On est bien loin des rythmes de croissance de 7% par an, en moyenne, enregistrée jusqu’en 2012 : après avoir ralenti depuis une demi-douzaine d’années, les ventes d’électricité ont carrément baissé (-2,1%) en 2018, selon la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) du ministère des finances. La DEPF précise que cette croissance négative est liée à un repli de 2,8% des ventes de l’électricité très haute, haute et moyenne tension et une légère augmentation (+0,2%) de l’énergie basse tension. Plus simplement, le recul des ventes concerne les gros consommateurs, comme le secteur industriel, tandis que la “petite” hausse touche surtout le secteur résidentiel.
Et cependant, cette évolution paraît quelque peu conforme au rythme de progression de l’activité économique de manière générale, du moins telle qu’elle est synthétisée dans l’agrégat principal qu’est le PIB, et dont l’augmentation en 2018 est limitée à 3%. Mais ce n’est pas tout : une partie du ralentissement, puis de la baisse de la consommation (limitée à l’année 2018) est probablement à mettre sur le compte de trois autres facteurs. Le premier, c’est l’achèvement du programme d’électrification rurale global (PERG). Avec un taux d’électrification aujourd’hui de 100% quasiment, la marge de progression n’est plus aussi importante qu’elle l’était au moment du démarrage du PERG en 1995. A cette date, le taux d’électrification rurale n’était que de 18%. Le deuxième facteur du tassement de la demande, c’est la baisse des acquisitions de logements, notamment sociaux ; et ceci pour des raisons liées à la fois à l’insolvabilité de la clientèle visée et à la localisation de ces programmes sociaux. Le troisième facteur, enfin, c’est probablement l’effet de l’utilisation à une échelle de plus en plus large des lampes basse consommation (LBC). Rappelons à ce propos que l’ONEE a installé 9 millions de LBC entre 2007 et 2017, et, aussitôt après, lancé un nouveau programme, INARA II, afin de poursuivre les actions de sensibilisation à la rationalisation de la consommation.
Pour autant, la marge de progression de la consommation n’est pas épuisée. Ce qui est épuisé, en fait, c’est la marge dans sa version ancienne. Il en existe encore, mais il faudrait alors franchir un nouveau palier dans le développement : plus de croissance économique, un plus grand accompagnement (notamment par les banques) dans l’accès au logement, davantage d’équipements ménagers, etc.

Utilisation avantageuse de l’interconnexion avec l’Espagne

Bref, la baisse des ventes d’électricité en 2018, on en trouve aussi la trace dans la “petite” croissance de l’énergie électrique nette appelée : celle-ci a augmenté de 0,2% au lieu de 5,1% en 2017. Là aussi, comme pour les ventes, le ralentissement a commencé en 2013, après une dizaine d’années de hausses soutenues. Conséquence du fort recul de l’énergie nette appelée, les importations d’électricité ont baissé de 38,5% à 3726 GWh en 2018, soit l’équivalent de 9,9% du total de l’énergie injectée dans le réseau au lieu de 16,3% en 2017. Mieux encore, ce relâchement de la demande a permis à l’ONEE de faire bon usage, si l’on peut dire, de l’interconnexion avec l’Espagne, en intervenant sur le marché spot du voisin ibérique «afin de valoriser au mieux le KWh produit par les moyens de production de l’office», comme nous le confie le directeur général de cet établissement, Abderrahim El Hafidi. Celui-ci précise à ce propos qu’entre le mois d’août 2018 et le 20 janvier 2019, l’ONEE a vendu sur ce marché espagnol quelque 220 000 MWh (ou 220 GWh) et l’essentiel de ces ventes (plus de 80%) ont lieu les week-ends, les jours fériés et la nuit, soit les moments où la consommation augmente généralement.
Sur l’ensemble de l’année 2018, les exportations d’électricité de l’office ont augmenté de 116,2% à 348 GWh (ou 348 000 MWh), après 19,8% en 2017.
A l’évidence, le solde entre les importations et les exportations est toujours négatif, mais avec la mise en service de la centrale de Safi depuis le 8 décembre 2018, ainsi que d’autres moyens de production, de sources renouvelables notamment (voir encadré), l’ONEE est à même d’utiliser l’interconnexion avec l’Espagne plus avantageusement que par le passé ; c’est-à-dire conformément à l’objectif initial assigné à cet ouvrage, qui est celui de l’arbitrage économique : acheter sur le marché spot espagnol quand le KWh est moins cher et vendre lorsqu’il se renchérit.
Pour l’instant, cependant, la capacité installée du pays, malgré sa progression (lente quand même), reste…modeste. Elle est à peu près l’équivalent de celle de la région PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur). Elle dépasse certes la capacité installée de la Tunisie (5300 MW) mais pas de beaucoup si l’on tient compte du fait que la population tunisienne représente juste un tiers de celle du Maroc.
Il reste que, en termes de tendance, les perspectives sont intéressantes, en particulier dans le domaine des énergies renouvelables.

Evolution des ventes d’électricité (%)

 

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[tab title= »10 000 MW additionnelles de sources renouvelables d’ici 2030″ id= » »]• La capacité électrique installée de sources renouvelables, selon le ministère de l’énergie et des mines, a atteint 2965 MW à fin 2018, portant la part des énergies renouvelables dans le mix électrique national à 35%. Des capacités additionnelles de l’ordre de 10 000 MW devraient être installées d’ici 2030, réparties entre le solaire, l’éolien et l’hydroélectricité.
• La centrale thermique de Safi, mise en service fin 2018 et fonctionnant au charbon propre, a une capacité installée de 1386 MW. Elle est en mesure de satisfaire un quart de la demande d’électricité du pays.[/tab]
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