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La circulaire obligeant les architectes à  ouvrir et suivre les chantiers bloquée

Trois mois après le drame de Kénitra, elle reste en attente de signatures.
La présence obligatoire de l’architecte pose quelques problèmes.

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A fin mars dernier et en réaction à l’effondrement, un mois plus tôt, d’un immeuble à Kénitra qui avait fait 16 morts et plusieurs blessés, le gouvernement, à travers les départements de l’habitat, de l’intérieur et de la justice, avait décidé de serrer la vis aux intervenants dans l’acte de bâtir.

L’idée était de mettre en place une circulaire obligeant les architectes à ouvrir physiquement les chantiers de construction et à les suivre de manière effective, en vue de s’assurer que les ouvrages soient conformes aux plans et que les normes de sécurité soient respectées. Mais voilà que, près de trois mois après le drame de Kénitra, le texte de la circulaire attend toujours d’être entériné au ministère de l’intérieur, avant de passer à l’Habitat puis à la Justice. Et ce n’est pas faute de consensus, comme c’était le cas il y a quelques semaines, mais plutôt pour des raisons de… disponibilité des signataires. «Tout est prêt, ce n’est plus qu’une question d’agenda des ministres», assure une source autorisée à l’habitat.

Pour rappel, cette nouvelle disposition législative obligera les architectes à se déplacer sur les chantiers afin d’en autoriser l’ouverture. Ceci est valable pour tous les projets de 150 m2 et plus. La mission de l’architecte inclut déjà le suivi des travaux, en plus de la conception des plans. Cependant, trop d’architectes n’assumaient pas cette partie de leur mission, déclarant ne pas avoir été informés de la date de démarrage des travaux par le promoteur. L’adoption de la circulaire tripartite devrait donc réduire considérablement le nombre de signatures de complaisance.

Une question se pose toutefois sur la façon dont les architectes pourront s’y prendre pour respecter les directives. En effet, les projets immobiliers situés dans des régions plus éloignées risquent d’être mis de côté par les architectes. «Evidemment, les architectes basés dans les grandes villes pourraient refuser de collaborer à des projets situés trop loin. Car la nouvelle circulaire impliquera des déplacements supplémentaires, et donc plus de frais», s’inquiète notre source. Mais il n’y a pas que ces soucis pécuniaires.

En effet, pour les cabinets d’architectes très sollicités, qui signent des dizaines de plans chaque semaine, comment faire pour ouvrir physiquement tous les chantiers ? Assistera-t-on à une redistribution du business selon les capacités réelles des uns et des autres ? Affaire à suivre…