Affaires
La CIMR confirme la pérennité de son régime au moins jusqu’en 2060
Elle compte près de 120 000 retraités pour environ 250 000 cotisants.
Le rendement moyen de ses placements augmente de 10% chaque année depuis 2004, soit le double du nécessaire requis.
La caisse prévoit de faire des placements dans des projets d’infrastructures.
Bonne nouvelle pour les pensionnés de la Caisse interprofessionnelle marocaine des retraites (CIMR). Le dernier rapport actuariel de 2008 confirme la pérennité du régime jusqu’en 2060, à tout le moins. Il faut préciser qu’il s’agit du sixième bilan actuariel du régime effectué depuis la mise en œuvre de la réforme de 2003. Un comité de pilotage avait été alors mis en place et chargé de faire le suivi régulier de la viabilité du régime.
Aujourd’hui, les ressources annuelles de la caisse atteignent 3,8 milliards de dirhams pour des prestations servies de 2,9 milliards de DH. Selon les projections du comité de pilotage, les réserves de prévoyance du régime s’élevaient à fin 2008 à 14 milliards de DH et devraient atteindre 24 milliards en 2040 et 70 milliards en 2059. Voilà ce qui doit rassurer les bénéficiaires du régime de la CIMR. Le bilan actuariel de 2008 montre, comme les autres évaluations antérieures, que le régime reste pérenne mais que sa pérennité ne s’affirmera dans le temps que s’il y a une évolution régulière du nombre d’actifs cotisants et d’un rendement adéquat du portefeuille financier.
Actuellement, le nombre de retraités de la CIMR s’élève à 118 157 et alors que les cotisants actifs sont au nombre de 247 329. Ces derniers doivent augmenter de manière soutenue afin de garantir la viabilité du régime. Ce qui est acquis selon les projections actuarielles de la CIMR qui se basent sur une évolution annuelle de 0,5 % de la population des cotisants, alors qu’en réalité la croissance du nombre des cotisants est beaucoup plus importante. Elle a été de 2,6 % en 2008 par rapport à 2007.
Outre les projections actuarielles qui rassurent les retraités sur la viabilité du régime, il importe de préciser que le changement des statuts de la Caisse interprofessionnelle marocaine des retraites (elle a actuellement le statut d’association) et son instauration en tant que régime obligatoire permettront l’augmentation du taux de remplacement (rapport entre la pension de retraite mensuelle et le dernier salaire avant la retraite) qui pourrait alors passer de 30 % à 70 % ou même 80 %. Un taux bien entendu conditionné par plusieurs paramètres dont la valeur du point, les taux de cotisations mais également les variations des espérances de vie. Il faut noter que le dernier rapport actuariel fait état d’une espérance de vie, atteignant 74 ans pour les femmes et 71 ans pour les personnes de sexe masculin.
La politique de placement profondément revue
En attendant le changement de statut. Toute association qu’elle soit, la caisse présente de bons indicateurs de gestion. Le résultat financier pour 2008 se monte à 1,226 milliard de DH, soit une progression de 4,16 % par rapport à 2007. Il est légèrement supérieur aux prévisions qui portaient sur 1,219 milliard de DH. Ce bénéfice fait ressortir un rendement du portefeuille global de 9,2 %. Ce dernier indicateur progresse en moyenne de 10 % depuis 2005. «Un niveau nettement plus élevé que les 5 % de rendement financier que requiert la CIMR pour être pérenne», se félicite Khalid Cheddadi, son directeur général. Seule ombre au tableau, l’impact de la morosité économique.
A fin 2008, la performance globale des placements a reculé de 4,3 % à cause de la contre-performance enregistrée sur les placements en actions. C’est que la CIMR a bien pâti de la conjoncture boursière défavorable, que ce soit au Maroc ou à l’étranger.
A la Bourse de Casablanca, son portefeuille action s’est déprécié de 7,6 %. Cette évolution est cependant moins catastrophique que celle du marché puisque ce dernier à accusé une baisse de 13%. A l’international, on s’en doutait, la valeur de ses placements en actions a fondu de 37 %. Dès lors, le management a revu sa politique d’investissement pour que le portefeuille action ait une structure plus équilibrée. Dans le même esprit, les participations détenues dans les fonds étrangers ont été intégralement cédées. Plus globalement, la caisse veille à diversifier davantage ses investissements. Par exemple, l’allocation stratégique, en valeur marché, réservée aux actions, qui s’établissait à 68 % début 2008 a été ramenée à 46 % en fin d’année. Elle est retombée à 43 % en février 2009.
De même, 4 nouvelles classes d’actifs ont été introduites dans le portefeuille d’investissement. A noter enfin qu’une attention particulière devrait être accordée aux investissements dans les infrastructures. L’objectif est de porter la contribution de ce type d’investissement à 10 % de la performance, sachant qu’il y contribuait à 6 % à fin 2008. A ce titre, M. Cheddadi confie que des contacts ont déjà été établis. L’idée est de prendre part à des projets d’envergure, notamment dans le domaine de la distribution d’eau et d’électricité.
Enfin, une charte financière, fruit d’une réflexion de 2 ans, a été mise en application au début de l’année. Cette charte fixe les règles de détermination des objectifs et choix stratégiques ainsi que le mode de gouvernance de la caisse. Un moyen de mieux encadrer sa gestion financière qui se traduira pour la période allant de 2010 à 2015 par un investissement net de 10 à 12 milliards de DH.