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La bourse continue de profiter de l’embellie de l’économie

Les investisseurs anticipent une orientation favorable des réalisations des sociétés cotées en 2021. L’arbitrage se fait toujours en faveur de l’action, grâce aux taux obligataires bas. Il est important de lier l’optimisme à la prudence dans un contexte de hausse du prix de l’énergie et de souplesse monétaire.

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La Bourse de Casablanca a bien entamé l’année 2022. Elle s’est inscrite sur le même trend haussier de 2021 où elle avait clôturé l’année avec une performance de 18,3%. Après une progression de 4% à fin janvier, le MASI a affiché, le 9 février, une hausse de 4,4%. Selon BKGR, le marché profite de l’anticipation toujours favorable des investisseurs quant à l’orientation des réalisations 2021 des sociétés cotées. D’autant que l’arbitrage se fait toujours en faveur de l’action, dans un contexte de taux obligataire bas. Ce qui pousse les investisseurs à y renforcer davantage leurs positions.

Les facteurs qui avaient contribué à améliorer le comportement du marché actions continuent de prévaloir. Effectivement, l’effet du redressement de la situation économique, combiné à l’appréciation de la situation sanitaire ont favorisé la progression du marché. Ajouter à cela, la quasi-stagnation à des niveaux bas des taux d’intérêt et les bonnes perspectives économiques des activités secondaires et tertiaires, qui se profilent cette année.

Ainsi, de par la dynamique de la croissance interne et de la reprise des exportations, la situation économique devrait continuer à s’améliorer et se refléter ainsi sur la tenue du marché actions. Toutefois, il est des facteurs qui peuvent amener les spécialistes à réactualiser leurs prévisions et les revoir ainsi à la baisse, notamment celles relatives à la croissance économique. «Il s’agit notamment du PIB agricole qui devrait ressortir en repli consécutivement à l’état de sécheresse qui semble se confirmer. Heureusement que le Maroc a diversifié, ces dernières années, ses sources de croissance économique et ne dépend plus en grande majorité de l’agriculture», nuance ce professionnel du marché. Si ce volet pourrait affecter la croissance économique, il est un autre élément dont les répercussions pourraient être fâcheuses et qui commencent à se faire sentir : «La hausse des prix de l’énergie. Avec un cours du pétrole qui a dépassé les 90 dollars le baril, les prix à la pompe sont sur une pente haussière depuis plusieurs semaines. Ce renchérissement aura un effet tache d’huile sur toute l’économie. Ce qui, à la longue, affectera le coût de l’électricité, de la logistique, du transport…., et par conséquent, la consommation des ménages», ajoute-t-il. Plusieurs éléments favorables plaident pour la poursuite de l’embellie entamée depuis l’année dernière tant sur l’économie marocaine que sur la Bourse de Casablanca. Mais il n’en demeure pas moins important d’être prudent, quand bien même l’optimisme serait de mise.

Dans ces conditions, certains secteurs dits défensifs devraient continuer à enregistrer une croissance favorable dont l’agroalimentaire et la distribution. De leur côté, les banques et les sociétés financières devraient bien s’en sortir cette année, également. Leur activité devrait être portée notamment par la reprise de la demande sur le crédit, en phase avec le redressement de la consommation interne. Cependant, les analystes scrutent le prochain conseil de Bank Al-Maghrib. «Un resserrement monétaire devrait briser ce rythme de progression du financement à l’économie. Ce qui devrait affecter la capacité des établissements de crédits à distribuer des crédits et partant leur marge d’intérêt», à moins que la création du marché secondaire des créances en souffrance soit effective cette année. Au-delà de cela, une éventuelle hausse devra contribuer à relever les taux obligataires, qui deviendraient intéressants en termes de rendement sans risque. Du coup, les investisseurs devraient encore une fois arbitrer entre ces deux marchés (actions et obligataires) pour leurs placements financiers.

Le secteur des BTP devrait bien se porter aussi, grâce à la reprise attendue des chantiers lancés par le gouvernement. D’ailleurs, la consommation du ciment ressort à fin janvier en hausse de 8,8% à 1,12 million de tonnes par rapport au même mois une année auparavant. Cependant, s’il y a des secteurs qui pourraient encore connaître des jours sombres, c’est bien l’immobilier et les concessionnaires automobile. En effet, dans la mesure où aucune stratégie de relance du logement n’a été définie et aucune mesure incitative édictée, le secteur devra continuer à souffrir de manque de dynamisme. Pour sa part, l’activité de concession automobile devra, elle aussi, continuer à subir les contrecoups de cette crise des semi-conducteurs et qui, selon des spécialistes, ne devrait prendre fin qu’en début de 2023.

En attendant des changements dans les prévisions de croissance qui tiendront compte de plusieurs variables dont la composante agricole, la poursuite (ou non) de la hausse des prix de l’énergie, le resserrement (ou non) des conditions sanitaires…, le marché actions continue d’évoluer dans un contexte plutôt souple. Cela devrait durer, aux dires des analystes, au moins jusqu’à la fin du 1er trimestre. Dans l’ensemble, la progression du marché devrait s’essouffler légèrement, sans pour autant tomber en territoire négatif. Rappelons que la société de bourse MSIN a prévu une performance annuelle comprise entre 5% et 10%.