Affaires
La barre des 3 millions de salariés déclarés à la CNSS enfin atteinte !
Le nombre de salariés déclarés à la CNSS a augmenté de 4,3% en 2014 n Avec l’entrée en vigueur en juillet dernier de la première tranche d’augmentation du SMIG, le nombre de «smigards» représente 43,4% de l’ensemble des salariés déclarés contre 38,9% en 2013. 6,4% des déclarés seulement perçoivent un salaire égal ou supérieur à 10 000 DH.

Enfin, le nombre de salariés déclarés à la CNSS approche les 3 millions de personnes ! Il manque encore 4 274 salariés pour faire le chiffre rond de 3 millions de déclarés, mais ne chipotons pas trop…
Ce chiffre, fourni par la Caisse nationale de sécurité sociale au titre de 2014, représente une hausse de 4,3% par rapport à 2013 et de 76,2% par rapport à 2005. Ce n’est pas mal comme progression, même si, rapportée à la population active occupée, cette statistique ne représente que 27,9%. C’est vrai, il ne s’agit ici que de salariés du secteur privé, mais on sait aussi que le salariat, à l’échelle nationale, tous secteurs confondus, représente près de 44% de la population active occupée. Il y a donc entre ces deux chiffres un écart de 16 points que les salariés du secteur public (1,2 million tout au plus) ne peuvent pas totalement couvrir.
Cette situation peut aisément s’expliquer. Le Haut commissariat au plan (HCP) réalise ses enquêtes sur l’emploi sur la base des déclarations des personnes faisant partie de l’échantillon. Il peut arriver, il arrive même souvent qu’un travailleur se déclare salarié au moment du passage des enquêteurs du HCP, alors même que son employeur ne l’a pas déclaré à la CNSS. Du coup, les chiffres sur le salariat du HCP forcément ne peuvent pas se refléter totalement dans ceux de la CNSS. Une partie se perd dans ce phénomène bien connu qu’est l’informel. Dans le BTP, par exemple, il y a beaucoup de salariat, recensé en tant que tel par le HCP, mais tous les salariés de cette activité ne sont pas déclarés à la CNSS. De ce point de vue, il n’est pas surprenant de constater que le BTP concentre le plus fort taux de sous-emploi : 17,2% au troisième trimestre de 2014, quant au niveau national il n’est que de 10,6%. Et c’est ainsi depuis longtemps; si bien que le sous-emploi dans le BTP reste toujours supérieur à 15%.
Tout cela pour dire qu’il y a encore de la marge pour augmenter les déclarations à la CNSS, donc les cotisations et, au bout, améliorer la viabilité du système.
On le sait, la caisse s’y emploie et obtient des résultats, mais il lui faudra sans doute une armée d’enquêteurs pour réduire à sa plus simple expression le phénomène de l’évasion sociale.
93,6% des salariés touchent moins de 10 000 DH par mois
Autre évolution qui ressort des statistiques de la CNSS, 43,4% des salariés déclarés en 2014 perçoivent un salaire égal ou inférieur à 2 450 DH par mois, soit le montant du SMIG mensualisé après la hausse de 5% appliquée en juillet 2014 (la deuxième tranche de l’augmentation du SMIG, 5%, étant prévue pour juillet 2015). En 2013, la part des salariés touchant un salaire égal ou inférieur au SMIG était de 38,9%. La population de “smigards” augmente donc de 4,5 points ; un effet quasi-mécanique puisqu’en 2013 le SMIG était encore à 2 334 DH le mois (en termes mensualisés toujours).
En juillet prochain, la population des “smigards” va sans doute augmenter encore un petit peu avec l’entrée en vigueur de la deuxième tranche de la hausse du SMIG. Cela montre la modicité des salaires distribués – du moins déclarés – dans le secteur privé. Selon les données de la CNSS, en effet, 87,2% des salariés déclarés en 2014 perçoivent moins de 6 000 DH par mois, soit, à une décimale près, la même proportion qu’en 2013. Ils sont encore 93,6% à toucher moins de 10 000 DH par mois; pareil qu’en 2013 là encore (93,7%). En 2005, cette proportion était de 90%.
Les salariés percevant entre 6 000 DH et 10 000 DH ne sont, eux, que 6,4% contre 6,2% en 2013. Même proportion pour ceux qui touchent 10 000 DH et plus par mois.
Mais que cache cette faiblesse des salaires dans le privé? Est-ce le résultat de la sous-déclaration ? Celle-ci, pour se répéter, existe bel et bien, mais elle ne semble pourvoir expliquer tout. Il y a sans doute aussi quelque chose à rechercher dans la structure de l’économie. Au Maroc, c’est bien connu, la compétitivité est encore assise sur le facteur main-d’œuvre, et cela explique la faible intensité technologique que contiennent les produits fabriqués ici. Et un contenu technologique faible est une indication de la faiblesse de l’encadrement dans les entreprises et, au-delà, de la recherche développement. C’est pourquoi la croissance au Maroc, c’est d’abord l’affaire du secteur tertiaire. L’industrie a même vu sa part dans le PIB diminuer à 13/14%…
