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La Banque Populaire réussit une belle incursion dans le factoring
Après seulement deux années pleines d’activités, la banque revendique déjà 25% de parts de marché avec 8 milliards de DH de créances remises par an. Le groupe vise 20 milliards de DH de volume d’activité dans 3 à 4 ans.

A peine deux ans après le démarrage de son activité de factoring, le groupe Banque Populaire revendique déjà plus du quart du marché domestique. «La banque a drainé 8 milliards de créances remises en moyenne par an en 2012 et 2013, pour un encours maintenu sur la période autour de 1,5 milliard de DH», chiffre d’emblée Hicham Benaddi, directeur factoring au sein de la BP. Pour situer ces réalisations par rapport au secteur, selon les données circulant parmi les professionnels, le leader du marché, Attijari Factoring, filiale d’Attijariwafa bank, génère une production autour de 10 milliards de DH de remises de créances. Suivent Maroc Factoring, filiale de BMCE Bank, et la direction factoring de BMCI dont l’activité est estimée actuellement entre 6 et 7 milliards de DH chacune. Vient enfin Société Générale dont le volume d’affaires est évalué à 1 milliard de DH. Au total, la production de tout le secteur dépasse actuellement 30 milliards de DH. Un chiffre entouré cependant d’approximation car si les filiales spécialisées dévoilent leurs réalisations au sein de l’Association professionnelle des sociétés de financement (APSF), les départements factoring des banques se montrent encore avares en informations.
Quoi qu’il en soit, la banque du cheval a réussi son incursion «en misant dès le départ sur les grands comptes, sachant que la clientèle englobe aujourd’hui aussi des PME ainsi que du middle market», explique-t-on auprès du groupe. Quasiment tout ce courant d’affaires est pioché dans le portefeuille clients déjà constitué. En effet, plus de 90% des opérations sont générées par le réseau du Crédit Populaire du Maroc. Au passage, cela fait que la montée en puissance de la BP sur l’affacturage ne s’est pas faite en grignotant des parts de marché à la concurrence mais en élargissant l’activité du secteur.
Afin de capitaliser rapidement sur son portefeuille de clientèle entreprise, le groupe a opté pour un traitement en interne des opérations de factoring au lieu de constituer une filiale dédiée, comme c’est le cas pour Maroc Factoring et Attijari Factoring. «De la sorte, il n’y a pas de cannibalisation entre les produits de financement court terme (crédits de trésorerie) de la banque et les possibilités de financement qu’offre le factoring, ce dernier faisant office de solution d’appoint et complétant naturellement le catalogue du réseau», justifie-t-on auprès du groupe. «Cette organisation permet également de profiter systématiquement de la connaissance accumulée par le groupe en termes de profil de risque clientèle», ajoute M. Benaddi. Cette structure a enfin l’avantage d’octroyer plus de marge de développement à l’activité. En effet, les engagements pris au titre de l’activité d’affacturage doivent rester contenus dans une certaine proportion de fonds propres (ratio de solvabilité), tout comme pour n’importe quelle autre activité de financement. «Le fait de s’appuyer sur les fonds propres de la banque, et non sur ceux d’une filiale nécessairement moins importants, accroît forcément les possibilités de croissance de l’activité», argumente le management de BP.
Des tarifs alignés sur ceux du crédit court terme classique
Pour compléter l’intégration de son activité factoring, le groupe aligne la tarification de cette prestation sur celle des lignes court terme classiques. Ainsi, le financement par avance que permet le factoring est proposé au plus à 7% et est susceptible de baisser en fonction de la qualité du risque client, tout comme les crédits de trésorerie. A cela s’ajoute une commission d’affacturage négociable de 1% sur le chiffre d’affaires acheté, rémunérant le service de recouvrement et la garantie de non-paiement (garantie contre le risque de défaillance du débiteur) qui constituent les deux autres prestations de base de l’affacturage.
Les filiales spécialisées reprochent aux départements de banques dédiés au factoring de dénaturer le métier en mettant systématiquement l’accent sur le financement par avance. Mais la BP insiste sur une commercialisation de ses solutions par package. «Nous n’offrons pas de financement par avance seul, de même que nous ne proposons ni garantie de non-paiement ni service de recouvrement pris chacun séparément», garantit M. Benaddi.
Pour la suite, le groupe semble nourrir de grandes ambitions pour son activité factoring. L’objectif est de parvenir à 20 milliards de remises de créances sur les 3 à 4 prochaines années. De la sorte, le factoring parviendrait à une part de 5% des financements court terme distribués par la BP contre 2% actuellement. Cela devrait se faire, entre autres, en élargissant le catalogue de prestations au confirming que la banque compte investir fermement en 2014.
