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Initiative AAA : le Maroc fait du lobbying pour l’agriculture africaine

La Banque mondiale est impressionnée par les résultats du Plan Maroc Vert. Deux projets engagés dans le cadre de l’Initiative AAA bénéficieront à plus de 60 000 personnes.

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Triple A

Le Maroc compte sur le soutien de la Banque mondiale pour l’accompagnement de la nouvelle stratégie du secteur agricole. L’annonce en a été faite par le ministre de l’agriculture Aziz Akhannouch, à l’issue des entretiens qu’il a eus en début de semaine avec le directeur du département Maghreb et Malte au sein de la BM, Jesko Hentschel. Le Maroc, affirme le ministre, considère d’ailleurs la BM comme un partenaire engagé et fiable, qui a fortement accompagné le secteur agricole et le Plan Maroc Vert (PMV) depuis son lancement. Pour sa part, le responsable de la BM s’est dit très impressionné par les résultats du PMV avec des investissements considérés comme les plus grands du genre dans la région dans le secteur agricole, tout en saluant le cap stratégique pris grâce au PMV et les orientations mises en œuvre par ce Plan. La rencontre du ministre avec le responsable de la Banque mondiale a eu lieu en marge de la 2e Conférence ministérielle annuelle de l’Initiative africaine d’adaptation aux changements climatiques (Initiative AAA), tenue les 4 et 5 novembre à Benguerir.
Cette conférence d’envergure internationale a réuni les ministres et représentants de gouvernements africains, d’institutions financières internationales (Banque mondiale, FAO, BAD), de donateurs, du secteur privé, d’universités et de scientifiques. Selon les organisateurs, 28 délégations dont 20 ministres africains et d’éminents scientifiques y ont notamment pris part. Dans son intervention lors de cette conférence, le ministre de l’agriculture a appelé à la mobilisation des ressources nécessaires pour porter les projets d’adaptation de l’agriculture au rang des priorités. «Les défis auxquels l’Afrique est confrontée face au changement climatique sont énormes, nécessitant ainsi de renforcer rapidement et de manière tangible le financement de l’adaptation au changement climatique en faveur de l’Afrique», a notamment souligné M. Akhannouch.

Selon le ministre, «les effets néfastes du changement climatique font peser de lourdes menaces sur la sécurité alimentaire déjà fragile en Afrique, et impactent en particulier la petite agriculture, l’agriculture vivrière et les populations les plus vulnérables». Il a ainsi relevé que le coût d’adaptation au changement climatique, pour l’Afrique seule, représente 7 à 15 milliards de dollars par an d’ici 2020 et pourrait atteindre 35 milliards de dollars d’ici 2050 et 200 milliards de dollars d’ici 2070, même en supposant un réchauffement stabilisé en dessous de 2°C.

Apporter une réponse innovante et concrète aux défis posés par le changement climatique en Afrique

Cependant, assure le ministre, «le potentiel agricole de notre continent est énorme. Nous devons le valoriser pour une prospérité partagée et cela est d’autant plus nécessaire que le secteur agricole est le premier employeur de notre jeunesse». En effet, l’agriculture est un secteur vital pour le continent. Elle emploie 70% de la main-d’œuvre et représente plus de 25% du PIB. Face à cela, l’enjeu de la sécurité alimentaire en Afrique est confronté à une forte évolution démographique. La population est en effet appelée à dépasser les 2 milliards de personnes d’ici 2050, «d’où l’impératif de renforcer le financement de l’adaptation au changement climatique en faveur du continent». C’est justement pour cela que l’Initiative Triple A, constitue une réponse innovante et extrêmement concrète aux défis communs posés par les changements climatiques, souligne le ministre. L’Initiative AAA vise, en effet, à apporter une réponse innovante et concrète aux défis posés par le changement climatique en Afrique, en mobilisant les connaissances internationales et les ressources intellectuelles et financières. Lancée et portée par le Maroc durant la COP22 en 2016, l’initiative a pour ambition de réduire la vulnérabilité de l’agriculture dans le continent face aux changements climatiques. Elle se distingue par une démarche pragmatique orientée vers la promotion de projets à fort potentiel au bénéfice des peuples africains et le financement de projets prioritaires de nature à lutter contre les impacts des changements climatiques sur l’agriculture en Afrique, tout en assurant la sécurité alimentaire de tous les Africains.

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[tab title= »Triple A au Maroc » id= » »]Au Maroc, deux projets sont en cours de mise en œuvre dans le cadre de cette initiative. Ils sont financés par des dons levés par l’Agence pour le développement agricole dans le cadre de son accréditation auprès de deux fonds d’adaptation et le Fonds vert pour le climat. Le premier projet concerne l’adaptation au changement climatique dans les zones oasiennes et ce, au profit d’environ 40000 bénéficiaires. Le deuxième projet porte sur le développement de la filière de l’arganier dans trois régions vulnérables du Maroc (Souss-Massa, Marrakech-Safi et Guelmim-Oued Noun). Ce projet, qui cible plus de 26 000 bénéficiaires, joue un rôle à la fois d’adaptation au changement climatique et d’atténuation des gaz à effet de serre, et contribue aussi à la réalisation des objectifs des engagements pris par le Maroc dans le cadre des «Conditions déterminées au niveau national» (NDC).[/tab]
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[tab title= »La Fondation AAA  » id= » »]La Conférence annuelle des ministres AAA, dont la deuxième édition vient de se tenir au Maroc, s’inscrit dans l’agenda de la Fondation AAA. Créée en janvier 2019, celle-ci constitue un organe consultatif chargé d’identifier les programmes d’action nécessaires pour parvenir à l’adaptation de l’agriculture africaine aux changements climatiques. La Fondation Initiative TripleA, présidée par Aziz Akhanncouh, compte parmi ses membres des ministres, d’éminents représentants de la communauté scientifique, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. Elle a pour mission, entre autres, de défendre la cause de l’agriculture africaine, de constituer dans ce sens une force de proposition auprès des pouvoirs publics africains, de fournir des services d’assistance, de conseil, d’expertise, d’évaluation, d’audit et d’inspection en rapport avec l’adaptation de l’agriculture africaine aux changements climatiques et toutes les questions stratégiques qui y sont liées.[/tab]
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