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«Il y a un ralentissement général dans le segment de l’immobilier d’entreprise»

Casablanca et Rabat continueront de concentrer la plus grande partie de l’offre immobilière d’entreprise. Le taux de vacance dans ces deux villes est respectivement de 7% et 11% n Forte hausse de l’offre dans la région de Kénitra.

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Charif Houachmi

La demande a sensiblement baissé dans le segment de l’immobilier d’entreprise en cette période de rentrée. Selon Mohamed Charif Houachmi, directeur associé de Business Realties et président de l’Observatoire de l’immobilier d’entreprise (OIE), cette situation découle du ralentissement de l’économie. Dans cette interview, il revient plus en détail sur les difficultés que traverse le secteur et son avenir.

Quel effet de la publication du Profit Warning d’Addoha sur le secteur de l’immobilier en général et sur l’immobilier d’entreprise en particulier ?
C’est une première. La presse a relayé des informations au sujet de la chute des valeurs boursières de la composante immobilière. Il est vrai qu’il y a eu précédemment d’autres cas où des profits warnings ont été publiés, mais il faut rappeler que cela survient après les annonces positives concernant le projet stratégique «Priorité Cash 2020» d’Addoha. Dans le secteur de l’immobilier, le résidentiel tire le marché vers le haut. Et quand le leader national du social, le plus important des segments immobiliers, annonce un profit warning, tout le secteur est impacté. En ce qui concerne le moyen standing, il n’existe pas encore de programme qui peut intéresser les promoteurs. Ce segment n’est pas rentable vu la cherté du foncier et la stabilité des coûts de construction. En tout cas, il y a un ralentissement général dans le secteur, dû à un ralentissement global de l’économie de laquelle l’immobilier d’entreprise n’est pas isolé.

Quelle liaison entre cette conjoncture et l’immobilier d’entreprise ?
La création de richesse se répercute sur le développement des lieux de travail (bureaux, immobilier industriel, etc.) et le lien a toujours été celui de la consommation. En gros, l’économie ne produit pas actuellement assez de richesse pour impulser un secteur comme l’immobilier d’entreprise qui n’est que le reflet de cette économie. Donc, le fait que le secteur stagne maintenant n’est qu’un signe de la santé de l’immobilier et de l’économie de manière générale. C’est ce qui fait de l’immobilier de l’entreprise un secteur particulier.

Est-ce que cette stagnation risque de se prolonger ?
La stagnation, enregistrée cette année, intervient après une embellie qui a duré longtemps. Actuellement, les promoteurs ont jugé opportun de ralentir la production car il n’y a tout simplement pas de demande. En rétrospective, on a toujours dit que l’offre était abondante mais la vérité est qu’une grande partie de cette offre est inadaptée à la demande. Dans plusieurs cas, le résidentiel était et est transformé en immobilier d’entreprise. Pour limiter l’effet de cette stagnation, il faut que l’offre soit adaptée à la demande le plus possible. A ce propos, il est important de signaler que certains grands projets, comme l’aéroport d’Anfa, sont un laboratoire pour tester l’offre et la demande.

Dans quel sens ?
Casa Anfa, dotée d’un Master Plan, dispose d’une superficie de 350 hectares au centre de la capitale économique. Tout le projet peut nous offrir un «laboratoire» d’immobilier et d’immobilier d’entreprise surtout que les premiers projets vont être bientôt livrés et les immeubles habités. Je pense que c’est l’événement de la rentrée et le vrai laboratoire urbain de Casablanca. Toutes les parties prenantes de ce projet ont eu une chance d’utiliser de nouveaux modèles.

Peut-on parler de la notion de «rentrée» dans un secteur comme l’immobilier d’entreprise ?
Dans ce secteur, c’est à partir de la rentrée que les décisions stratégiques commencent à être prises, en prévision de la fin d’année. La rentrée coïncide avec le dernier trimestre où les groupes préparent leurs conseils d’administration, les budgets de l’année suivante, les recrutements, etc. La rentrée boucle un cycle qui est différent de celui de l’immobilier qui dépend, lui, des rentrées d’argent des consommateurs finaux.

Qu’en est-il du taux de vacance en cette période de l’année ?
Ce taux est calculé sur une année. Mais il baisse au dernier trimestre après avoir augmenté au cours du troisième trimestre. Il est très difficile de calculer un taux de vacance au cours d’un trimestre ou de la rentrée. En tout cas, à Casablanca, ce taux avoisine les 7%. Tenant compte du nombre important de projets qui viennent d’être livrés, notamment à Hay Riyad, il est de 11% à Rabat. Cela nous renvoie à un aspect très important de ce secteur. Les livraisons des projets doivent prendre en compte le cycle de l’immobilier d’entreprise. Cela peut être considéré comme une perte que de livrer un projet pendant l’été, en période creuse.

Les deux villes de Casablanca et Rabat continueront-elles à accaparer la part du lion de l’offre d’immobilier d’entreprise ?
Je pense que oui, mais en matière d’immobilier industriel, on assiste à une montée en puissance de la ville de Kénitra après l’installation de PSA et tout son écosystème, y compris les activités annexes et les services. Cela nous rappelle ce qui s’est passé à Tanger. Kénitra est en train de combler le vide qui existait entre ces trois villes. La ville du détroit a connu une excellente réhabilitation de son tissu urbain. Par ailleurs, je pense que la ville d’El Jadida dispose de nombreux atouts pour se transformer en un pôle d’immobilier d’entreprise. Globalement, la demande reste timide en dehors de Casablanca et Rabat mais ça ne saurait tarder. Les coûts dans ces deux villes commencent à devenir exorbitants.