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Affaires

Il se voyait pilote, il sera ingénieur des travaux publics et s’occupera de pêche

Lui rêvait d’être pilote d’avion, ses parents voulaient qu’il soit médecin.
Ingénieur de l’école spéciale des travaux publics de Paris, en 1987, son premier salaire au LPEE sera de 4 500 DH, moins que la bourse d’étude dont il avait bénéficié en France
Après le LPEE, le CID et l’OFPPT, il entre dans le secteur maritime à  l’ONP, en 1997
A peine arrivé au ministère de la pêche, en 2005, on lui confie les difficiles négociations avec l’Union Européenne.

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Del’esprit, de la prestance et, pour ne rien gâcher, de la modestie à en revendre. Mohammed Tarmidi, secrétaire général du département de la pêche maritime, est un bel exemple de technicien reconverti avec bonheur dans la gestion des hommes puis des dossiers délicats. Ce n’est certainement pas par hasard qu’il occupe ce poste-clef.

Ingénieur des travaux publics, spécialisé dans les barrages, il s’est orienté vers la gestion des ressources humaines, un peu sans s’en apercevoir. Ce qui est sûr, c’est que cela lui réussit bien. Si bien qu’un peu plus d’un mois, à peine, après son arrivée au ministère de la pêche, il se voit confier le poste de négociateur en chef des accords de pêche avec l’Union européenne, en 2005. Mais il n’était pas novice, loin s’en faut, puisqu’il arrivait de l’Office national des pêches (ONP).

Son parcours témoigne du besoin pressant de compétences que l’administration a ressenti et su attirer, non en passant par des réseaux, mais par des appels à candidatures, en toute transparence.

Mais revenons en arrière. Mohammed Tarmidi naît à Rabat en 1963, dans une famille moyenne de quatre enfants dont il est l’aîné. Le papa, militaire de carrière, gravit les échelons à coup de stages et de travail acharné, et la maman est femme au foyer. Autant dire que le jeune Mohammed connaît d’emblée la rigueur mais aussi l’autonomie, et sûrement la grande capacité d’adaptation qui sera toujours la sienne.

Un acteur essentiel dans la modernisation de l’Office des pêches
Comme beaucoup de jeunes de sa génération, il rêve de devenir pilote. Sa famille, elle, le voulait médecin. Sa passion pour les mathématiques va en décider autrement. Mais il a aussi de la chance car, élève de la Mission, un peu par un heureux hasard, il choisit les prépas du lycée Lyautey, après un bac «C» obtenu avec mention, en 1982.

Sa voie est désormais tracée. Il s’inscrit à l’Ecole spéciale des travaux publics de Paris, dont il sort ingénieur d’Etat en 1987. Mais Mohammed Tarmidi a un côté perfectionniste et il veut confronter les connaissances théoriques et la pratique.

Il suivra donc des formations complémentaires à l’université Pierre et Marie Curie et au Centre des hautes études de construction. Il va alors quitter Paris pour Casablanca. Il se retrouve au Laboratoire public d’essais et d’analyses (LPEE) où il est recruté en qualité d’ingénieur spécialisé. Son premier salaire est de 4 500 DH alors que, durant ses dernières années d’études, sa bourse se montait à l’équivalent de 6 000 DH.

C’est peut-être pour cette raison qu’il ne restera que quelques mois à son premier poste. Il se voit en effet proposer un poste de chef de service à l’Office de la formation professionnelle et de la formation au travail (OFPPT), où l’on doublera son salaire avec la mission de mener à bien l’encadrement de la construction des premiers centres de formation.

Cependant, là aussi, le jeune Mohammed va très vite se sentir quelque peu à l’étroit. «Je crois également qu’au début, je me cherchais, comme tout le monde». Et c’est au bureau d’études Conseil, ingénierie et développement (CID) qu’il se sentira enfin dans son élément.

Entre 1989 et 1997, il suit les études préparatoires à la construction de barrages d’envergure, comme le barrage Hassan II, ex-El Ghrass, qui a nécessité une enveloppe de 500 MDH.

Il va également mettre en place un système d’information technique d’aide à la décision pour les ingénieurs, une base documentaire de référence pour les calculs dans la construction d’ouvrages.

C’est un appel à candidatures qui lui fera alors prendre le chemin de l’Office national de la pêche, dirigé à l’époque par Toufik Ibrahimi. Ce dernier, qui avait lancé un grand chantier de restructuration de l’office, était à la recherche d’un haut cadre pour le poste de DRH.

Ce n’était pas du tout pour dégraisser, puisque, à son arrivée, l’ONP comptait 400 personnes et que cet effectif va être porté, entre 1997 et 2005, durée de son passage, à 700.

En fait, il s’agissait essentiellement de préparer les hommes aux missions recentrées de l’office, à la mise en place des procédures.

Son credo pour réussir sa mission : la transparence
Mohammed Tarmidi sera également associé au processus de récupération des quatre halles aux poissons (Casablanca, Agadir, Safi et Mohammédia) qui étaient encore entre les mains de l’ex-Office d’exploitation des ports (Odep), et à la validation d’un nouveau statut du personnel.

Mais, insiste-il, «le but ultime de toute la remise à niveau était de favoriser la performance pour faire de l’office l’organisme moderne qu’il allait devenir».

Mohammed Tarmidi sera promu secrétaire général et DGA avant de rejoindre le département de la Pêche, où il sera chargé du secrétariat général, en 2005.

Une mission difficile ? Oui, reconnaît-il, «non seulement parce qu’il faut côtoyer des professionnels qui sont loin d’être des enfants de chœur – c’est une particularité de ce secteur dans le monde entier – mais aussi en raison de la nature des dossiers, dont certains ont été laissés en suspens trop longtemps.

Pour m’acquitter de ma tâche, comme mes interlocuteurs, j’ai choisi de parler le langage de la vérité et de la transparence. Tenez, par exemple, aujourd’hui, les professionnels vivent avec nous en temps réel les conclusions de l’Institut national de recherche halieutique (INRH) et tout le monde accepte des notions comme le repos biologique et la préservation de la ressource».

Pour le reste, il n’y a pas de solution miracle, et c’est le nouveau mode de gouvernance qui tracera les nouvelles voies, conclut-il.