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Il a fait de l’Office des pêches un modèle de rentabilité et d’efficacité
Ingénieur en génie civil, diplômé du MIT, il a commencé sa carrière au cabinet CID avant d’intégrer l’ONP.
En dix ans, il a révolutionné les méthodes de travail de l’office sans réduction d’effectifs.
Il vient d’être élu meilleur qualiticien de l’année 2005.

Majid Kaà¯ssar El Ghaib est d’un calme olympien. Le geste posé, le ton mesuré, les traits du visage toujours détendus, le DG de l’ONP (Office national des pêches) n’est pas du tout pour les discours enflammés ni pour les envolées lyriques. Il aime à dire que regarder un problème avec la distance voulue, c’est déjà commencer à le désamorcer. Mais, à y regarder de près, l’homme est un passionné, un faux calme chez qui l’activité intellectuelle est permanente. Sa devise est de ne pas jamais se focaliser sur le manque de moyens car, selon lui, se lamenter sur son sort est une perte de temps et il est plus utile de se concentrer sur l’utilisation optimale et efficace de ce qui est disponible.
Majid Kaà¯ssar El Ghaib est né en 1959, par le plus pur des hasards, à Versailles, non loin du château de Louis XIV. Son père, militaire de carrière, suivait cette année-là un programme de formation à Saint-Cyr. Mais c’est au Maroc que le futur patron de l’ONP usera ses culottes d’écolier. Ses études secondaires, effectuées à l’Ecole militaire royale, seront couronnées par un Bac option mathématiques, en 1977. Le ton est donné, le jeune Majid est destiné à faire des études d’ingénieur. Il passe alors ses années de prépa au lycée Poincaré de Nancy, avant d’être admis à l’Ecole centrale de Lyon d’o๠il sort ingénieur généraliste en 1983. Mais le temps des études n’est pas terminé et l’ingénieur a des préférences pour le génie civil. C’est ainsi qu’il s’inscrit en DEA et obtient son diplôme dans cette spécialité en 1984. M. El Ghaà¯b n’en a pas pour autant fini. Il s’envole vers les USA o๠il obtient, au Massachusetts Institute of Technologie (MIT), un Ph.D (doctorat) en 1989, doublé d’un diplôme en économie et gestion de l’information à la Sloan School of management.
Son ambition de départ : faire de l’ONP une entreprise performante
Majid Kaà¯ssar El Ghaib est tenté de rester quelques années de plus aux Etats-Unis pour se frotter à la gestion de l’entreprise américaine et à ses méthodes de gouvernance si différentes des conceptions européennes. Mais après seulement une année au sein du bureau d’études Ardman & associates, en tant qu’ingénieur chargé de projets dans les do maines des travaux publics et de l’environnement, il rentre au bercail à la suite du décès de son père, en 1990.
C’est tout naturellement vers le ministère de l’Equipement, demandeur de ce genre de compétences qu’il se tourne. Il rejoint alors le bureau d’études CID (Conseil, ingénierie, développement) pour faire ses premières armes au Maroc comme ingénieur principal en charge de plusieurs grands projets hydrauliques. Il y passera six années, non sans s’être fait remarquer puisqu’en 1997 il est nommé secrétaire général de l’ONP. Tout de suite, son ambition est de faire de ce démembrement de l’Etat une entreprise performante. Embrayant sur le plan mis en place par le DG, il participe activement à jeter les bases d’un organisme de services attentif à sa clientèle. Se rendant compte que les procédures n’ont jamais été écrites, il va tout de suite y remédier. Il réfléchit également à la nécessité de motiver les compétences pour impulser une dynamique de modernisation. Signalons également que l’Office des pêches vit de ses propres ressources, sans aide de l’Etat depuis maintenant dix ans.
Au total, la réorganisation interne a pris quatre longues années. Mais c’est avant son terme, en juin 2000, qu’il est nommé DG par intérim et ce, jusqu’en juillet 2001. Le mois suivant, il est définitivement confirmé dans ses fonctions. C’est pendant la même année que le processus de certification de l’office à la norme Iso 9001-2000 aboutit. Le programme est ensuite généralisé. Aujourd’hui, 14 des 18 halles de l’office sont certifiées selon la même norme. Le reste le sera dès la fin de l’année en cours. Son action dans ce domaine lui donne d’ailleurs droit au prix de meilleur qualiticien, décerné par l’Association marocaine des qualiticiens pour l’exercice 2005.
Le secret de sa réussite ? Il avoue modestement ne pas en avoir. Il faut tout simplement appliquer la recette suivante : prendre le temps de bien diagnostiquer, dégager une vision globale, placer l’homme qu’il faut là o๠il faut, déléguer et établir un échéancier d’évaluation. La botte secrète de Majid Kaà¯ssar El Ghaib doit certainement tenir de ce métissage entre la formation académique européenne et les méthodes éprouvées de gestion à l’américaine.
La rigueur ne réduit pourtant en rien sa fibre sociale. Ainsi, le patron de l’ONP n’est pas peu fier de n’avoir pas recouru à la réduction du personnel. Au contraire, entre son arrivée et 2006, l’ONP a recruté près de 450 personnes. L’explication est simple. «Le travail à accomplir et les chantiers à ouvrir ou à achever se situent dans l’avenir. Aujourd’hui, nous sommes en train de fonctionner comme une entreprise privée, avec une orientation client. Or, une entreprise qui n’a pas les moyens de se développer est déjà dans un cycle de déliquescence». C’est dans cette logique de performance qu’il s’est attaqué au statut du personnel qui va bientôt être appliqué.
