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Affaires

Ignacio G. Bercero : «Un accord avec l’UE sur les services avant fin 2008»

Le directeur du développement durable et des relations commerciales bilatérales à la Commission
européenne était en visite au Maroc les 21, 22 et 23 mai
Négociations agricoles en stand-by, accord
d’Agadir, fin des quotas sur les textiles… Déclarations.

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IGNACIO G. BERCERO
Directeur du développement durable et des relations bilatérales à la Commission européenne

La Vie éco : Les négociations sur l’agriculture n’avancent pas. Pourquoi ?
Ignacio Garcia Bercero : Nous n’en avons pas discuté lors de ces rencontres. Mais les négociations agricoles sont toujours actives. Des deux côtés, on est conscient qu’il y a des améliorations à apporter aux dernières propositions. Les parties essaient de faire avancer les choses tout en prenant en compte les sensibilités de part et d’autre…
Les agriculteurs de l’UE comprennent- ils les contraintes du Maroc sur certains secteurs ? Nous connaissons ces sensibilités. Mais vous savez que dans ce genre de négociations, il faut toujours garder un certain niveau d’ambition.

Certains producteurs marocains veulent accéder directement aux organisations communes des marchés (OCM). La Commission européenne ne semble pas prête à leur donner cet accès. Pourquoi ?
Je ne souhaite pas entrer dans ce débat. Cela fait partie de la bible des négociations agricoles…

L’Europe a tout fait pour que l’accord d’Agadir soit rapidement conclu et mis en place. Il l’a été, mais il comporte beaucoup d’anomalies. On a l’impression qu’il a été élaboré à la hâte…
Les quatre pays ont négocié entre eux et sont arrivés à cet accord. Je comprends que, là aussi, le Maroc ait certaines sensibilités. Les quatre pays doivent pouvoir se mettre à table pour discuter de ces problèmes. Il est vrai que l’accord est très général et qu’il n’a pas prévu beaucoup d’aspects notamment tout ce qui concerne les mesures et obstacles non tarifaires. Mais ce n’est pas à nous, l’Europe, d’entrer dans ces considérations…

Oui mais l’Europe a été l’un des catalyseurs de cet accord…
Si les quatre pays souhaitent que l’Europe les aide à voir comment développer les aspects qui ne l’ont pas été, nous sommes prêts à le faire. Encore faut-il qu’ils le demandent.

Avez-vous senti cette volonté?
J’ai posé la question à mes collègues marocains et égyptiens et j’ai effectivement senti qu’il y a une méconnaissance de part et d’autre et une volonté de trouver les moyens de développer l’accord…Mais ce n’est pas une excuse pour ne pas mettre en oeuvre ce qui a été déjà agréé. Maintenant, il faut travailler de manière pragmatique, définir concrètement les domaines que les quatre pays veulent développer et y consacrer l’effort nécessaire.

Pourquoi l’Europe tient-elle tant à cet accord ?
Je crois que c’est un prolongement naturel du processus de Barcelone. Depuis le début, il était question de créer une forme régionale d’intégration économique. L’accord d’Agadir est un exemple de cette intégration. Bien entendu, les accords de ce genre ne peuvent pas se substituer à l’approfondissement des relations commerciales bilatérales entre les pays du Sud et l’Union européenne.

Les quotas sur les produits textiles chinois prennent fin en décembre 2007. Que fera-t-on après ?
Il faut accepter cette réalité. Nous ne pouvons pas ignorer la concurrence des produits chinois sur les marchés européens. Les quotas étaient juste une solution transitoire.
Donc, il n’y aura pas de prorogation de ces quotas… Non, ce n’est pas envisageable.

Peut-on envisager d’autres mécanismes pour permettre aux produits du Sud de la Méditerranée de mieux résister ?
Ce que nous avons essayé de faire c’est de développer un système dans lequel les entreprises marocaines peuvent avoir des avantages comparatifs sur la base du facteur de proximité,des investissements,des possibilités offertes par l’intégration régionale. C’est le cas par exemple de l’accord avec la Turquie qui permet aux industriels marocains d’avoir accès au tissu fabriqué dans ce pays à bon prix. Ce qui explique tout le travail que nous avons fait au niveau du cumul des règles d’origine. Je pense que le Maroc doit développer une stratégie industrielle pour se concentrer sur ces filières où il dispose d’avantages compétitifs.

Lors de la réunion ministérielle tenue en 2006 à Marrakech, vous aviez lancé les négociations sur les services et les investissements. Où en est le processus aujourd’hui ?
A Marrakech, nous nous étions mis d’accord sur un déroulement en plusieurs phases. La première à caractère régional et non pas bilatéral. Au terme de cette phase, on doit définir le cadre général des négociations. Ce cadre, je l’espère, sera approuvé lors de la prochaine réunion ministérielle prévue en octobre au Portugal. Une fois les parties d’accord sur ce cadre, nous passerons à la deuxième phase, celle des négociations bilatérales.

Avez-vous fixé des délais pour ces négociations ?
Nous espérons que la première phase sera finalisée en octobre prochain et que nous pourrons entamer les négociations bilatérales le plus tôt possible pour conclure un accord avant la fin 2008.
Vous attendez-vous à des négociations difficiles ? Pas avec le Maroc car, comme je l’ai dit, le Maroc est à un niveau d’ouverture avancé. D’autre part, parce que les Marocains ont déjà négocié ce genre d’aspects avec les Américains et sont donc outillés.

Vous avez également discuté avec l’administration marocaine du règlement des différends. De quoi s’agit-il ?
Quand il y a un accord, il y a forcément des différends, c’est normal. En cas de litige, nous commençons par négocier et discuter pour savoir si oui ou non il y a eu violation des dispositions de l’accord. Parfois, ces négociations n’aboutissent à rien et il faut trouver des mécanismes d’arbitrage. Dans l’accord d’association que nous avons avec le Maroc, ces mécanismes d’arbitrage et de règlement des différends commerciaux ne sont pas prévus. C’est pourquoi nous essayons de les mettre au point.

Y a-t-il beaucoup de différends commerciaux entre l’UE et le Maroc ?
Non. Il n’y en a pas beaucoup et dans 80% des cas ils sont réglés par le dialogue. N’empêche qu’il faut des mécanismes d’arbitrage.