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Hydroélectricité : les micro-centrales prennent le relais

En plus de la STEP d’Abdelmoumen, dont le contrat vient d’être attribué récemment, une capacité de 120MW sera installée via des micro-centrales hydrauliques. De 22% en 2015, la contribution de l’hydraulique dans la production de l’électricité tombera à 12% en 2030. La puissance installée passera cependant de 1 770 MW à fin 2017 à plus de 2 000 MW en 2020.

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lac de Bin El Ouidane

L’hydro-électricité est en passe de perdre le titre de première source d’énergie renouvelable. Selon les prévisions communiquées à La Vie éco par le ministère de l’énergie et des mines, la part de cette énergie dans le mix électrique va baisser significativement en faveur du solaire, de l’éolien et du gaz naturel. De 22% en 2015, sa contribution dans la production de l’électricité passera à 14% en 2020 et à seulement 12% en 2030.

Depuis l’époque coloniale, l’hydro-électricité s’est développée dans le sillage de la politique des barrages. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette énergie a encore du potentiel, malgré le stress hydrique dont souffre le Royaume. C’est du moins l’avis d’un des rares opérateurs sur le marché hydroélectrique dans sa nouvelle configuration prévue par la loi 13-09 sur les énergies renouvelables. «La filière hydroélectrique a encore un grand potentiel de développement au Maroc, justement à cause du stress hydrique. Les stations hydroélectriques permettent de créer des réserves d’eau dont les lâchées sont exploitables par les gestionnaires de l’eau», indique Thanae Bennani, directrice de développement chez Platinum Power. Selon elle, il ne faut pas se focaliser uniquement sur le potentiel énergétique car l’impact d’un aménagement hydroélectrique a un effet positif sur le réseau électrique de transport et contribue à limiter les risques d’inondations et à mitiger l’effet de changements climatiques. Autre point soulevé par notre interlocutrice: l’énergie hydroélectrique ne concurrence pas l’énergie éolienne ou solaire, mais elle les complète grâce à ses spécificités (non intermittente, modulable et stockable).

La première centrale de la cascade d’Ahansal à partir de début 2022

La puissance installée de l’énergie hydroélectrique est de 1 770 MW à fin 2017 dont 460 MW sous forme de stations de transfert d’énergie par pompage (STEP). Elle devra dépasser la barre de 2 000 MW à l’horizon 2020 puisque l’installation d’une puissance additionnelle de 350 MW au niveau du barrage Abdelmoumen de Taroudant a été récemment activée.

En effet, le marché a été attribué par l’ONEE, le 9 janvier, à un consortium qui a pour mandataire Vinci Construction. Toujours selon les prévisions du ministère de tutelle, cette STEP est l’unique projet catégorisé grande hydraulique à l’horizon 2020, auquel s’ajoute une capacité de 120 MW déclinée en micro-centrales hydrauliques (MCH).

Un des rares opérateurs sur le marché des MCH, Platinum Power dispose d’un portefeuille de sept projets de MCH, dont cinq se situent en amont du barrage Bin El Ouidane, sur l’oued Ahansal. «Nos principaux projets sont ceux qui constituent la cascade d’Ahansal, en l’occurrence Tillouguit Amont (8MW) et Aval (26 MW), Tamejout (30 MW), plus deux autres sites, tous situés en amont du barrage Bin El Ouidane, sur l’Oued Ahansal. Les projets Bab Ouender (30MW) et Boutferda (18MW) sont des sites isolés», détaille Thanae Bennani.

En plus des autorisations exigées par la loi 13-09 et des concessions accordées, les études de faisabilité pour les projets Tillouguit Amont et Aval, Tamejout et Boutferda sont finalisées. Ils font également l’objet d’une convention d’investissement avec l’AMDIE et ont obtenu la déclaration d’utilité publique, nécessaire pour la sécurisation du foncier. La taille des financements et le tarif de sortie seront déterminés une fois le processus des appels d’offres achevé, explique en substance Thanae Bennani. La construction d’une centrale devrait prendre 3 à 4 ans. Ainsi, la première centrale de la cascade d’Ahansal ne sera mise en service qu’à partir de début de 2022.

284 millions d’euros pour la STEP d’Abdelmoumen

D’un montant de 284 millions d’euros, le contrat de la STEP d’Abdelmoumen comprend les études d’exécution, la réalisation du génie civil, la fourniture de matériel et des équipements de transfert, le montage, les essais et la mise en service de la station.

Les travaux de génie civil réalisés par le groupe français Vinci Construction incluent le terrassement de deux bassins, le creusement de l’usine de production installée à flanc de colline et enterrée, l’installation de la conduite de transfert sur 3 km, dont 1 km enterré. L’équipement électromécanique, pris en charge par l’autrichien Andritz Hydro, comprend, entre autres, deux turbines Francis de 175MW mises au point spécialement dans le laboratoire de l’entreprise et l’installation d’un poste à haute tension. Une usine hydroélectrique de 350 MW sera installée entre les deux bassins. D’une durée de 48 mois, le chantier mobilisera 840 personnes dont 780 recrutées localement.

Avec ce projet, le Maroc disposera de deux STEP. La première, celle d’Afourer (464 MW) a été réalisée en 2005. Une troisième d’une capacité de 300 MW est prévue à Ihafsa près de Chefchaouen.

Au total, le ministère de l’énergie et des mines prévoit une puissance installée de 850 MW durant la décennie 2020-2030. A plus long terme, l’implantation de STEP marines au Maroc n’est pas à écarter, puisqu’une étude en coopération avec le gouvernement allemand est en cours pour évaluer le potentiel du Royaume.

[tabs][tab title = »Les STEP, une solution efficace pour le stockage de l’électricité« ]Les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) sont un type particulier d’installations hydroélectriques. Composées de deux bassins situés à des altitudes différentes, elles permettent de stocker de l’énergie en pompant l’eau du bassin inférieur vers le bassin supérieur lorsque la demande électrique est faible et le prix de l’électricité peu élevé. Lorsque la demande électrique augmente -tout comme le prix de l’électricité-, elles restituent de l’électricité sur le réseau en turbinant l’eau du bassin supérieur. Grâce à leur fonction de stockage, ces installations contribuent à maintenir l’équilibre entre production et consommation sur le réseau électrique, tout en limitant les coûts de production lors des pics de consommation. A l’heure actuelle, le transfert d’énergie par pompage hydraulique est la technique la plus mature de stockage stationnaire de l’énergie.[/tab][/tabs]