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Huile d’olive : la production du Maroc a triplé depuis deux ans

En l’espace de trois ans, ce sont 140 000 hectares d’oliviers qui ont été plantés. Le Plan Maroc Vert table sur 1,22 million d’hectares plantés et une production d’olive de 2,5 millions de tonnes.

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Plan Maroc Vert Olives 2011 03 29

La culture de l’olivier suscite un intérêt grandissant, ces dernières années. Sur les trois dernières années, pas moins de 45 000 ha ont été plantés par an. L’olivier couvre aujourd’hui 725 000 ha, soit environ 55% de l’ensemble de l’arboriculture nationale. D’où vient cet engouement ? Il y a d’abord le fait que c’est une culture séculaire mais surtout que le Maroc a compris qu’il pouvait beaucoup en tirer, vu le potentiel de la demande internationale et de la consommation intérieure qui reste faible.
Le contrat programme signé entre le ministère de l’agriculture et l’interprofession du secteur, qui regroupe toutes les filières depuis l’agriculteur jusqu’à l’industriel, n’est pas étranger à l’intérêt grandissant que suscite l’olivier. L’ambition est de porter la superficie cultivée à 1,22 million d’ha pour atteindre une production de 2,5 millions de tonnes. L’idée est de porter la seule exportation rapidement à 120 000 t pour l’huile d’olive et à 150 000 t pour les olives de table. Or, aujourd’hui, au total, le Maroc ne produit, selon les chiffres du ministère, que 1,2 à 1,5 million de tonnes, dont 25% va à la conserverie d’olive de table et 65% à la trituration. Les 10% sont partagés entre l’autoconsommation et les déperditions dues aux dysfonctionnements des moyens de stockage ou de transport. Et pour ce qui est de l’huile d’olive, 75% des quantités produites vont au marché local, même si le Marocain ne consomme encore que 2 kg par an et par personne (contre 6 kg pour les Tunisiens, 10 kg pour les Espagnols, 11 kg pour les Italiens et on parle de 24 kg pour les Grecs).

La région Fès-Meknès concentre 60% des capacités de trituration

Cependant, explique Abdellatif Abbadi, chef de la division agrobusiness à la direction des filières au ministère de l’agriculture, la tendance du développement de la production d’huile d’olive est confirmée car on est passé de 65 000 t entre 2004 et 2008 à 160 000 en 2009 et 2010. Au fait, si le secteur a positivement prêté l’oreille aux encouragements du ministère, c’est pour deux raisons. D’abord, en dehors des maâsra traditionnelles, les professionnels connaissent bien leur partie, qu’il s’agisse des moyens de production ou de la commercialisation et des marchés.
Et ce n’est pas pour rien qu’à Meknès et Fès où se concentre la plus grosse capacité de trituration (4 à 5 opérateurs réunissent 60% de l’ensemble de la capacité du pays et la région effectue près de 70% des exportations d’huile d’olive), leur association, l’Union pour le développement de l’olivier de Meknès (UDOM), a créé un agropole qui s’occupe de la R&D. A cet égard, cet agropole exploite 25 ha de verger où il développe de nouvelles variétés. Karim Kerdib, DG des conserveries, huileries et céréales de Meknès (CHCI), connaît bien le secteur. «Notre association s’est appuyée sur le Conseil régional de la région, sur l’école de l’agriculture mais aussi sur des organisations non gouvernementales et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) pour créer un groupement d’intérêt et un centre d’excellence», explique-t-il. Très optimiste, M. Kerdib espère que les exportations d’huile d’olive de la région atteindront 20000 t par an.
Quand on sait que le Maroc a exporté exceptionnellement pas loin de 40 000 t en 2009-2010, on comprend l’importance de la région de Meknès-Fès qui est le berceau de l’huile d’olive comme Marrakech est le champion de l’olive de table au Maroc.
Pour les professionnels, les mesures d’encouragement ne sont pas négligeables – notamment 450 DH à l’ha en bour et 1 100 DH en irrigué – mais restent insuffisantes. Même avec la toute dernière mesure qui consiste à octroyer 2 DH pour chaque litre exporté, ils restent sur leur faim.

Les producteurs regrettent l’insuffisance des mesures d’encouragement

Le Dr Nourreddine Ouazzani, chercheur à qui on a confié la direction de l’agropole, explique : «Oui, la mesure vient à point nommé, mais on aurait dû la dimensionner au degré de la valeur ajoutée (entre huile de table et huile extra vierge, il y a une énorme différence) , surtout sachant que les prix des intrants sont fluctuants dans un marché où la concurrence est féroce».
Mais de toute évidence, l’olivier a de beaux jours devant lui. Il a le vent en poupe et les industriels installés ont commencé à investir dans l’amont agricole, par la location à longue durée des terres de la Sodea/Sogeta. Le groupe CHCI  dispose de 1 000 ha, Lesieur vient de lui emboîter le pas à Kelaât Sraghna en investissant dans une exploitation ultramoderne de 640 ha.
D’un autre côté, le cadre de l’agrégation, un des leviers du Plan Maroc Vert, paraît aussi en inviter plus d’un à franchir le pas de l’investissement. Ahmed Laaroussi a réussi à convaincre 80 agriculteurs à s’adosser au groupe «Aïcha»  dans un projet de 1 800 ha dans la commune de M’haya. Il explique : «Nous ne pouvons pas y aller d’un seul coup, alors nous allons commencer par 420 ha pour la première année, puis 400 l’année suivante et 350 autres hectares par la suite». Ce qui les a encouragés, c’est la subvention à 80 % aussi bien pour les plants certifiés que pour l’irrigation.
Un autre agriculteur vient de se jeter à l’eau, il s’agit de Reda Tahiri qui est aussi installé dans la région de Meknès. Il a mobilisé 3,5 MDH pour équiper une partie des 50 ha qu’il dédie à l’olivier. Il avait commencé avec 14 ha et 3 000 arbres. Aujourd’hui, il en est à 25 000 arbres et il a choisi de triturer et de conditionner lui-même sa production destinée exclusivement à l’export.