Affaires
Hôtel Marhaba de Casablanca : bloqué depuis six ans
Le propriétaire saoudien ne veut pas redémarrer les travaux.

L’hôtel Marhaba, situé en plein centre-ville de Casablanca, sur le boulevard des FAR, continue de faire tache dans un quartier qui connaît des transformations urbanistiques importantes. En effet, beaucoup de chantiers qui devraient, malgré les difficultés rencontrées ici ou là, redonner au centre-ville son aura d’antan sont aujourd’hui en cours de réalisation dans cette zone (tramway, gare de Casa Port, Marina, etc.). C’est tout le contraire de l’hôtel Marhaba dont les travaux de réaménagement s’éternisent depuis des années.
Depuis l’acquisition de la bâtisse par le cheikh saoudien Abdulmajid Abuljadayel en 1995, le chantier en est aujourd’hui à son troisième architecte, Mustapha Kadiri en l’occurrence, et autant d’entreprises de construction. Selon cet architecte, les travaux de réaménagement pourraient reprendre incessamment, mais il ne peut donner une date précise. Il affirme que toutes les autorisations ont été obtenues pour que l’hôtel subisse les transformations souhaitées par le propriétaire, c’est-à-dire l’extension et le réaménagement de fond en comble des chambres et des équipements pour acquérir le statut d’un établissement 5* de 300 chambres construites sur 22 étages au lieu de 17. Il faut rappeler à cet effet qu’au premier trimestre 2005 déjà, l’homme d’affaires saoudien avait conclu une convention d’investissement avec l’Etat pour un programme portant sur 340 MDH et l’ouverture était prévue pour début 2010.
Jusque-là, le promoteur refuse toutes les offres d’achat qui lui sont soumises
Six ans plus tard, les travaux en sont toujours au point mort. Pourquoi ? Sachant que le projet a reçu tous les avis favorables de la part des administrations concernées ? La réponse est toute simple : «C’est le propriétaire qui ne se décide pas», affirme Tarik Louridi, directeur technique du projet chargé de superviser les travaux. Tout en précisant qu’il a demandé l’autorisation du concerné, qui est aussi son patron, avant de répondre à nos questions, il déclare en substance que tout est prêt pour que les travaux puissent reprendre à tout moment, mais que rien ne peut être fait sans son feu vert. Il ajoute néanmoins que l’homme d’affaires saoudien dispose des fonds nécessaires, mais qu’il ne se décide pas à aller de l’avant, en raison des mauvaises surprises qu’il a eues par le passé avec la société de construction, les architectes et la justice. «C’est un investisseur plein de bonne volonté, mais qui a perdu confiance», résume M. Louridi.
Pourtant, le propriétaire de l’hôtel Marhaba, qui possède aussi l’hôtel Doukkala à El Jadida, refuse toutes les offres d’achat qui lui parviennent, ce qui témoigne, selon M. Louridi, qu’il ne veut pas renoncer au projet. Aussi bien le nouvel architecte en charge du projet que la nouvelle société, Elite Bâtiment, qui a signé le contrat après avoir remporté le marché, de même que les autres parties impliquées dans le projet, attendent avec impatience la décision du seul maître à bord, le cheikh Abouljadayel.
Pour comprendre ce qui est à l’origine de la situation actuelle, il faut remonter aux années 2003/2004 qui ont vu le début des travaux de rénovation de l’hôtel Marhaba par la société Construction, gestion, bâtiment (Cogeba) qui avait pour mission d’en faire un 5*. La version de l’homme d’affaires saoudien, telle que rapportée par Tarik Louridi, est la suivante. En livrant la première chambre témoin, la société de construction n’aurait pas respecté les normes de standing requises. A l’en croire, elle était tout au plus conforme au standing d’un 3*. Le litige a alors éclaté entre le promoteur et la société de construction qui avait déjà reçu 20 MDH comme avance. Entre-temps, celle-ci a connu des difficultés financières et les travaux furent arrêtés. Ce qui n’avait pas empêché ses responsables d’attaquer en justice le promoteur et de le faire condamner en première instance à leur payer 30 MDH supplémentaires. Ce jugement a été confirmé en appel.
Faux départ en 2003…
Une autre société, italienne cette fois, Doimo-Contract, qui devait s’occuper de la fourniture des équipements et du mobilier de l’hôtel, n’a pas non plus honoré ses engagements, ce qui a contribué à alourdir la facture de 11 MDH, soit 61 millions au total, sans que le projet n’avance. De toutes les manières, ce chantier, initialement bloqué en raison d’un litige, avant tout, commercial, ne va pas rester éternellement en l’état, compte tenu de l’environnement dans lequel il se trouve.
La balle est donc dans le camp des autorités locales et des pouvoirs publics qui, dans le contexte de l’aménagement de la ville, devraient inciter le promoteur, qui n’entend pas vendre son bien, selon le directeur technique, à reprendre les travaux.
