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Hicham Zanati Serghini, DG de la CCG : «Nous devons déployer davantage d’efforts en faveur de la TPE»

L’autoévaluation réalisée par la CCG a permis de dégager des orientations liées à la nécessité de déployer davantage d’efforts en faveur de la TPE. De nouveau segments seront identifiés pour éviter une baisse de rythme de l’activité. En 2019, la CCG a renforcé son réseau de partenaires avec la labellisation de la 2e promotion des structures d’accompagnement.

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CCG Hicham Zanati Serghini

Le directeur général de la Caisse centrale de garantie, Hicham Zanati Serghini, dresse dans cette interview un bilan de l’activité de la CCG au cours des dernières années. Il y explique l’impact de la diversification de son offre sur l’activité de manière générale. En ce qui concerne les orientations futures, la caisse a réalisé, entre 2011 et 2017, une évaluation de son activité, de laquelle ont découlé plusieurs orientations. Parmi celles-ci, la nécessité d’accorder plus d’intérêt aux TPE et aux projets d’entrepreneuriat.

Quelles seront les grandes orientations du prochain plan de développement que la CCG lancera en 2021 ?
Je pense qu’il est encore trop tôt pour évoquer notre prochain plan de développement qui devrait couvrir la période 2021-2025 car il faudrait d’abord faire le bilan de notre actuel plan qui est encore à mi-chemin et analyser les besoins du marché et les tendances de notre environnement d’action qui évolue à un rythme de plus en plus rapide. Mais dans tous les cas, notre futur plan de développement opérera, dans la continuité en capitalisant sur les acquis, en pérennisant ou reconduisant les mesures ayant démontré leur pertinence et en traduisant les orientations des pouvoirs publics par la mise en place de solutions adaptées pour les nouveaux besoins à couvrir.

Les grandes lignes de l’évaluation périodique sur l’impact économique de vos actions (2011-2017) ?
La pratique de l’évaluation périodique des réalisations et de l’impact de l’action de la CCG fait partie des pratiques de l’institution depuis plus d’une décennie. A cet effet, nous opérons une évaluation d’ensemble à l’issue de chaque plan de développement incluant le recours à des cabinets indépendants pour apprécier l’additionnalité de notre action et le sondage de nos clients, partenaires et les autres parties prenantes pour identifier les axes d’amélioration.
Dans ce cadre, nous avons opéré une évaluation de nos précédents plans de développement ayant couvert la période 2009-2017 et dont les résultats ont été largement satisfaisants. Ainsi, le volume des garanties octroyées aux TPME durant cette période a totalisé 25 milliards de DH ayant permis de générer des crédits de près de 50 milliards de DH au titre de 22 000 crédits au profit des TPME, principalement les TPE. Les performances ont été particulièrement positives au titre du plan de développement 2013-2016 avec des réalisations représentant le double des objectifs pourtant jugés ambitieux lors de leur fixation par nos instances de gouvernance.
Ces réalisations n’ont pas été atteintes au détriment de la qualité du portefeuille ou du respect du mandat de l’institution comme en attestent les évaluations indépendantes qui font ressortir un taux d’additionnalité maintenu à 80% (en d’autres termes, sur 10 entreprises garanties par la CCG, 8 n’auraient pas eu leur crédit ou l’auraient obtenu dans des conditions restreintes au point de compromettre leurs projets) ainsi qu’un taux de sinistralité largement en deçà du niveau prédictif. Notre intervention couvre désormais près de 40% des PME ayant un financement bancaire à fin 2017.
L’intervention de la garantie de la CCG a également permis de mieux optimiser l’usage des ressources financières allouées par l’Etat et ce, grâce à l’effet de levier qui caractérise l’activité de garantie. La dernière évaluation fait ressortir que sur un cycle économique, chaque DH injecté dans le système de garantie a généré des retombées de 1,50 DH, net des coûts de mobilisation des ressources et de gestion du dispositif de garantie.

Quel sera l’impact de cette évaluation sur le futur de la caisse ?
Concernant l’impact de ces évaluations sur notre action future, nous devons déployer davantage d’efforts en faveur de la très petite entreprise. En effet, si notre taux de couverture des entreprises de taille petite et moyenne est jugé plutôt satisfaisant, il demeure encore largement en deçà de nos ambitions lorsqu’il s’agit des entités formelles de plus petite taille et qui ont besoin d’un accompagnement financier plus adapté.
La CCG a également décidé de renforcer son action en faveur de l’entrepreneuriat innovant qui, malgré sa forte valeur ajoutée, demeure confronté à la problématique de l’accès au financement qui ne peut être adressée par les solutions classiques.

La CCG a beaucoup diversifié avec l’introduction des fonds de garantie des prêts au logement, des produits de cofinancement en plus des produits destinés aux PME. Comment appréciez-vous cette orientation ?
La diversification a été bénéfique à plus d’un niveau. D’abord, elle a permis à la CCG de couvrir un champ plus large que son périmètre initial qui se limitait à la garantie des crédits bancaires d’investissement et au cautionnement des marchés à l’export. Désormais, l’activité de garantie s’étend de la TPE aux entreprises de taille moyenne et couvre pratiquement tous les besoins qu’expriment ces catégories d’entreprises tout au long de leur cycle de vie, en garantissant aussi bien les crédits de fonctionnement et d’investissement que les crédits de transmission et de restructuration financière octroyés par les banques, mais également par les sociétés de leasing, les associations de prêts d’honneur et bientôt les banques participatives.
La garantie a également été étendue en couvrant de nouvelles populations, notamment les particuliers pour financer les opérations d’accession à la propriété grâce à l’aval de Damane Assakane et même les start-up avec la garantie des prises de participations par les fonds de capital-risque.
La diversification a également concerné les modes d’intervention qui intègrent désormais toute une panoplie d’instruments de garantie, de financement & cofinancement et d’investissement, avec un réseau de partenaires dense, composé des partenaires historiques, à savoir les banques, mais aussi des sociétés de financement, des accélérateurs des start-up, des fonds d’investissement et plus récemment, des associations de microcrédit et des banques participatives.
L’apport de cette diversification ne s’est pas limité à la croissance exponentielle de l’activité née de l’élargissement du champ d’intervention, mais il a aussi permis d’améliorer l’efficience de la gestion avec des recettes opérationnelles qui couvrent largement les charges de structure contrairement à la situation initiale et il a surtout engendré une réduction sensible du poids du risque du portefeuille comme en témoigne la baisse sensible du taux de sinistralité depuis l’introduction des nouveaux mécanismes.

La production annuelle en faveur des entreprises, ayant triplé en cinq ans, montre que l’offre de la CCG arrive bientôt à maturité. Quelles sont les décisions stratégiques à prendre pour éviter la stagnation au niveau de cette production ?
Il faut d’abord rappeler que l’évolution rapide de la production en faveur des entreprises ne s’est pas estompée depuis près de 10 ans, ce qui traduit un potentiel important de la demande pour les produits de la CCG qui visent avant tout à améliorer l’accès au financement pour les TPME et les start-ups. La très forte croissance enregistrée ces dernières années s’inscrit en effet dans un cadre de réduction du gap de financement et nous anticipons une baisse du rythme d’évolution des produits actuels au fur et à mesure que ce gap est comblé.
Ceci étant, chaque début de baisse du rythme de croissance de notre activité, non dû à des limites de l’offre elle-même, nous pousse vers l’identification de nouveaux segments du marché où le besoin pour l’intervention de la CCG se justifie, avec des besoins grandissants de l’économie marocaine et des orientations des pouvoirs publics. Ces besoins sont générés par les chantiers lancés pour introduire de nouvelles solutions de financement au profit des entreprises, notamment les TPME et les start-up, et nous pensons que nous aurons énormément de travail à réaliser durant les prochaines années.

Peut-on avoir un bilan d’étape du fonds Innov Invest ?
Il conviendrait d’abord de rappeler que le «Fonds Innov Invest (FII)» d’une taille de 500 MDH, né d’une volonté des pouvoirs publics pour adresser la problématique de financement des start-up innovantes, actée dans le plan de développement de la CCG 2013-2016, vise à promouvoir le financement de l’entrepreneuriat innovant durant ses phases initiales marquées par un risque élevé d’échec et par une rareté de sources de financement adaptées. A cet effet, «FII» offre une variété d’instruments (aides, prêts avec des conditions avantageuses, investissements/equity) pour accompagner les projets innovants depuis l’idée jusqu’à la commercialisation des produits ou services issus de ces innovations.
La mise en place de cette offre a nécessité, au préalable, le développement de partenariats avec une variété d’acteurs de l’écosystème (incubateurs, clusters, accélérateurs, gestionnaires de fonds d’amorçage et de capital risque…) intervenant à différents niveaux du cycle de l’innovation, depuis le pré-amorçage jusqu’au développement commercial. Ces partenariats ont été établis à l’issue de processus de sélection sur la base de cahiers des charges. Le démarrage effectif des activités au titre du «F2i» n’est réellement intervenu qu’en 2018.
S’agissant du pré-amorçage, la CCG a renforcé en 2019 son réseau de partenaires avec la labellisation de la deuxième promotion des structures d’accompagnement. Aujourd’hui, la CCG compte un réseau de 16 partenaires labellisés. Il s’agit de CE3M, CEED Maroc, Cluster Menara, Enactus, Endeavor, Groupe SOS Maroc (Bidaya), Happy Ventures, HSeven, Kluster CFCIM et Moroccan CISE. Ces structures viennent renforcer le réseau de six partenaires labellisés vers la fin de 2017, à savoir APP Editor, Cluster Solaire, Impact Lab, R&D Maroc, Réseau Entreprendre Maroc et Start-up Maroc.
En plus de leur activité d’accompagnement, ces structures labellisées assureront, en étroite collaboration avec la CCG, le financement des premiers stades d’amorçage de projets innovants et ce, sous forme de mécanismes d’aide (Innov Idea) et de prêts d’honneur (Innov start). Ces structures ont déjà entrepris la mise en œuvre de leurs plans d’action respectifs. Jusqu’à présent, les appels à projets déjà lancés par les six premières structures ont permis à près de 70 projets innovants de bénéficier des instruments précités avec un financement global de plus de 14 millions de dirhams. Concernant l’investissement en amorçage et en capital risque, actuellement les ressources mobilisées ont atteint 650 MDH dans le cadre de fonds d’investissement dédiés pour permettre d’investir dans des start-up au cours des cinq prochaines années.

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[tab title= »Croissance soutenue des crédits garantis en faveur des entreprises » id= » »]Un des faits saillants de la performance de la CCG, révélé par l’analyse de ses résultats au cours des dernières années, est que le portefeuille global de la CCG est désormais dominé par l’activité en faveur des entreprises. Cette dernière, qui représente plus de 75% de la production annuelle globale, a permis à la production de la CCG de poursuivre sa hausse, pour réaliser un taux de croissance annuel moyen de 18% sur les six derniers exercices.
Pour ce qui est de l’année 2018, deuxième année du dernier plan de développement 2017- 2021, une croissance significative des engagements en faveur des TPME a été particulièrement enregistrée. Ceux-ci ont totalisé plus de 11,9 milliards de DH, soit une progression annuelle de près de 13%. Globalement, la garantie des crédits en faveur des entreprises a poursuivi son essor avec un volume de crédits garantis de 20,5 milliards de DH en 2018, soit une hausse de 16% et de plus de 21% en nombre d’opérations, comparé à 2017. Le volume des garanties accordées s’est établi, quant à lui, à près de 10,9 milliards de DH, soit une hausse de plus de 15% par rapport au volume enregistré une année auparavant.
Pour ce qui de la finalité “Exploitation”, elle accapare plus de 73% de l’activité de garantie, avec environ 15 milliards de DH de crédits mobilisés pour le financement des besoins de fonctionnement des entreprises. Les dossiers TPE représentent par ailleurs plus de 70% de l’activité de garantie, grâce à un portefeuille TPE constitué de 7 771 opérations, pour près de 2,1 milliards de DH comme volume de crédits mobilisés. Les crédits d’investissement mobilisés en faveur du financement de la création, le développement et la transmission des TPME ont, quant à eux, atteint près de 3,3milliards de DH. Ces crédits ont permis de générer près de 5,8 milliards de DH d’investissement.[/tab]
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