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Affaires

Grosse saisie d’articles électriques contrefaits : 30 000 pièces confisquées

Le fabricant local Ingelec est particulièrement touché Une cargaison de 200 000 articles contrefaits récemment importée de pays asiatiques.

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Les fabricants locaux et importateurs d’appareillages électriques de marques connues sont inquiets. Et pour cause, l’introduction de produits contrefaits met à mal leur business. Interrupteurs, prises de courant, rallonges d’alimentation, disjoncteurs…, le phénomène touche pratiquement toute la gamme des petits appareils.

Comme pour d’autres secteurs, ce circuit parallèle est essentiellement alimenté par les pays asiatiques, la Chine en particulier. Le préjudice est d’autant plus grave que les produits «pirates» reproduisent souvent les caractéristiques du produit original : même nom de marque, même emballage, même prospectus…

Des disjoncteurs contrefaits découverts à Oujda, Marrakech et Meknès

Parmi les fabricants les plus touchés se trouve Ingelec, spécialisé dans le matériel basse tension. Ses dirigeants ont récemment dû recourir à la justice pour une affaire d’importation de disjoncteurs contrefaits. Selon Reda Sekkat, DGA de la société, «près de 30 000 pièces ont été saisies, ces derniers jours».

Avec tout cela, on est apparemment très loin du compte. «D’après notre enquête, ce seraient quelque 200 000 disjoncteurs qui auraient été importés. Ce qui représente 10% de nos ventes sur ces produits pour l’année en cours», assure M. Sekkat. Ces disjoncteurs, que l’on peut difficilement différencier des vrais produits de la marque, ont été «découverts» dans de petites drogueries à Oujda, Marrakech et Meknès. Mais, il est sûr que la marchandise frauduleuse est distribuée sur l’ensemble du pays.

Traditionnellement, les circuits d’importation frauduleuse passent par l’Oriental, le nord et les provinces du sud. Mais, les opérateurs indélicats arrivent aussi à faire entrer leur cargaison de manière tout à fait officielle grâce à de fausses déclarations. «En 2007, nous avons examiné des connecteurs contrefaits qui reprenaient une marque française.

Il fallait avoir un œil de professionnel aguerri pour se rendre compte de la supercherie», confie Michel Rossel, DG de l’Omnium général d’électricité (OGE). Pour ceux qui sont avides de gains, la tentation est grande d’utiliser des moyens peu orthodoxes. Souvent, ces appareillages contrefaits achetés à bas prix sont vendus au prix du vrai, avec un bénéfice de 100%.

Faute de statistiques détaillées sur les ventes du secteur et par types de produits, le DGA d’Ingelec a du mal à mesurer l’ampleur du phénomène. Toutefois, il estime que «l’importation de produits contrefaits se monte à 5 % des ventes au cours des années maigres, et atteint des pics de 10 % quand l’activité est bonne». Ce qui est le cas pour les disjoncteurs. Par conséquent, la société redouble désormais de vigilance et envisage d’impliquer l’administration des douanes si le phénomène persiste.

La contrefaçon baisse en Afrique
L’autre inquiétude est que les produits contrefaits génèrent un véritable problème de sécurité. «Un disjoncteur qui n’a pas été testé et qui souvent ne répond pas aux critères de qualité peut provoquer rapidement un incendie», prévient le responsable de la société. En fin de compte, c’est la marque copiée qui en subit les conséquences, si toutefois les utilisateurs ne découvrent pas la tricherie. Du côté de Legrand, on souligne que le phénomène de la contrefaçon ne s’est jamais réellement calmé. On fait même remarquer que les produits électriques contrefaits sont toujours plus nombreux sur les rayons des distributeurs.

Il convient toutefois de noter que toutes ces importations d’appareillage électrique, généralement effectuées par des particuliers, ne sont pas illégales en soi. Souvent, elles portent sur des marques totalement inconnues sur la place et qui n’ont probablement pas subi les contrôles de conformité appropriés.

Toujours est-il que, même s’il ne s’agit pas d’imitations, nombre de ces matériels sont de piètre qualité et se détériorent dès la première utilisation. A ce propos, les responsables d’Ingelec indiquent que le phénomène des produits contrefaits a baissé en Afrique, du moins pour ce qui concerne les marques de la société.

«Les distributeurs de ces pays ont dû se rendre à l’évidence. Seul un article sur cinq fonctionnait correctement. Depuis, ils se sont orientés vers les fournisseurs officiels de la marque», explique M. Sekkat. Cela s’est traduit par des progressions concrètes des exportations vers ces pays. En effet, la marque a réalisé une progression de 30 % ces deux dernières années sur le Sénégal, le Bénin et le Togo. Il faut dire que les contrefacteurs avaient taillé des croupières aux opérateurs «déclarés» sur ces marchés où le prix reste un des paramètres essentiels motivant l’acte d’achat .