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Affaires

Grippe A/H1N1 : entre ruée sur le vaccin pour les uns et crainte des effets indésirables pour les autres…

L’augmentation du nombre de décès a poussé plusieurs personnes à  solliciter les centres de santé pour se faire vacciner
Des médecins tentent de donner l’exemple pour convaincre les récalcitrants
A terme, 60% de la population est visée par le vaccin.

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L’arrivée de la saison hivernale et la baisse sensible des températures a donné un coup de fouet à la progression de la grippe A/H1N1. Au mardi 15 décembre, 2 571 cas de contamination et 20 décès avaient officiellement été enregistrés par le ministère de la santé. Entre-temps, et après plusieurs semaines d’attente, la campagne de vaccination a démarré le 9 décembre. Elle est menée par étapes successives. Sont ciblées en premier lieu les personnes qualifiées de vulnérables comme les malades chroniques et les femmes enceintes. Le personnel de la santé, le premier exposé à la contamination l’est également (voir encadré).
Pour donner l’exemple, mais également afin de dépasser les réticences des médecins envers le vaccin, le ministère de la santé, l’Association marocaine des sciences médicales (AMSM), l’ordre des médecins et l’Hôpital 20 Août, ont orchestré une campagne de vaccination du corps médical libéral casablancais, samedi 12 décembre.

Asthmatique mais craignant les effets secondaires
Une grande tente a été dressée dans l’enceinte de l’hôpital. Médecins, infirmiers, aides-infirmiers, secrétaires, personnes chargées de l’entretien y ont défilé pour se faire vacciner. En 20 minutes, 70 personnes avaient reçu leur dose. «Nous voulons encourager les gens à se faire vacciner et surtout dissiper les craintes autour du vaccin», plaide le Dr Hicham Afif, directeur de l’Hôpital 20 Août.
Loin de l’ambiance cérémoniale de l’Hôpital 20 Août, le centre de santé Moulay El Hassan, sur le boulevard 2 Mars, connaît, lui, depuis mercredi 9 décembre, un afflux inhabituel. Un grand nombre de candidats à la vaccination attendaient leur tour, ce samedi 12. A 10 h du matin, 19 personnes étaient vaccinées et de nombreuses autres attendaient leur tour. Ici, le personnel est à pied d’œuvre pour que l’opération se déroule dans les meilleures conditions. Un parcours bien balisé avec des points d’arrêt précis a été mis en place : accueil des personnes, vérification de leur appartenance à la population cible (diabétiques, asthmatiques et personnes atteintes de pneumopathie chronique) et fourniture de pièces justificatives comme les radios, les analyses et autres pièces médicales, inscription sur le registre de vaccination, vaccination et enfin délivrance du certificat de vaccination. «Grâce à cette chaîne, nous sommes sûrs d’éviter les dysfonctionnements, de connaître le nombre de personnes vaccinées et surtout de respecter la priorité des cibles», explique le Dr Rachid Moulki, délégué du ministère de la santé auprès de la préfecture des arrondissements Al Fida Mers-Sultan. Il ajoute, par ailleurs, que 1 405 personnes ont été vaccinées en deux jours dans ces arrondissements. «A travers les sept sites dédiés à la vaccination dans notre région, nous avons dénombré 618 vaccinés durant le premier jour et 787 le lendemain», souligne-il.
C’est le cas de Aïcha, la soixantaine, diabétique. Elle est là pour mettre fin à son appréhension contre le virus. «J’attendais avec impatience l’arrivée du vaccin au Maroc. Vu mon état de santé, j’avais peur de contracter le virus et ne pas pouvoir y résister», affirme-t-elle. Tout aussi vulnérable, Nabila est loin d’être dans cet état d’esprit. Asthmatique depuis 10 ans, cette jeune femme de 25 ans hésite à se faire vacciner. «Je suis là pour me renseigner sur le vaccin. Je sais que je dois me protéger contre la grippe A/H1N1, mais j’ai peur d’injecter dans mon corps un vaccin qu’on ne connaît pas très bien. Franchement, je suis indécise», confie-t-elle.

Un dispositif pour traiter les effets indésirables
Il faut dire qu’avant même sa commercialisation, le vaccin contre la grippe A/H1N1 inspirait beaucoup de craintes alimentées par le corps médical qui estimait que le produit n’avait pas subi des tests suffisamment longs pour se faire une idée assez précise sur l’ensemble des effets secondaires.
C’est ce qui s’est passé en France par exemple, dont la campagne de vaccination, entamée bien avant celle du Maroc, a été boudée au début. Rapidement, la tendance s’est inversée avec l’augmentation exponentielle du nombre de décès. Cela dit, des effets indésirables ont bel et bien été signalés chez certaines personnes, allant des plus bénins aux plus graves comme le syndrome neurologique de Guillain-Barré qui provoque une paralysie musculaire. Le Dr Saâd Agoumi, président du Collège syndical national des médecins spécialistes privés, se veut, lui, rassurant : «Sur un million de personnes vaccinées en France, 567 seulement ont manifesté des effets secondaires. Tout vaccin peut provoquer chez certaines personnes des réactions négatives. Cela ne remet en aucun cas l’efficacité du vaccin contre le virus H1N1».
Selon le directeur régional du ministère de la santé du Grand Casablanca, le Dr Fouad Jettou, aucun effet secondaire n’a été signalé jusqu’à présent. Néanmoins, des dispositions ont été prises pour parer à toute éventualité. Au centre Moulay El Hassan, par exemple, une cellule composée d’un médecin et de trois administrateurs a été créée pour recueillir toute réclamation. «Nous avons formé le personnel pour qu’il puisse administrer les premiers soins. Des ambulances sont également réquisitionnées pour les cas urgents»,  souligne le Dr Moulki.