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Grands taxis : les mécanismes de versement de la subvention seront finalisés courant octobre

Les concessionnaires veulent s’assurer du processus de remboursement et des délais dans lesquels l’Etat s’engage à  verser sa contribution. L’échec du programme des petits taxis n’augure pas une suite favorable à  l’actuel projet de renouvellement. Gros écueil, les propriétaires sont peu disposés à  communiquer des informations sur leur activité.

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Marchera, ne marchera pas ? Plus de deux mois après le lancement par les pouvoirs publics du programme de renouvellement des grands taxis, avec à la clé une subvention alléchante de 80 000 DH par véhicule, nombre de professionnels et d’usagers des grands taxis doutent toujours de la réussite du projet. A ce jour, le nombre de taxis renouvelés se compte sur les doigts d’une main. Mieux (ou pire) encore, les rares nouveaux véhicules en circulation ont été acquis avant l’annonce par l’Etat de sa subvention. Cela augure-t-il d’un manque d’attrait pour le programme étatique ? Pas sûr. Selon nos sources, si le nombre de véhicules renouvelés est toujours aussi faible, c’est avant tout parce que la subvention annoncée par l’Etat en juillet dernier n’est pas encore effective.

Beaucoup d’opérateurs préfèrent acheter directement leurs véhicules

Les pouvoirs publics se penchent toujours sur les mécanismes, notamment dans le volet lié au remboursement des concessionnaires automobiles. En effet, pour que ces derniers puissent proposer aux clients intéressés des offres concrètes, ils doivent avant tout avoir de la visibilité sur le processus de remboursement des 80 000 DH de subvention promise et, surtout, sur les délais dans lesquels l’Etat s’engage à verser ce montant. Selon des sources au sein du secteur, il est attendu que ce mécanisme soit finalisé durant le mois d’octobre pour que les premières commercialisations soient entamées, au plus tôt en novembre. A défaut, seuls les véhicules dont les propriétaires choisissent de se passer de l’aide étatique continueront à circuler sur nos routes.Cette situation n’est en fait pas si nouvelle que cela. Il y a quelques années, le ministère de l’intérieur  avait initié un programme de renouvellement des petits taxis dont les propriétaires ont préféré se passer. Selon des professionnels, le programme n’aurait atteint que 25% des objectifs fixés initialement. Pourtant, tout le monde a pu constater que, depuis au moins deux ans, de plus en plus de véhicules neufs sont utilisés comme de petits taxis. D’ailleurs, même les chiffres du concessionnaire de la marque Dacia (marque qui jouit d’un intérêt particulier chez les opérateurs) sont éloquents. Sur les neuf premiers mois de 2014 par exemple, plus de 2700 véhicules à usage de taxi ont été commercialisés. Le constructeur serait ainsi passé d’une moyenne de 200 taxis vendus par mois, l’année dernière, à 300 véhicules cette année.

Selon un professionnel du secteur de l’automobile, il s’avère en effet que la quasi-majorité des ventes de véhicules à usage de taxis se font sans le recours à l’exonération de la TVA qu’offre l’État pour tout renouvellement. Dans la pratique, un propriétaire de taxi souhaitant renouveler son véhicule doit demander une autorisation d’exonération de la TVA auprès des services de la wilaya concernée. Cette autorisation est ensuite présentée au concessionnaire pour que le véhicule lui soit facturé hors taxe.

Les syndicats préfèrent une réorganisation du secteur au renouvellement

«De nature, dans la profession, les propriétaires de taxis se refusent à toute procédure au cours de laquelle ils doivent fournir des informations sur leur activité, même quand cela ne concerne pas leurs revenus», indique un syndicaliste. La situation tendrait à se généraliser de telle sorte que certains concessionnaires ont tout bonnement choisi de ne proposer que des ventes en TTC, de manière à éviter les tracas comptables liés à un mix de vente de véhicules en HT et en TTC, explique-t-on en substance. Assisterons-nous donc au même scénario pour le programme dédié aux grands taxis ? De prime abord, on peut dire que depuis l’annonce des premières offres des concessionnaires intéressés par la commercialisation des véhicules à usage de grands taxis, l’intérêt y est. «Nous avons enregistré un grand nombre de demandes de renseignements ces dernières semaines, ce qui dénote de l’intérêt porté au Dacia Lodgy», explique-t-on auprès de Renault Commerce Maroc. Pour ce qui est de la volonté des clients de concrétiser l’opération d’acquisition en passant par la subvention de l’État, le montant de cette aide, qui couvre quasiment 50% du prix, est suffisamment attrayant pour convaincre les propriétaires de taxis de la solliciter.

La question qui reste maintenant posée est : dans quelle mesure cet intérêt exprimé sera-t-il réellement concrétisé et permettra d’en finir avec les taxis vieux de 30 ans? A en croire les syndicats, il se pourrait bien que beaucoup de demandes de renseignements restent sans suite ou, du moins, ne se concrétisent que dans une moindre mesure. La raison est que ces syndicats ont déjà fait savoir à leurs adhérents leur refus total du programme de l’État, dans le sens où celui-ci vient répondre à une frange minoritaire du secteur sans pour autant résoudre les vrais problèmes. «Ce programme est surtout fait pour les propriétaires de taxis qui exploitent eux-mêmes leurs véhicules. Ceux qui confient l’exploitation à des chauffeurs n’ont pas intérêt à investir dans un nouveau véhicule vu que, dans tous les cas, ils reçoivent leur loyer», martèle un syndicaliste. Pour ce dernier, le secteur n’a pas besoin d’un programme de renouvellement, du moins pas encore, mais plutôt d’un programme de réorganisation permettant de le débarrasser des rentiers pour ne garder que les professionnels.