Affaires
Gestion des espaces verts : l’activité peine à se professionnaliser
L’absence de texte réglementaire dédié favorise le développement de mono-entrepreneurs pas toujours bien formés. Les prix élevés du mètre carré minéral, préféré par les promoteurs immobiliers, minimisent la valeur ajoutée d’un mètre carré végétal.

Le Maroc se prépare à l’entrée en vigueur du projet de loi-cadre portant charte de l’environnement et du développement durable, pour l’heure adopté par le Conseil du gouvernement, mais le moins que l’on puisse dire c’est que la préparation rique d’être longue. Si l’on prend le seul article 3 du projet de loi-cadre qui déclare solennellement que «tout citoyen a le droit de vivre dans un environnement sain et de qualité», il est légitime de se demander comment ce droit sera assuré du jour au lendemain. La question de l’aménagement extérieur dans son ensemble, ou tout simplement des espaces verts, est en ce sens un cas concret. Sans parler de la polémique actuelle qui tourne autour de la dégradation du Parc de la Ligue arabe, la gestion des espaces verts publics, comme privés d’ailleurs, laisse encore à désirer. Rachid Aouch, architecte-paysagiste, ne mâche pas ses mots : «Au Maroc, le paysage n’est pas encore reconnu pour être traité comme il le mérite. L’activité d’entretien des espaces verts est inexistante : ce n’est pas un marché, c’est une véritable jungle». Cette situation est le résultat d’une absence totale de réglementation dédiée à l’activité. Une personne possédant une tondeuse peut vendre ses services en tant que jardinier, paysagiste, voire plus. De plus, le manque de formation gangrène encore le secteur.
Un manque cruel de formation reconnue
Ainsi, si le nombre de personnes exerçant dans le secteur n’est pas négligeable, la qualité des prestations laisse apparemment encore à désirer. «Aucune formation marocaine liée au paysagisme n’est reconnue par la Fédération internationale des architectes-paysagistes (IFLA) qui privilégie un cursus pédagogique», affirme Rachid Aouch. Arrivée au Maroc en 2011, la société portugaise Vibeiras, spécialisée dans la création et l’entretien d’aménagements extérieurs, est plus conciliante sur l’évolution du secteur. «L’Etat et les entreprises publiques accordent de plus en plus d’importance aux espaces verts. Nous recevons de plus en plus de demandes de devis», témoigne la direction de Vibeiras. Les prix, quant à eux, restent pourtant accessibles. «Un mètre carré minéral [ndlr : très souvent bétonné] coûte 5 à 10 fois plus cher qu’un mètre carré végétal. Pour créer un gazon, il faut par exemple compter 10 DH le m2 ; un massif de fleurs entre 15 et 20 DH le m2», poursuit M. Aouch. Or, ce qui intéresse les promoteurs immobiliers c’est bel et bien de vendre le «mètre carré minéral» qui coûte bien plus cher.
En ce qui concerne l’entretien, il faut compter en moyenne 5% du coût initial par an. «Nous soumissionnons à chaque appel d’offres mais les prix sont très bas», confirme Vibeiras.
