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Affaires

Gestion des déchets hospitaliers : 21 hôpitaux publics équipés, 87 recourent à  l’externalisation

Il reste encore 19 hôpitaux, situés principalement dans l’Oriental et le Sud, qui continuent de gérer leurs déchets à  l’ancienne. Les centres de santé n’attendent plus que le feu vert du ministère de tutelle. En l’absence de contrôle, beaucoup d’établissements privés font fi de la loi.

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gestion dechets Hospitaliers 2013 02 20

Dans le domaine de la gestion des déchets, peu importe leur origine, le Maroc n’est pas toujours à plaindre. Si la situation est à la limite de la catastrophe en ce qui concerne les déchets ménagers, il y a un domaine dans lequel on poursuit des efforts plutôt concluants : le traitement des déchets médicaux et pharmaceutiques, ou déchets hospitaliers. Certes, il y aura toujours possibilité de faire mieux. Mais il n’empêche qu’en l’espace de quelques années, c’est-à-dire depuis l’adoption du décret relatif à la gestion de ces déchets hospitaliers en vertu de la loi 28 00 relative à la gestion des déchets, la situation a clairement évolué. En 2010, seulement 13 hôpitaux, sur les 142 que compte le pays, disposaient d’un broyeur-stérilisateur permettant d’éliminer l’aspect infectieux du déchet et de réduire ce dernier en volume.

Un marché porteur pour les sociétés privées

Aujourd’hui, et d’après les données confiées par le Dr Ahmed Boudak, chef de division à la direction des hôpitaux et des soins ambulatoires, 21 hôpitaux en sont équipés, ce qui leur permet de traiter, en plus de leurs propres déchets, ceux de 15 autres hôpitaux. Acquis au fur et à mesure par le ministère de la santé, ces machines coûtent entre 2 et 2,5 MDH l’unité.

Toujours selon le Dr Boudak, 87 hôpitaux ont choisi de confier la gestion des déchets à des sociétés privées. Le ministère de la santé dépense ainsi chaque année pas moins de 11 MDH pour cette prestation qui revient en moyenne à 7 DH le kilo.

Il reste donc 19 hôpitaux, situés principalement dans les régions de l’Oriental et du Sud, qui se contentent pour l’instant du système D, à savoir l’incinération ou l’enfouissement. N’intéressant pas ou prou les opérateurs privés pour des raisons de rentabilité, la gestion des déchets de ces hôpitaux est tout de même en discussion depuis quelque temps au niveau du ministère de la santé. «Des solutions sont à l’étude, de notre côté comme de celui des opérateurs privés. Le budget est disponible, mais l’éloignement et le peu de quantité de déchets produite complique les choses», indique le Dr Ahmed Boudak.

A ces 19 hôpitaux s’ajoutent les milliers de centres de santé qui sont éparpillés dans le pays. Pour l’instant, aucun d’entre eux ne traite ses déchets médicaux et pharmaceutiques comme le prévoit la réglementation. «Ils ne disposent pas encore d’une feuille de route budgétaire. De notre côté, nous attendons patiemment le feu vert avec le lancement d’appels d’offres», affirme Lamia Taymi Lopez, gérante de Tozone Dasri, une entreprise spécialisée dans le domaine.
Du côté des établissements privés, il est difficile d’obtenir des statistiques sur la production de déchets. Mais de l’avis de Lamia Taymi Lopez, le marché n’est pas encore saturé. «Dans le privé, ils sont plusieurs à attendre la généralisation de l’application de la loi dans le secteur public avant de s’y mettre», confie-t-elle. Et pourtant, on ne peut pas dire que ces établissements privés manquent de moyens. C’est en partie l’absence de contrôle qui encourage les laboratoires, cliniques et centres de dialyse à continuer à travailler comme à l’accoutumée.

Néanmoins, il ne faut pas jeter la pierre à l’ensemble du secteur privé. Nombreux sont les établissements à faire de la gestion de leurs déchets une priorité, ne serait-ce que pour leur image. «La plupart des cliniques de la région Rabat-Casablanca sous-traitent la filière», indique Lamia Taymi Lopez. Dans son portefeuille clients, cette dernière compte d’ailleurs une dizaine de laboratoires et autant de cliniques. Tozone Dasri travaille également avec des sociétés privées dotées d’une infirmerie.