Affaires
Fronde à l’ONDA : des collaborateurs refusent de rejoindre leurs nouveaux postes
Les protestataires avancent que leurs nouveaux postes ne correspondent pas à leurs compétences. La direction de l’office dénonce la pression et refuse de faire marche arrière. Sur 515 postes à pourvoir, 287 sont déjà attribués.
L’Office national des aéroports (ONDA) n’en finit pas de défrayer la chronique. Alors que l’ancien DG, Abdelhanine Benallou, et trois de ses collaborateurs sont toujours aux mains de la justice et que d’autres cadres toujours en fonction sont entendus par la police judiciaire dans le cadre de cette affaire, voilà que Dalil Guendouz, DG depuis février 2010, doit faire face à la fronde de certains de ses collaborateurs. Il s’agit d’une poignée de cadres qui estiment, d’une même voix, que leur affectation à de nouveaux postes dans le cadre de la nouvelle organisation de l’établissement ne correspond ni à leurs profils ni à leurs compétences. Certains crient à la marginalisation, voire au règlement de comptes de la part de leur hiérarchie.
Il va de soi que chacun présente son cas comme unique et sous le meilleur angle pour appuyer ses affirmations et dénoncer l’injustice dont il est l’objet. Et du particulier, on passe au général pour critiquer le nouvel organigramme et la manière dont il a été conçu, c’est-à-dire en procédant à un appel à candidature en interne qui aurait permis au DG de «nommer qui il veut au poste qu’il veut, selon des critères subjectifs et personnels qui ne servent pas l’entreprise».
C’est le cas de Driss Omari qui met en évidence son curriculum vitae et une partie de sa carrière passée aux Etats-Unis pour appuyer ses arguments. Après avoir occupé le poste de chef de la division développement durable où il dit avoir fait du bon travail en mettant sur pied une stratégie pour l’ONDA qui n’en avait pas dans ce domaine, il se retrouve, par le biais de la nouvelle organisation, chef du département certification dépendant de la direction qualité. M. Omari estime qu’une telle affectation ne correspond ni à ses compétences ni à sa formation.
Habiba Birrouk, qui était chef de la division Inspection s’est trouvée, explique-t-elle, «affectée à la direction d’exploitation avec comme directeur une personne avec qui elle a un conflit en rapport avec l’affaire Benallou». Elle dit même avoir été menacée à maintes reprises par ce directeur. Plus grave, elle annonce avoir fait l’objet d’une agression au parking de l’ONDA. L’enquête, en cours, est menée par la Gendarmerie royale. D’autres qui tiennent à garder l’anonymat dénoncent aussi, à tort ou à raison, la manière dont l’office est aujourd’hui gérée.
L’arbitrage du ministère de l’équipement et du transport est sollicité
Selon un responsable syndical au sein de l’office, les postes à pourvoir dans le cadre du nouvel organigramme n’ont jamais été définis clairement, de même que les critères de leur attribution. Du coup, l’ONDA se retrouve, dit-il, avec «des chefs de division et de département qui ont le niveau bac et certains directeurs centraux qui ont le niveau Bac+2».
Certaines personnes qui ont refusé leur nouvelle affectation ont été traduites en conseil de discipline, d’autres sont en arrêt maladie et, affirme ce syndicaliste, «beaucoup ont accepté leur poste par peur de perdre leur travail». Bref, l’ambiance est malsaine. Des protestataires ont même sollicité par courrier l’arbitrage du ministre de l’équipement et du transport.
Evidemment, la direction de l’ONDA ne voit pas les choses de cette manière, et sa version est à l’opposé des affirmations de ses collaborateurs.
«L’ONDA ne se pliera pas devant les tentatives d’intimidation d’un noyau de collaborateurs qui ne veut pas prendre le train du changement», réagit la direction générale qui ajoute que comme dans toute entreprise, «tout le monde ne peut pas être satisfait» et déplore «la pression que tente d’exercer une poignée de collaborateurs mécontents par voie de presse». Elle souligne, en substance, qu’il n’est pas étonnant que dans une entreprise comme l’ONDA, qui est en pleine restructuration, que les résistances au changement soient nombreuses, et ceci est d’autant plus vrai que l’entreprise a connu des problèmes par le passé, notamment au niveau de la gouvernance.
Ceci étant, la direction regrette que ses collaborateurs qui ont des compétences ayant justifié leur nomination à des postes importants les aient refusés, au lieu de considérer leur nouvelle affectation comme une opportunité d’évoluer intellectuellement et professionnellement, sous prétexte que la fonction n’est pas exactement la même que celle qu’ils ont occupée auparavant. Elle souligne que pour la première fois dans l’histoire de l’ONDA, 515 postes de responsabilité ont été ouverts aux candidatures internes, et qu’à ce jour 287 postes ont été attribués à ses collaborateurs en interne, soit plus de la moitié des postes disponibles. Une occasion ratée pour les récalcitrants ? Affaire à suivre…