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Exploration pétrolière : 0,04 puits foré par 100 km2
Le Maroc est encore loin de la moyenne internationale en matière d’exploration, qui est de 10 puits par 100 km2. Les investissements dans le secteur devraient dépasser 5 milliards de DH en 2014. Deux majors parmi les 34 sociétés qui explorent le sous-sol marocain.

Ne donne-t-on pas plus d’importance qu’il ne faut à l’exploration pétrolière au Maroc ? La question revient en tout cas de plus en plus au sein de la communauté des affaires. Certaines statistiques annoncées en marge du sommet marocain du pétrole et du gaz, tenu la semaine écoulée à Marrakech, pencheraient même vers ce sens. Au Maroc, la densité des forages de puits est en effet de 0,04 par 100 km2. Ce chiffre est très loin de la moyenne mondiale que les experts évaluent à plus de 10 puits par 100 km2. Même avec les 27 forages programmés pour 2014, contre 4 seulement réalisés en 2013, la densité des forages est loin d’atteindre les standards qui feraient du Maroc un pays dynamique en matière de recherches de pétrole. Un autre indicateur de taille vient corroborer cette thèse.
Actuellement, selon Amina Benkhadra, directrice générale de l’ONHYM, 34 sociétés explorent le sous-sol marocain à travers 131 permis d’exploration on-shore et offshore et cinq contrats de reconnaissance. Sur ces 34 sociétés, deux seulement sont des majors du secteur, à savoir Chevron-Texaco et British Petrolum. Le reste des compagnies sont de tailles moins importantes. Or, nul n’ignore que la présence de majors (sur les 7 d’antan, il n’en reste plus que 4 en raison des opérations de fusion absorption; en plus des deux cités, il y a donc ExxonMobil et Royal Dutch Shell) du pétrole dans un pays en exploration est particulièrement stratégique.
D’un côté, ils disposent de moyens financiers conséquents leur permettant de réaliser les investissements nécessaires dans un secteur fortement capitalistique. A ce titre, il faut savoir qu’une seule opération de forage en onshore coûte, selon les estimations de l’ONYM, entre 50 et 150 MDH, auxquels il faut ajouter les frais des différentes études sismiques. En off-shore, il faut compter au moins le double. Si le pétrole venait à être découvert, l’investissement nécessaire pour les installations et la production atteindrait alors 5 milliards de DH en onshore, et jusqu’à 20 milliards de DH en offshore.
D’un autre côté, la présence des majors peut se traduire par effet d’aimant pour d’autres opérateurs, de tailles certes moins importantes, mais dont la présence permet de couvrir un maximum de zones d’exploration. Aujourd’hui, il en existe certes au Maroc, à l’image de Repsol ou Total, mais le Maroc a besoin d’un nombre encore plus important d’opérateurs que les 34 existants à ce jour. C’est d’ailleurs ce qui pousse les officiels marocains à multiplier les campagnes de promotion de la destination Maroc auprès des pétroliers internationaux, quelle que soit leur taille. «Cette année, plus de 5 milliards de DH seront investis dans l’exploration. C’est une enveloppe conséquente certes, mais on aurait naturellement préféré en avoir beaucoup plus», confie Amina Benkhadra. Ceci est d’autant plus logique que l’Etat marocain ne dispose pas de moyens à même de lui permettre de prendre seul en charge une partie des investissements. De plus, pour les spécialistes, on ne peut attirer les majors du secteur que si le pays affiche un niveau d’exploration important, chose qui n’est pas encore le cas au Maroc malgré les 900 000 km2 de bassins sédimentaires existants.
Le niveau des investissements est en hausse
C’est dire que l’exploration pétrolière aura beau faire la une des journaux nationaux, il n’en demeure pas moins que le Maroc n’est pas encore une plateforme stratégique pour les grandes firmes spécialisées. Comment peut-on alors expliquer l’optimisme des officiels marocains et l’importance stratégique qu’ils donnent à l’exploration dans leurs discours ? En fait, le Maroc présente bel et bien du potentiel. Ce dernier découle des études géologiques effectuées et qui ont démontré l’existence de bassins sédimentaires. Néanmoins, à ce jour, aucun signe positif n’est venu confirmer la rentabilité des gisements. Les deux seules grandes annonces qui revêtent un caractère certain faites à ce jour, sont pour le moins décevantes. En mars dernier, la compagnie pétrolière britannique Cairn Energy a annoncé avoir rebouché et abandonné, sans procéder à aucun test, le puits d’exploration offshore Juby Maritime (JM-1) qui a abouti à une nappe de pétrole lourd dans une formation du Jurassique. L’exploitation de ce gisement n’est pas rentable. Du moins, pas pour les années à venir. En mai courant, c’était au tour du groupe irlandais Fastnet Oil & Gas d’annoncer la découverte de pétrole dans son puits d’exploration FA- 1, à Foum Assaka dans l’Offshore Atlantique, mais que les quantités estimées étaient commercialement inexploitables. Mais cela ne suffit pas pour décourager le Maroc. Mieux encore, bien que le volume des investissements n’atteint pas encore le niveau escompté, il est tout de même en évolution constante. «Auparavant, le Maroc exigeait une participation de 51% dans les opérations d’exploration. Depuis la révision du code des hydrocarbures au début des années 2000, l’Etat limite sa participation à 25%, ce qui est de nature à rendre le Royaume particulièrement attractif», explique la directrice générale de l’ONHYM. Interrogé en marge du sommet du pétrole et du gaz tenue à Marrakech la semaine écoulée, plusieurs dirigeants des groupes pétroliers présents au Maroc le confirme. Que ce soit Chevron, Repsol ou Gulfsands… tous s’accordent à dire que les conditions aujourd’hui offertes par le Royaume sont parmi les plus attractives au monde.
