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Essaouira n’arrive pas à  s’imposer comme destination majeure

Elle continue d’être une ville d’excursions et de passage sans plus. La capacité actuelle de 5 000 lits sera doublée dès l’achèvement de la première phase de la station balnéaire Mogador.

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Essaouira Mogador Maroc 2011 05 27

S’il y a une destination nationale qui devrait en ce moment figurer en bonne place dans les programmes de promotion, c’est bien Essaouira, ville qui jouit spontanément d’une renommée internationale, construite d’abord grâce au bouche à oreille, et, plus tard, grâce à ses festivals dont le plus important est celui des Gnawás. Pourtant, choisie pour abriter l’une des grandes stations balnéaires du plan Azur, elle ne récolte pas encore les fruits de sa célébrité. Même si elle fait le plein durant la période estivale, la destination affiche encore l’un des taux d’occupation les plus bas du pays, puisqu’il ne dépasse pas en moyenne 26% -malgré un bon 43% pour le premier trimestre 2011- contre une moyenne nationale qui oscille autour de 50%.
Le faible taux d’occupation est la résultante de la croissance constante de sa capacité d’hébergement classé alors que les arrivées ne suivent pas au même rythme. Le nombre de lits est en effet passé de 1 286 en 2001 à 5 000 lits aujourd’hui. La ville abrite trois hôtels 5* totalisant 473 chambres, soit les deux Sofitel dont le dernier ouvert fait partie de la première tranche opérationnelle de la nouvelle station Mogador et l’hôtel Atlas Mogador. Les hôtels 4* au nombre de deux (hôtel des Iles et le Riad Mogador) totalisent 221 chambres, et les 3*, 218. La part la plus importante de la capacité d’hébergement classé de la ville est constituée de petits hôtels 1* qui totalisent 553 chambres, selon le Conseil provincial du tourisme (CPT). A cela, il faut ajouter une flopée de petits établissements non classés ainsi que l’hébergement informel dans les maisons de la médina et les appartements qui sont très prisés par la clientèle nationale pour laquelle la ville n’offre pas jusqu’à présent de lieux d’hébergement adaptés à son budget et à ses habitudes de vie.
Ceci dit, le logement informel n’a pas vraiment d’impact sur le taux de remplissage des hôtels classés, estime Amine Chanin, président du CPT d’Essaouira, qui précise qu’une campagne de classement avait été diligentée en début d’année dans les hôtels non classés dont les arrivées et les nuitées échappaient complètement aux statistiques officielles.
Toujours est-il que malgré sa notoriété, comme en témoigne le taux de retour des touristes qui visitent la ville, Essaouira  n’arrive pas à s’imposer comme une destination à part entière. Elle reste  une ville de passage et d’excursions, à partir de Marrakech ou de Casablanca, et cette tendance est encouragée par la liaison routière à double voie entre Chèchou et Essaouira.

Mal desservie par l’aérien

Autre facteur pénalisant, la ville est mal desservie en aérien. On peine à croire, en effet, qu’une destination comme celle-ci soit desservie par un seul vol hebdomadaire à partir de Paris durant toute l’année, à l’exception de la période estivale où le nombre de vols ne dépasse pas trois ou quatre. Pour les vols internes, c’est le même cas de figure. L’unique vol de Royal Air Maroc ne serait pas du tout rentable.
«Il fut bien un temps où des vols internes pour Essaouira étaient organisés le week-end dans le cadre d’un partenariat entre Atlas Voyages et Regional Air Lines», rappelle un hôtelier de la ville. «Mais cette formule, bien qu’elle était très porteuse, n’existe plus depuis la disparition de la compagnie», regrette-t-il. Pour Amine Chbani, Essaouira a joué de mauvaise chance, car ses nouvelles infrastructures touristiques arrivent en temps de crise, c’est-à-dire une période où personne ne veut prendre le risque de programmer la destination. Pourtant, la destination, avec son arrière pays riche et varié, mérite d’être commercialisée et promue par l’Office  national marocain  du tourisme ( ONMT) comme bien d’autres destinations nationales. Cela finira par arriver quand la station balnéaire Mogador sera achevée, ou du moins sa première phase qui couvre 250 ha et qui a nécessité un investissement de 4,5 milliards de DH. L’achèvement des travaux est prévu en 2013.
A cette échéance, la destination comptera 5 000 lits supplémentaires dont 3 500 lits hôteliers, ce qui portera la capacité totale de la destination à 10 000 lits, sans parler des projets hôteliers qui sont ou seront réalisés en dehors de la station balnéaire. Ne faut-il pas commencer à penser dès aujourd’hui à promouvoir la destination auprès des tour-opérateurs dans les marchés émetteurs, car pour  ce genre de destination, il faut du temps pour qu’elle prenne ses marques. Le cas de Saïdia est à cet égard édifiant.
Pour l’heure, l’ONMT et le CPT d’Essaouira travaillent sur une petite campagne de promotion destinée aux nationaux pour la période de juillet et août, sachant que ce dernier mois coïncide avec Ramadan.