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Affaires

Enfin, un projet sérieux de réforme de la filière céréalière

Réduction annuelle du contingent de farine nationale de blé tendre de 20 à 25% sur 4 ou 5 ans
Baisse progressive des droits d’importation sur les blés sur une période de 15 ans.
Suppression progressive des droits de douane sur le maïs et l’orge.

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Tandis que le Haut commissariat au plan (HCP) s’est attelé à présenter, lundi 1er juillet, la configuration de l’agriculture marocaine sur un horizon de vingt ans, moyennant trois scénarios, la famille meunière, elle, s’était réunie deux jours auparavant pour débattre des préoccupations du secteur, liées principalement à la céréaliculture. Le clou de cette rencontre reste certainement la présentation, par Hassan Serghini Idrissi, directeur de la programmation et des affaires économiques (DPAE) au ministère de l’agriculture, des grandes lignes du projet de réforme du secteur céréalier.

Attendue depuis longtemps par les professionnels, cette réforme devient chaque jour plus urgente. Et la conjoncture actuelle (nationale et internationale) s’y prête : production céréalière volatile, quasi-stagnation des rendements des blés depuis vingt ans, qualité du blé local, notamment du blé dur, qui ne répond plus aux exigences des industriels, flambée des cours mondiaux des céréales, appelée sans doute à s’exacerber, notamment par le recours aux biocarburants qui exercera une forte pression sur la demande, etc. Partant de ce constat, la réforme ne doit plus attendre, car, comme l’a souligné le DPAE lui-même, «le coût de la non-réforme est énorme».

Les principaux axes de ce projet de réforme concernent d’abord la farine nationale de blé tendre (FNBT). Que de débats et de polémiques suscités par ce fameux acronyme ! D’un volume de 12,5 millions de quintaux de blé pour la fabrication de 10 millions de quintaux de farine, la FNBT est, comme on sait, subventionnée par l’Etat à hauteur de 2 milliards de DH chaque année. Une subvention jugée par beaucoup comme accordée en pure perte puisque ne profitant pas ou très peu aux couches défavorisées ; sans compter les énormes problèmes que pose sa gestion.

Le projet de réforme propose de réduire annuellement le contingent de la FNBT de 20 à 25% pour le faire disparaître au bout de la 4e ou 5e année. Toutefois, il est suggéré de maintenir 2 à 2,5 millions de quintaux pendant cinq ans au seul profit des zones défavorisées, puis de remplacer ce système par des aides directes aux populations vulnérables.

Les petits agriculteurs, acheteurs nets de céréales
Le deuxième axe du projet de réforme porte, lui, sur ce qui pourrait être une indexation des prix nationaux sur les cours mondiaux. Cette «transmission» des signaux du marché international devrait passer, notamment, par «une baisse progressive» des droits d’importation sur les blés sur une période estimée par le DPAE à 15 ans ou plus et une harmonisation de la protection entre le blé dur et le blé tendre, cette fois sur 10 ans.

Le projet de réforme prévoit également une révision progressive à la baisse des droits d’importation sur le maïs et l’orge pour une élimination au bout de cinq ans. Le ministère de l’agriculture estime que cette suppression des droits n’aurait pas d’ impact sur les prix de l’orge locale. Il est même souhaitable de procéder dès à présent à la réduction des droits d’importation sur ce projet pour atténuer les effets de la sécheresse sur le cheptel.

En tout cas, avec la volatilité qui caractérise la production nationale de céréales, en raison des aléas climatiques, et par conséquent la nécessité de privilégier d’autres cultures, la protection à la frontière pose plus de problèmes qu’elle n’en résout. D’autant que, on le sait maintenant, les petits agriculteurs, censés bénéficier de la protection, n’ont rien à vendre, au contraire, ils sont acheteurs nets de céréales.