Affaires
En trois mois, le Trésor a réalisé un gain de 15 MDH sur le marché interbancaire
Ses placements ont représenté un volume moyen journalier de 2 milliards de DH pour une rémunération de 3,25% environ.
Les banques ont bénéficié d’un accès moins cher au financement d’une durée inférieure à 7 jours.

Cela fait presque trois mois maintenant depuis que le Trésor a lancé (le 18 février dernier) son opération dite de gestion active de la Trésorerie publique, qui consiste à placer ses excédents (au-delà d’une certaine encaisse nécessaire pour les besoins urgents) sur de très courtes périodes de 24 h ou 48 heures, soit en blanc soit avec prise en pension. Dans ce nouveau système de gestion de la Trésorerie publique, il est également prévu que le Trésor, en cas de besoin ponctuel, emprunte sur le marché interbancaire pour des durées pouvant aller de 1 à 7 jours. Jusqu’à présent, toutefois, il n’a pas eu recours à cet instrument, mais seulement à des placements. Et ceci pour la raison simple, explique Nouma Znaidi, chef de service des opérations de marché à la direction du Trésor et des finances extérieures, que «la direction du Trésor mène une gestion de trésorerie prudente qui consiste à garder au niveau du compte courant du Trésor une encaisse minimale de précaution qui permet justement de faire face aux besoins de trésorerie ponctuels, étant entendu que cette encaisse de précaution est rémunérée par Bank Al-Maghrib». Donc, pour le moment, pas de besoins urgents incitant à emprunter sur du très court terme. Soit dit en passant, le Trésor continue de se financer mais essentiellement et en priorité sur une base hebdomadaire et par l’émission de bons du trésor sur le marché des adjudications.
Qu’est-ce que ce nouvel instrument de gestion a-t-il rapporté au Trésor ? Quel effet cela a-t-il produit sur le marché interbancaire ? Après douze semaines de fonctionnement, il est certes trop tôt pour faire un bilan complet de ce mécanisme. Mais d’ores et déjà, on peut dire que cela a été, et ne pouvait être que bénéfique pour le Trésor (puisqu’il ne s’était agi que de placements jusqu’ici) et aussi pour les autres intervenants sur le marché interbancaire.
Le Trésor privilégie les placements avec prise de pension, plus sûrs
Pour le Trésor d’abord. Selon Nouma Znaidi, depuis le démarrage de ce système, le Trésor a effectué des placements d’un volume moyen journalier de 2 milliards de DH pour une rémunération moyenne de 3,25 %.
La responsable des opérations de marché à la direction du Trésor refuse de communiquer pour l’instant sur la cagnotte que ces placements ont rapportée, mais si on a bien fait notre calcul, le gain pour le Trésor en trois mois a été d’environ 15 MDH. Quand on sait qu’avant la mise en place de ce dispositif, l’argent non utilisé disponible sur le compte courant ne rapportait pas un centime, alors même que le compteur des intérêts sur les emprunts du Trésor n’arrêtait pas, lui, de tourner, c’est l’évidence même que l’opération ne pouvait être que bénéfique. D’autant que le Trésor ne prend aucun risque dans ses placements puisqu’il privilégie les placements avec prise en pension des valeurs du Trésor, surtout pour des durées dépassant une journée. «Ce type de placement ne comporte pas de risque de contrepartie du moment qu’il est collatéralisé, c’est-à-dire que le Trésor reçoit en contrepartie des montants placés des bons du Trésor d’une
valeur équivalente», explique Mme Znaidi.
Et pour les banques, maintenant ? Le fonctionnement classique du marché monétaire est connu (voir encadré), il continue selon le même schéma, sauf qu’avec l’arrivée du Trésor comme acteur de ce marché, les banques bénéficient d’un accès plus…aisé à des financements inférieurs à 7 jours, grâce justement aux placements du Trésor. L’exemple cité par la responsable des opérations de marché à la direction du Trésor illustre parfaitement cette nouvelle donne. Chaque mois de mars, explique-t-il, suite à l’encaissement des recettes fiscales, les banques, d’où proviennent ces fonds, sont en manque de liquidité, au moment même où le Trésor, lui, enregistre des recettes très importantes. Avec ce système de placement du Trésor, les impôts et autres taxes collectés retournent d’où ils sont venus, c’est-à-dire dans le système bancaire.
