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Affaires

En dépit de la guerre, les industriels marocains lorgnent le marché irakien

Le flux commercial entre le Maroc et l’Irak est pratiquement gelé
depuis un an.
Pour relancer les échanges, le CMPE veut emmener des opérateurs
à la foire de Bagdad prévue en novembre 2004.

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Contrairement à ce que l’on croit, le flux d’affaires entre le Maroc et l’Irak est pratiquement gelé depuis une année. «Alors qu’il y avait une bonne reprise après la première guerre du Golfe, aujourd’hui il n’y a plus de visibilité en raison de la conjoncture politique. Pourtant, le marché irakien présente d’importantes opportunités», explique Mounir Bensaid, directeur du Centre marocain de promotion des exportations (CMPE).
Cet organisme avait initié, au cours des trois dernières années, plusieurs missions commerciales et de prospection pour identifier les secteurs porteurs et cerner les opportunités. Actuellement, il prépare la participation d’entreprises marocaines à la Foire de Bagdad, initialement prévue au début du mois d’avril courant, et dont la tenue a été reportée à novembre 2004 en raison de la conjoncture politique que vit le pays. Plusieurs secteurs sont concernés, notamment le BTP, l’ingénierie, la maintenance industrielle, les produits de consommation (agroalimentaire, médicaments, fournitures scolaires, pièces détachées automobiles, etc.), ainsi que les technologies de l’information.
«Ce n’est pas la première fois que le Maroc est représenté à une foire irakienne. Une opération similaire avait permis, en 2001, à 145 entreprises nationales d’exposer leurs produits en Irak», raconte le directeur du CMPE. Et d’ajouter que, pour la foire de l’automne prochain, plusieurs opérateurs se sont inscrits et souhaiteraient faire le déplacement. Propos qui nous ont été confirmés par plusieurs chefs d’entreprises ayant déjà réalisé des transactions avec les entreprises irakiennes. La Vie éco avait d’ailleurs publié, dans son édition du 26 mars, l’adresse internet d’un site (www.rebuildingiraq.net) proposant 2 311 marchés disponibles.

Plusieurs contrats d’exportation actuellement en stand-by

«Aujourd’hui, il est certes difficile d’aller là-bas ou encore d’élaborer une stratégie sectorielle globale pour se positionner, mais nous restons à l’écoute de ce marché. Toujours est-il que des opérateurs continuent de mener des initiatives individuelles», explique Chemseddine Ould Sidi Baba, responsable de la commission export de l’Association professionnelle de la bureautique et de l’informatique (Apebi). On retiendra dans le domaine des TI qu’un groupement de quatre entreprises a soumissionné à des appels d’offres lancés par l’Irak. Alors qu’une autre société tente de faire des transactions avec des privés irakiens via Dubaï et la Jordanie. Une voie que ne souhaite pas suivre Zakia Sekkat, PDG d’Oxyplast et présidente du Conseil des hommes d’affaires maroco-irakiens créé en 2000. Elle précise que «l’objectif du conseil, qui est malheureusement à l’ arrêt, est de mettre en place des projets en partenariat avec des privés irakiens sans passer par des plateformes intermédiaires. L’Irak présente plusieurs centres d’intérêt pour nous. Il n’est pas question, certes, pour le Maroc, d’intervenir dans les grands chantiers de reconstruction du pays, mais nous pouvons intervenir par le biais des biens de consommation et d’équipements, notamment le sanitaire, le carrelage, l’aluminium et la peinture, etc.». Son entreprise était en passe, avant la guerre, d’entamer, en partenariat avec des opérateurs européens, la remise en marche d’un complexe industriel à Bagdad, bombardé en 1991. Le projet est aujourd’hui en stand-by.
Outre ce projet, plusieurs opérations d’export sont gelées. C’est le cas de DAF, assembleur de poids lourds, qui n’arrive plus à suivre quatre contrats signés par l’intermédiaire des Nations Unies il y a une année. «Nous avons saisi l’organisation par écrit, mais nous n’avons toujours pas de réponse», raconte un responsable de la société. Entre 2001 et 2002, celle-ci avait effectué quatre expéditions sur ce marché pour un chiffre d’affaires de 60 millions de dollars (600 MDH). Les exportations en suspens représentent la même valeur.

Le Maroc a importé du pétrole et des dattes

Au sein du secteur pharmaceutique, les laboratoires n’échappent pas à ce blocage. Chez Pharma 5, fabricant de génériques, on déplore également la situation actuelle : «Nous avons dans le passé exporté par deux fois sur l’Irak, aujourd’hui c’est impossible. Nous aimerions aller en prospection et nouer des contacts mais pour l’instant c’est trop risqué».
Gel des contrats et impossibilité de faire de la prospection. Voilà à quoi se résument aujourd’hui les relations entre le Maroc et l’Irak. Pourtant, selon le CMPE, des programmes ont été déterminés et des besoins sont identifiés.
Les exportations entre les deux pays se sont faites, entre 1998-2002, dans le cadre du programme «Pétrole contre nourriture» initié par les Nations Unies, qui en déterminaient tous les mécanismes (financement et assurance). Les transactions portaient sur des produits divers allant de la maroquinerie et chaussure aux véhicules industriels en passant par les médicaments, la parfumerie ou encore les produits alimentaires. Les exportations ont enregistré une évolution soutenue entre 1998 et 2001 puisqu’elles sont passées de 35 millions à 397 MDH. Entre 2001 et 2003, c’est plutôt la tendance inverse qui a été enregistrée. Quant aux importations en provenance de l’Irak, elles ont porté essentiellement sur le pétrole et, à partir de l’année 2001, sur les dattes et le papier