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En 4 ans, le taux du crédit immobilier a augmenté d’un point et ce n’est pas fini

Les prêts aux particuliers ont subi la plus forte hausse : le crédit conso a également pris près d’un point. Pour les entreprises, le taux des facilités de caisse s’est renchéri d’un demi-point, celui des crédits d’investissement est resté relativement stable.

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Maroc credit IMMO 2012 07 31

Les taux des crédits bancaires augmentent lentement mais sûrement et la tendance ne devrait pas changer compte tenu du contexte économique et financier actuel. Depuis quatre ans, soit entre le second trimestre 2008 et le premier trimestre 2012, ils ont progressé en moyenne de 60 points de base selon les relevés périodiques effectués par Bank Al-Maghrib. Le taux moyen global, qui concerne toutes les catégories de crédits, est passé de 5,92% à 6,52%.

Sur les dernières années, ce sont les particuliers qui ont le plus subi les effets de la hausse. Le taux du crédit immobilier, qu’il soit à moyen ou long terme, à taux fixe ou variable, a augmenté de près d’un point, passant d’une moyenne de 5,24% au second trimestre 2008 à 6,19% au premier trimestre 2012 (+95 points de base). La hausse est même supérieure à un point si l’on remonte au quatrième trimestre 2007 où le taux des crédits immobiliers était descendu à 5,07%, son plus bas historique.
Le taux des crédits à la consommation est, lui, descendu à son niveau le plus bas durant le troisième  trimestre 2008, en atteignant 6,66%. Début 2012, ce taux était de 7,46%, soit 80 points de base de plus en presque 4 ans. Bien entendu, cette moyenne de 7,46% cache des taux qui peuvent atteindre plus de 14% (14,19% étant le taux maximum autorisé), en fonction du type du crédit conso, du profil du client, de la nature de l’organisme de crédit et de l’existence ou non d’une offre promotionnelle.

Pour les entreprises, les hausses de taux ont été relativement moins importantes. Le taux moyen des crédits à l’équipement a en effet peu varié : il a augmenté de 20 points de base en quatre ans, en passant à 6,16%. Quant aux facilités de caisse, leur taux a augmenté de 67 points de base, à 6,56%, sachant qu’il a connu deux périodes de forte hausse : fin 2008-début 2009 et tout au long de l’année 2011.

Les taux bancaires avaient atteint leurs plus bas niveaux entre 2007 et 2008

La tendance, quel que soit le type de crédit ou son bénéficiaire, a donc clairement été à la hausse durant ces dernières années, et cela tient à plusieurs facteurs, dont le principal est l’assèchement des liquidités. Avant l’année 2007, le marché bancaire était en effet structurellement excédentaire grâce à un matelas de devises étrangères confortable, ce qui avait favorisé une forte détente des taux débiteurs. Même quand la demande des agents économiques sur les financements augmentait, qu’ils soient particuliers, entreprises ou encore l’Etat à travers le Trésor, l’abondance de liquidités était telle que les taux continuaient de baisser. Ces derniers, qui dépassaient les 10% durant les années 1990, avaient fini par atteindre leurs plus bas niveaux entre 2007 et 2008, étant donné que la transmission de la situation du marché monétaire et obligataire vers les conditions d’octroi des crédits à l’économie dure au moins un semestre.

Et c’est à partir de 2007 que le contexte a complètement changé. La surliquidité du système bancaire s’est transformée en un déficit structurel causé par la baisse des avoirs en devises suite à l’envolée des prix des matières premières importées. En parallèle, l’Etat, afin de pouvoir maintenir les prix des produits de première nécessité inchangés, a dû augmenter ses emprunts sur le marché domestique pour financer son déficit. Résultat : une pression haussière s’est exercée sur les marchés monétaire et obligataire, et avec un différé de quelques mois sur les taux des crédits bancaires. Le coup d’envoi de la hausse avait été donné en 2009 par le relèvement du taux directeur de Bank Al-Maghrib à 3,5% en réaction à un taux d’inflation relativement élevé (3,5%). Suite à cette décision, les banques avaient décidé d’augmenter leurs taux, surtout ceux des crédits immobiliers. L’inflation s’étant assagie, la banque centrale a fini par abaisser son taux directeur à 3,25%, un semestre plus tard. Toutefois, les taux bancaires sont restés inchangés, le déficit du marché monétaire s’aggravant de plus en plus et le Trésor empruntant davantage que par le passé et tirant les taux de référence des crédits vers le haut.

Enfin, en mars de cette année, Bank Al-Maghrib a de nouveau baissé son taux directeur à 3%. Seulement, aucun repli des taux bancaires n’a été constaté, comme l’assurent plusieurs professionnels. Il faut dire que malgré la baisse du niveau d’inflation, la situation monétaire demeure des plus dégradées : le déficit du système monétaire atteint plus de 60 milliards de DH, les emprunts du Trésor doublent chaque année par rapport à la précédente et les impayés détenus par les banques, surtout sur des entreprises, progressent à deux chiffres. Les banques se refinancent certes moins cher, mais le problème de l’effritement des réserves en devises reste entier, de même que les besoins du Trésor grandissent toujours et créent un effet d’éviction. Ce qui laisse penser que les taux des crédits bancaires continueront d’augmenter. Certes, des périodes d’apaisement auront lieu suite à des facteurs conjoncturels, mais la tendance restera à la hausse.