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«En 2019, la priorité sera donnée aux projets d’investissement publics ayant un impact économique très élevé»
Les projets financés concernent les secteurs de l’énergie, du transport, l’irrigation et la gestion des ressources en eau, les start-up… En 2018, le total des financements de la BAD au Maroc a atteint 725 millions d’euros.
, BAD, Banque Depuis 1978, la Banque africaine de développement (BAD) a financé plus de 160 projets dans le Royaume pour un total de plus de 10 milliards de dollars. A l’occasion d’une interview accordée à «La Vie éco», la Responsable-pays de la BAD pour le Maroc, Leila Farah Mokaddem, revient sur les engagements de la Banque dans le Royaume.
Pouvez-vous nous détailler le programme de soutien à l’emploi que votre conseil d’administration vient d’approuver ?
Ce programme de financement de près de 97 millions de dollars s’étale sur une durée de quatre ans. Il prévoit notamment la création d’un centre dédié à la formation professionnelle en entreprenariat et la mise en place, pour la première fois au Maroc, d’un centre de formation pour la formation des formateurs. L’objectif est de faciliter l’accès des jeunes et des femmes au marché du travail et d’améliorer la qualité de l’emploi dans les régions. De ce fait, plus de 90000 demandeurs d’emploi auront accès, chaque année, au programme de soutien à l’employabilité «Taehil» ; plus de 180 000 chercheurs d’emploi bénéficieront des services d’accompagnement; et plus de 110000 jeunes, dont 50% de femmes, pourront accéder à des formations qualifiantes. A terme, 2000 entrepreneurs seront en mesure de créer, chaque année, leur propre entreprise.
Le programme utilise un instrument de financement basé sur les résultats. C’est ainsi que le contrôle de la mise en œuvre du projet se fera par une «entité indépendante», en l’occurrence l’IGR (Inspection générale des finances). Quant au contrôle de la BAD, il s’effectuera à chaque étape de l’exécution du projet et les décaissements n’auront lieu que si les résultats spécifiques (au nombre de huit) sont atteints.
Quels sont les autres projets financés ?
A l’heure actuelle, le portefeuille d’actifs de la BAD s’élève à un peu moins de 3 milliards d’euros dont environ 39% pour le secteur de l’énergie, sachant que 80% des projets de ce secteur concernent les énergies renouvelables (projet Noor Ouarzazate). Les projets en rapport avec le secteur du transport (parmi lesquels l’extension et la modernisation de l’aéroport international de Rabat-Salé) représentent, quant à eux, près de 21% du portefeuille. D’autres projets concernent l’irrigation et la gestion des ressources en eau : projets de transfert d’eau, de réhabilitation des terres agricoles, de barrages…
Un autre projet pour l’entrepreneuriat, appelé Souk At-Tanmia, vise à financer les start-up, à travers un appui en dons à leur capital d’amorçage (à hauteur de 30%). De même que nous allons prochainement octroyer une ligne de crédit de 100 millions d’euros à une grande banque privée de la place pour le financement des PME en Afrique subsaharienne.
Et pour la suite ?
Nous sommes en discussion pour le financement d’un projet de centrale solaire privée qui permettra, grâce à une technologie particulière, la génération d’eau potable et de glace.
En 2018, le montant total des financements de la BAD au Maroc a atteint 725 millions d’euros.
Qu’en est-il de 2019 ?
En ce qui concerne l’année 2019, la priorité sera donnée aux projets d’investissements publics ayant un impact économique très élevé. Il s’agit essentiellement de projets de transfert d’eau, de la dernière tranche d’électrification rurale, du transport de l’électricité renouvelable du Sud vers le Nord, du transport multimodal au niveau des zones logistiques telles que les ports, ainsi que d’un programme de protection sociale pour répondre aux inégalités existant dans les régions et permettre un accès plus étendu à toutes les franges de la population aux services publics de base.
Quelles sont les difficultés rencontrées lors de l’exécution des projets ?
En ce qui concerne les projets d’investissement, il n’y a pas de problème majeur, en dépit de quelques lenteurs observées au niveau de la passation des marchés. En revanche, il y a davantage de retard et de difficultés pour ce qui est de l’exécution des projets financés par des dons. Ces projets concernent le plus souvent des études de faisabilité ou de l’assistance technique à des organismes gouvernementaux. Dans ce cas, l’organisme bénéficiaire n’est pas toujours très au fait des procédures de la BAD, ce qui nécessite davantage de suivi. S’agissant du contrôle de la mise en œuvre, il est le même pour tous les types de projets et consiste en deux ou trois supervisions par an, effectuées par différentes équipes (fiduciaire, technique, etc.).
Il faut également savoir que la BAD effectue une évaluation annuelle de l’état d’exécution des projets. Cette évaluation donne lieu pour chaque pays à une notation interne. Dans le cas du Maroc, cette notation a toujours été «satisfaisante» ou «très satisfaisante». Pour l’année 2017, la notation du Royaume était de 3,7 sur une échelle de 4.