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Emploi : Les patrons veulent plus de «lisibilité»

Quand on les interroge sur leur vision de l’emploi et de l’employabilité, les opérateurs économiques manifestent leur volonté d’y mettre du leur pour les promouvoir. Encore faut-il réunir certains prérequis, dont un arsenal juridique qui permette une meilleure «visibilité».

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C’est une litote que de le rappeler : l’essentiel de la création de l’emploi relève du secteur privé. Toutes les estimations relèvent qu’il s’agit d’un rapport de 9 sur 10 des emplois créés qui est le fruit des opérateurs privés. Ce qui implique, on s’en doute, que c’est intimement lié à des facteurs exogènes, dont l’un des principaux leviers est l’investissement et, partant, l’état de santé des secteurs économiques.
Tout en s’inscrivant en appui à la démarche gouvernementale à travers les différents chantiers en cours, visant la lutte contre le chômage mais aussi et surtout la promotion de l’emploi et de l’employabilité, le patronat marocain estime nécessaire qu’un certain nombre de prérequis doivent être réunis pour relever ce défi.

Un arsenal juridique d’appoint
La Confédération générale des entreprises du Maroc, qui dit avoir honoré sa part du contrat résultant du Dialogue social, s’attend toujours à l’activation de certains «outcomes» dudit dialogue. Il s’agit notamment des pendants attendus au niveau de l’arsenal juridique, particulièrement, un nouveau code de l’emploi ainsi que la loi sur la grève. En effet, pour le patronat marocain, ces deux dossiers revêtent une dimension stratégique qui hypothèque, à leurs yeux, l’environnement des affaires et l’acte d’investir de manière générale. D’autant plus qu’ils participent à donner une meilleure visibilité aux opérateurs économiques.
C’est que, relève-t-on auprès de la CGEM, seuls des investissements conséquents sont à même de créer davantage d’opportunités d’emploi, mais surtout des emplois de «qualité». Et à ce niveau, la Confédération patronale n’a eu de cesse d’appeler à une convergence plus prononcée entre les offres de formation et les besoins du tissu productif. Ce qui passe, on s’en doute, par un diagnostic permanent des évolutions que connaissent les secteurs économiques pour mieux y arrimer les profils qui devront être formés en vue d’accompagner les dynamiques sectorielles. D’ailleurs, ces dernières années, on assiste non seulement à la multiplication des cursus de formation, notamment ceux portés par l’OFPPT, mais leur diversification, voire leur régionalisation.
Ceci étant, le secteur privé marocain demeure confiant quant aux perspectives d’évolution de l’économie nationale. Une évolution d’autant plus prometteuse aux yeux des opérateurs qu’elle sera marquée par le lancement de plusieurs chantiers structurants. A la CGEM, on pense à tous ces chantiers ouverts ou à ouvrir et où les investisseurs auront leur partition à jouer. Ils y croient et veulent bien s’y mettre tout en insistant sur les jalons qui devront être jetés pour aller de l’avant.

Les opérateurs en confiance
Mais, d’ores et déjà, et en attendant les grands coups de boost, tout porte à croire que les opérateurs économiques marocains sont dans un nouvel état d’esprit. D’ailleurs, sur ce point, l’un des indicateurs conjoncturels est l’enquête que produit, trimestriellement, le Haut-commissariat au plan. Pour sa dernière livraison datée courant mars, faisant l’état des lieux du quatrième trimestre 2022, doublé d’une anticipation sur le premier trimestre 2023, le topo qui se dégage, selon les avis des entreprises sondées, révèle globalement une certaine stabilité des effectifs des employés. Qui plus est promet, si on prend en considération une année agricole sous de bons auspices.
C’est le cas, notamment, du secteur de l’industrie manufacturière, dont le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) se serait établi à 76%, qui aurait connu une augmentation, résultat d’une hausse de la production dans les branches, entre autres, de l’«Industrie automobile», de la «Fabrication d’équipements électriques», etc.
Sur la même période, et malgré une légère baisse de l’activité, le secteur de l’industrie énergétique, dont les carnets de commandes sont jugés normaux, on aurait assisté à une augmentation des effectifs des employés, renseigne la même source.
Sous le signe de la «normalité» au niveau des carnets de commandes, l’industrie environnementale, elle, a été marquée par une stabilité et au niveau de l’activité et sur le plan de l’emploi. En outre, et malgré certaines difficultés inhérentes à son activité, la situation de l’emploi a été tout aussi stable pour le secteur de la construction, avec un TUC, néanmoins, de 67%, indique la même source.
Par ailleurs, et en ce qui concerne les prévisions relatives à ces mêmes secteurs, hormis les industries extractives et la production énergétique qui risquent de marquer le pas, les autres cases du tableau seraient à l’heure de la stabilité quant aux effectifs employés, et ce, nonobstant le fait que les patrons s’attendent à un trend haussier de la production dans l’industrie manufacturière, notamment dans l’industrie alimentaire, de la métallurgie ainsi que la fabrication d’équipements électriques. Le même topo était, également, attendu et pour le secteur de la construction et pour celui des industries environnementales, renseigne la note de conjoncture.

On positive

A lire les résultats de l’enquête du HCP, on en déduit que l’état d’esprit des patrons dégage une certaine confiance quant à la capacité des différents secteurs qui non seulement font de la résilience, mais aussi sont promis à générer de la croissance et, partant, de l’emploi. C’est qu’on n’est plus dans la situation du recul qui a marqué la parenthèse de la pandémie, ni non plus l’attentisme qui a déteint sur le comportement de l’écrasante majorité des secteurs économiques. Cette tendance est largement due aux actions menées par les antidotes portés par l’Exécutif. Ce qui s’est traduit par le fait que les adversités dues à la pandémie ont été, globalement, transformées en opportunités. D’autant plus que le Maroc n’a pas attendu la fin de la pandémie pour mettre au point et acter plusieurs plans de relance. La santé de plusieurs secteurs en livre la démonstration. Mais, selon certains patrons, encore faut-il inscrire le conjoncturel dans une perspective structurelle. Or, c’est sur quoi il va falloir se focaliser pour inscrire la dynamique dans la durée.