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Elles veulent toutes une nouvelle djellaba pour Ramadan : à partir de 200 DH seulement !
Pendant le mois sacré, la demande double et même triple selon les CSP. Tendance : tissus unis et à coupe droite pour les femmes de 45 à 60 ans; à motifs, courtes et avec décolleté pour les jeunes. Des modèles haut de gamme sont souvent sous-traités à Meknès et Fès.
Modernes ou conservatrices, jeunes ou moins jeunes, aisées ou démunies, elles n’en démordent pas ! Ramadan est, pour les femmes, l’occasion de porter la djellaba et, bien entendu, une nouvelle tenue de préférence et même plusieurs. Entre invitations, soirées en famille et aussi comme habit à porter au travail pendant le mois sacré, bien souvent les femmes achètent ou font confectionner plus d’une djellaba. En soie, en viscose, en lin ou en tissu cotonné, l’offre est aussi diversifiée que la demande est exigeante. Couturiers et commerçants sont unanimes : les ventes doublent voire triplent par rapport à un mois normal, selon les catégories socioprofessionnelles de leurs clients. Diamantine, chaîne de distribution de djellabas, châles et foulards, annonce, par exemple, une hausse de deux fois et demie le chiffre d’affaires réalisé en tant normal.
Avec poches pour les jeunes, sans poches pour les moins jeunes
Les couturières qui, habituellement, ne confectionnent que six tenues par mois en moyenne, en livrent jusqu’à une vingtaine. Les commandes sont en général passées le mois d’avant, mais la demande ne tarit pas au cours des deux premières semaines de Ramadan si les djellabas doivent être portées lors de Laylat el Kadr ou le jour de l’Aid el Fitr. Pour cette dernière fête, le plus souvent, les femmes passent des commandes pour leurs enfants et leurs maris, qui se laissent entraîner de mauvaise grâce à la nécessaire séance d’essayage.
L’augmentation de la demande durant le mois sacré concerne aussi bien les djellabas de bas de gamme que les modèles de moyen et haut de gamme. Mais selon plusieurs couturières, dans un cas comme dans l’autre la tendance est de plus en plus orientée vers les modèles modernes, dérogeant au classicisme convenu de la djellaba confectionnée avec un tissu uni, ample et à capuchon. Car, aujourd’hui la préférence est aux tissus imprimés et colorés et aux coupes plutôt cintrées et près du corps. En somme, le slim fut étendu à la tradition. Mais, cela ne veut pas nécessairement dire uniformité des couleurs et coupe. Chez Diamantine, on note que les goûts varient d’une ville à une autre et même d’un quartier à un autre.
Les modèles «bel makina» boostent la demande
«Les modèles commercialisés dans les quartiers de Belvédère ou à Derb Soltane à Casablanca, par exemple, diffèrent totalement de ce que nous vendons dans le magasin du Morocco Mall», explique un responsable de l’enseigne. Dans ce centre commercial, les djellabas tendent plutôt vers la robe, broderies mises à part. Elles sont plus courtes, et certaines ont des décolletées. Autre modèle très prisé cette année : la djellaba à demi-manches (Lacoste ?).
Chez les couturières également on observe les mêmes évolutions de tendance, la demande va de la djellaba classique au modèle moderne et dépend du profil de la cliente. «Les femmes âgées de 45 ans et plus restent attachées au modèle classique confectionné avec un tissu uni en soie ou en lin, sans poches et à porter avec des chaussures classiques à talons. Elles privilégient aussi le cousu main», confie une couturière du quartier Maârif à Casablanca. Les jeunes, elles, préfèrent les modèles «pratiques» donc plus courts, avec des poches taillées dans des tissus imprimés sans brillance à porter avec des ballerines ou autres mules plates.
Ces modèles peuvent être faits main tout comme ils peuvent être confectionnés à la machine et même produits de manière semi-industrielle, comme c’est le cas chez Diamantine. Certes, l’usage de la machine n’est pas nouveau mais, aujourd’hui, les clientes semblent être décomplexées par rapport à la question. L’important est le modèle, le design et, bien entendu, la qualité du tissu et des broderies.
Des éléments qui pèsent dans le prix. Ce dernier est fixé en fonction de la façon, notamment sfifa, âakad, barchmane, mramma ou encore randa. Et évidemment, le cousu main revient plus cher. Ainsi, le prix d’une djellaba faite main varie généralement de 1 000 à 5 000 DH, mais il peut aller au delà de cette fourchette pour des modèles de haute couture pour lesquels les artisanes ayant pignon sur rue utilisent les fils en soie et commandent leurs sfifa et autres âakad à Fès. Pour la mramma, les commandes sont faites auprès d’artisans à El Jadida. Les modèles en randa sont souvent sous-traités dans les villes de Meknès et Fès. Les clientes commandent en moyenne deux à trois djellabas pour Ramadan.
Chez les couturiers de Derb Soltane, Hay Hassani ou Hay Mohammadi, la djellaba cousue main est vendue dans une fourchette allant de 650 à 1 500 DH. Toutefois, ces couturiers soulignent que les femmes demandent surtout des djellabas «bel makina» (faite à la machine) coûtant beaucoup moins cher et dont le prix se situe entre 200 et 300 DH. C’est ce qui a permis, expliquent ces mêmes couturiers, le développement de la demande durant ces dernières années. Ils notent que parfois leurs clientes commandent jusqu’à trois djellabas pour Ramadan.
Chez Diamantine, les étiquettes varient de 229 à 459 DH. Quant au panier moyen par magasin, il est compris entre 350 et 450 dirhams pour une djellaba et un châle ou foulard. Les modèles, haut de gamme ou de moyenne gamme sont faits à partir de tissus en soie ou en viscose avec sfifa, lâakad en sabra. Tous les quinze jours, l’enseigne met en boutique une nouvelle collection. Diamantine vient par ailleurs de signer une convention avec les Galeries Lafayette pour la distribution d’une collection spécialement confectionnée pour cette enseigne et destinée aux femmes et aux enfants.