Affaires
Elle rêve de faire de Colorado une multinationale marocaine
Merième Lotfi a rejoint l’entreprise en 2001 après 5 années passées dans un cabinet d’audit et de conseil en tant que responsable financière. Elle a été promue DGA en charge des affaires administratives et financières en 2014.Travailleuse et humaine, elle a mené à bien le projet de parité dans l’entreprise.
«C’est suite à une annonce parue dans Le Matin que j’ai été contactée par le président de l’époque, feu Farid Berrada. Il m’avait beaucoup impressionnée et m’a donné envie de rejoindre l’équipe. Je n’ai pas eu de regrets. Depuis juillet 2001, je suis un parcours réussi au sein de l’entreprise, que j’ai commencé en tant que responsable financière», lance d’emblée Merième Lotfi, DGA de Colorado (entreprise de peintures industrielle, de bâtiment et de carrosserie). Titulaire d’un diplôme d’expertise comptable de l’ISCAE et ayant une expérience de 5 ans dans un cabinet d’audit et de conseil, elle évoluera au fur et à mesure pour briguer, en 2014, le poste de DGA de l’entreprise marocaine de peinture. «Très passionnée par son travail, Mme Lotfi arrive au bureau à 7h30 et y reste souvent jusqu’à 21h. Les collaborateurs peinent à suivre son rythme», témoigne Mina Wahid, assistante de feu Farid Berrada et dorénavant de Abed Chagar, DG de Colorado. Travailleuse et persévérante, Mme Lotfi rêve de voir Colorado devenir une multinationale marocaine implantée dans plusieurs pays. Depuis 2008, l’entreprise exporte en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient en partenariat avec des opérateurs locaux. Mais le champion national espère aussi installer des unités de production en Tunisie, en Libye ou encore au Sénégal. «L’objectif est de réaliser de la croissance à l’étranger. Même au Maroc, on piétine pour concrétiser un projet. A l’étranger, on est plus vulnérable. Il faudra donc s’allier à un opérateur local pour implanter une unité de production», explique-t-elle. En 2016, l’activité export représentait 9% du chiffre d’affaires de Colorado. Cependant, la croissance globale n’est pas au rendez-vous. Le chiffre d’affaires de l’entreprise a accusé en effet une légère baisse (-0,8% en 2016 par rapport à 2015). Le résultat net a reculé de 2,4 MDH l’année dernière à cause notamment du ralentissement du secteur du bâtiment. Néanmoins, «notre chiffre d’affaires est réel et encaissable. Nous avons mis en place une politique de gestion du risque client raisonnable et adaptée à notre rang de société cotée en bourse. En outre, notre trésorerie étant excédentaire est placée dans des Sicav monétaires très sécurisés. Quant à la politique de distribution de dividendes aux actionnaires, elle est très généreuse. Aujourd’hui, Colorado se porte bien. J’ai même envie de dire très bien», rassure-t-elle en parfaite financière.
Montrer l’exemple
Pour réaliser ces performances, Colorado a surmonté des obstacles. Au cours des 16 années passées dans l’entreprise, Mme Lotfi a été témoin de plusieurs évènements heureux tels que l’inauguration des usines d’Ain Sebaâ en 2005 et parfois tragiques telle que la disparition du président et de sa famille en janvier 2013. A l’époque, elle était directrice administrative et financière. Un poste qui lui avait été confié au lendemain de l’IPO. «Feu Farid Berrada est décédé avec sa petite famille le samedi. Nous étions déjà ouverts lundi à 8h. Deux réunions des commerciaux et des actionnaires ont été organisées. Le lendemain, un communiqué a été adressé au marché pour le rassurer. Deux mois plus tard, en mars, les instances de gouvernance étaient déjà en marche», déclare Mme Lotfi.
Aujourd’hui, des membres de la famille Berrada siègent au conseil d’administration. Le comité de direction est pour sa part composé de 11 personnes dont Mme Lotfi et Naima El Badri, directrice industrielle de Colorado, autre femme forte et numéro 3 de l’entreprise qui gère deux usines. Pour sa part, la DGA en charge des métiers support élargit ses prérogatives. En 2014, elle n’hésite pas, après le départ de la DRH, à prendre en charge la direction des ressources humaines. «A un certain moment, j’étais constamment confrontée aux chiffres, j’ai eu envie de faire autre chose. Dès lors, j’ai pris en charge le recrutement, la formation, la paie et le développement RH au sein de la boîte. Le métier est très épanouissant. Parmi les premières missions figurait la déclinaison de la vision stratégique 2014/2015 et la définition des valeurs de Colorado qui font désormais son ADN», déclare cette touche-à-tout qui prône les valeurs de rigueur, de courage, de proactivité, d’efficacité et de cohérence. «Elle est la première à montrer l’exemple, mais nous accorde quand même le temps et l’attention nécessaires pour réussir notre mission», déclare Siham Bahida, cadre de développement RH.
Une capacité à fédérer les collaborateurs
Autre projet que la DGA a mené à bien, celui de la parité homme/femme dans cette entreprise qui compte un effectif de 350 personnes dont 100 cadres et 40% de femmes. «Il n’y a pas de plafond de verre à Colorado ni de sexisme. Toute personne capable de concrétiser un projet trouve une main tendue», dit-elle. Cette particularité a tapé dans l’œil d’un cabinet international qui a contacté Colorado en 2016 pour participer au projet Wadiiati (ma situation) financé par la Banque mondiale. «Ce projet permet de mieux suivre la parité en général, s’assurer qu’elle est respectée et qu’elle fait partie intégrante de la stratégie globale de l’entreprise», poursuit-elle. Colorado a également participé au concours du ministère de l’emploi et des affaires sociales. Elle a pu obtenir le Prix de l’excellence de la parité. Merième Lotfi semble encore avoir de beaux jours devant elle à Colorado. Elle a une capacité à fédérer les collaborateurs autour de sa vision de développement de l’une des entreprises industrielles les plus prometteuses du pays. Ce haut cadre formé entièrement au Maroc souhaite dorénavant déléguer les tâches opérationnelles pour s’attaquer à des missions plus stratégiques.