Affaires
Elle laisse tomber sa pharmacie pour devenir un coach pas comme les autres
Zineb Benabdejlil a suivi des études scientifiques jusqu’au bout
pour respecter la volonté de ses parents.
Un drame personnel a été le déclic pour sa reconversion.
Elle se lance à corps perdu dans les ressources humaines et devient l’un
des rares spécialistes marocains en programmation neuro-linguistique.

Des mots, seulement des mots, rien que des mots. Du vent, quoi ! Mais n’est-ce pas à travers les mots que se mobilisent les masses, se motivent les êtres et se construisent les destins. Tous les tribuns, qu’ils s’apparentent à Cicéron ou à quelque félon dont l’histoire a retenu ou effacé le nom, ne savent peut-être pas tous que dire, dicter, édicter, dictée, diktat, dictature… ont des racines communes. Car la prise de parole est, d’une certaine manière, un acte de domination.
Elle se lance dans les ressources humaines pour reprendre pied
Zineb Benabdejlil, elle, parle bien et maîtrise à merveille son sujet. Son sujet, justement, est la parole. Celle qu’elle suscite chez l’autre pour le conduire à libérer ses talents et à se défaire de ses peurs mais aussi celle qu’elle lui adresse afin qu’il découvre ou reprenne possession de ses capacités cachées ou diluées. Sa devise ? «Chacun dispose d’un potentiel infiniment plus important que celui qu’il emploie.» Par le biais du cabinet qu’elle a créé il y a quelques années, sa profession de foi est une invitation au voyage avec, au bout, une optimisation des qualités qui foisonnent en chacun, sans qu’il soit en état de mettre la main dessus.
Mais Zineb Benabdejlil n’en est pas arrivée là par un coup de baguette magique, encore moins par accident. Cette femme de trente-six ans, née à Casablanca a eu, d’abord, un parcours tout tracé. Issue d’une famille plutôt aisée, elle a poursuivi des études de pharmacie en France. Toute jeune, elle raconte qu’elle «s’est promenée» en classes primaires et secondaires, avec des notes que lui enviaient ses condisciples. Les choses sérieuses allaient commencer à la fac et, là aussi, avec de l’application et de l’assiduité, elle s’en sort haut la main et ouvre son officine. Tout de suite, elle se rend compte qu’elle a sacrifié à la volonté parentale et sociale plus qu’elle ne s’est réalisée elle-même. De ce malaise qui commence à poindre, elle ne sortira pas tout de suite. En fait, comme cela arrive souvent, c’est la survenue d’un événement dramatique dans sa vie qui la pousse à se remettre en question. Pour elle, ce déclic a été, malheureusement, la perte d’un enfant. Un drame qui va la forcer à quitter sa «cage dorée». Elle s’oriente alors, sans même y prendre garde, vers les ressources humaines, et plus spécialement vers les récentes découvertes de la PNL (programmation neurolinguistique), que l’on peut définir comme la modélisation des moyens les plus efficaces pour conquérir les possibilités enfouies en soi. «Ce n’est pas aussi compliqué qu’il y paraît : cela consiste tout simplement àapprendre ou réapprendre à avoir confiance en soi, à prendre la parole, à accéder à ses ressources personnelles, à découvrir d’énormes capacités en lui, à accompagner ou à produire les changements qu’imposent les évolutions personnelles ou professionnelles… Pour tout cela, il existe des techniques à la disposition des demandeurs», explique-t-elle.
Elle découvre la PNL dans les séminaires fréquentés en Europe
Oubliée la pharmacie. Mme Benabdejlil se passionne pour les sciences humaines. Elle écume les séminaires en Europe, se frotte aux nouvelles théories et expérimente les procédés qu’elle décide d’installer et de commercialiser à travers son propre cabinet, Deo Compétences, qu’elle ouvre à Casablanca. Elle y investit un peu d’argent (à peine 150 000 DH), beaucoup d’elle-même, le savoir-faire acquis, et met à contribution la compétence de confrères étrangers. Mais, dit-elle, «le plus difficile a été d’adapter les différentes formules de parcours à l’environnement et à la demande spécifique qui sont les nôtres».
Comment définir le métier de Zineb Benabdejlil ? Les spécialistes partent de l’idée que, par inhibition naturelle ou par absence d’esprit de compétition, nous avons renoncé à des capacités bien nôtres mais que nous avons du mal à nous approprier. Les méthodes des professionnels du coaching ou de la PNL, en nous plaçant dans certaines situations, en nous familiarisant avec certains concepts et en nous donnant les outils théoriques, nous aménagent des voies de reconquête de nos potentialités.
Le mérite de Zineb Benabdejlil est d’avoir reformulé les concepts de la PNL pour qu’ils puissent être mis en pratique auprès des demandeurs, soit sous la forme d’un parcours complet, soit sous la forme de modules au choix. Autrement dit, et en fonction de ses besoins spécifiques, on peut bénéficier d’une prise en charge totale, tout comme on peut se contenter d’unités indépendantes, par exemple pour optimiser la prise de parole, améliorer ses performances dans l’animation d’une équipe ou encore maîtriser les techniques de commandement. Ce qu’il faut savoir, c’est que, dans tous les cas, il faut d’abord en passer par un état des lieux, à partir duquel on décide d’opter pour l’une ou l’autre des démarches possibles.
Le résultat est-il garanti ? C’est le cas la plupart du temps. En fait, estime Mme Benabdejlil, les séminaires sont des canevas, et ce sont les clients qui en constituent le fondement. Ils peuvent mesurer leurs avancées au fur et à mesure du cheminement de leur formation
