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Electricité : l’ouverture du marché de la basse et moyenne tension devra attendre !
Les objectifs du Royaume en matière de développement des énergies renouvelables à l’horizon 2020 seront dépassés. La biomasse et la valorisation des déchets ménagers sont parmi les prochaines étapes.
Au sujet de la libéralisation du marché électrique de la moyenne et de la basse tension, le patron de MASEN n’a pas la même priorité que certains opérateurs privés des énergies renouvelables. En fait, ces derniers n’ont eu de cesse de revendiquer la publication des textes d’application de la loi 13-19, devant libéraliser d’autres pans du secteur électrique (www.lavieeco.ma). Interrogé par La Vie éco, vendredi 16 février, durant une rencontre avec les médias sur sa vision quant à cette attente, Mustapha Bakkoury a répondu, sans équivoque, en ces termes : «L’ouverture des marchés électriques de la moyenne (MT) et de la basse tension (BT) exige des pré-requis qui ne sont pas tous satisfaits». Et de poursuivre: «Il ne faut pas y aller juste parce que les autres pays l’ont fait. Nous n’avons pas encore franchi toutes les étapes pour que l’ouverture soit menée sereinement et avec succès», a-t-il indiqué. «En ayant cette position, je ne remets rien en doute. Il faut au préalable poser les questions suivantes : Pourquoi allons-nous ouvrir les marchés de la MT et BT ? Est-ce pour accélérer la réalisation de nos objectifs ? Est-ce que c’est pour développer une industrie ? Le dispositif d’ouverture doit se faire en fonction de la réponse recueillie».
S’agissant de la place des énergies vertes jusque-là non exploitées, à l’instar de la biomasse et de l’énergie marine, M. Bakkoury reconnaît que du chemin reste à faire pour valoriser le potentiel du Maroc dans ces créneaux. «Masen devra y investir à un moment ou un autre. Concernant la biomasse, et en particulier la valorisation énergétique des déchets ménagers, il y a un grand potentiel, mais qui ne peut être exploité sans que les problématiques liées à la gestion des déchets ne soient réglées. Là aussi le Maroc doit faire le saut».
Les prix de revient sont de plus en plus intéressants
La sortie de Mustapha Bakkoury était également l’occasion de revenir en détail sur l’état d’avancement des projets lancés pour atteindre les objectifs du Royaume de verdissement du mix électrique (42% à l’horizon 2020 et 52% à l’horizon 2030). A Ouarzazate, les travaux du projet Noor II –une centrale solaire CSP avec une capacité de stockage de 7 à 8 heures– seront achevés fin mars pour une entrée en service prévue en avril ou mai prochains. Noor III sera prête à l’automne de l’année 2018 et Noor IV en mai ou juin de la même année.
En ce qui concerne les coûts, M. Bakkoury a insisté sur le fait que les prix de revient deviennent de plus en plus intéressants. «Le coût au kWh dépend des projets mais aussi des technologies. A l’échelle mondiale, le coût moyen de production d’électricité d’origine solaire est en baisse», a-t-il précisé. Aussi, l’évolution des coûts du solaire au Maroc tend vers la baisse en se présentant comme suit: NoorI (1,60 DH le kWh), Noor II (1,35DH), Noor III (1,42 DH), Noor VI (0,44DH). De même, la consommation d’eau dans les centrales solaires a tendance à se réduire d’un projet à l’autre.
Par ailleurs, l’attribution de Noor Midelt est dans la phase finale de l’évaluation des offres techniques. Le projet sera bouclé avant la fin de l’année pour un démarrage des travaux début 2019. Pour sa part, Noor PV2 (800 MW) sera prêt en 2020, sachant que l’appel d’offres sera lancé en 2018 ou 2019. «Noor Tafilalet qui est en construction englobera quatre projets pour un total de 120 MW», a fait savoir M. Bakkoury.
A ce rythme, l’objectif de 6000 MW de puissance installée en EnR en 2020 sera légèrement dépassé. A fin 2017, la production EnR couvre 34% du mix électrique, comme nous l’avions annoncé auparavant. Il y a lieu de souligner que les puissances installées à fin 2017 ont atteint 180 MW en solaire, 887 MW en éolien et 1 769 en hydraulique. En 2018, la capacité s’élèvera à 827 MW en solaire, 1 207 MW en éolien et 1 780 MW en hydro-électrique.