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Efficacité énergétique : des industriels témoignent
La loi adoptée en 2011 est incomplète et inappliquée faute de textes d’application. La création et l’activation de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique est la seule avancée notable. Les premières expériences menées par des entreprises privées sont convaincantes.

Plusieurs industriels ont été conviés à présenter leurs expériences, lundi 16 juillet à Rabat au siège du ministère de l’énergie, à l’occasion d’un atelier dédié à l’efficacité énergétique dans l’industrie. C’est le cas d’Amine Bengelloun, le patron de Multicerame, une entreprise spécialisée dans la production de carreaux céramiques basée à Berrechid. Broyage, séchage, pressage, emaillage atomisation, cuisson : les procédés utilisés dans l’industrie du céramique font grimper la facture énergétique jusqu’à 40% du coût de revient comme pour Multicerame avant l’instauration d’un système de management de l’énergie.
Des investissements rentables
«Nous avons réalisé un gain de 12 MDH depuis que nous avons initié des projets d’efficacité énergétique», confie-t-il. Rien qu’en mettant en place un système de mesure et de gestion de l’énergie pour un investissement de 500 000 DH, la société a économisé 6 millions et évité l’émission de 4300 tonnes de Co2. Installation d’outils d’optimisation, acquisition de brûleurs dernière génération, recours à l’éclairage LED, colmatage des fuites d’airs comprimés, ce sont autant d’investissements rentables à court et moyen terme. Les résultats de ces premiers pas ont incité le top management de la société à réfléchir au recours au gaz naturel liquéfié, aux énergies renouvelables et à la récupération de chaleur industrielle.
Chez Africables, une filiale de Ynna Holding spécialisée dans la fabrication de câbles et de batteries, la démarche a été également payante. Illustration : en investissant 300 000 DH dans un projet d’optimisation du système d’air comprimé amorti sur 19 mois, Africables a réalisé des gains de 182 700 DH. D’autres projets permettant d’économiser plusieurs millions de dirhams sont en cours.
Comme le prévoit la loi 47-09 relative à l’efficacité énergétique, l’audit énergétique sera obligatoire à partir de certains seuils. L’avant-projet de décret publié début juillet sur le portail du secrétariat général du gouvernement pour consultation les a fixés à 1500 tep (tonne équivalent pétrole) par an pour les industriels et 500 tep pour les entreprises du tertiaire, de transport et de distribution d’énergie pour les particuliers. Cette première mouture fixe à 5 ans la périodicité de l’audit et charge l’AMEE du suivi des entreprises concernées et du contrôle des organismes d’audit. Ces derniers sont tenus d’avoir un agrément et de disposer d’au moins deux auditeurs énergétiques ou d’un auditeur et deux agents sous sa supervision.
[tabs][tab title = »Efficacité énergétique et audit énergétique »]Au sens de la législation marocaine, l’efficacité énergétique est définie comme étant toute action agissant positivement sur la consommation de l’énergie, quelle que soit l’activité du secteur considéré, tendant à :
• la gestion optimale des ressources énergétiques ;
• la maîtrise de la demande d’énergie ;
• l’augmentation de la compétitivité de l’activité économique ;
• la maîtrise des choix technologiques d’avenir économiquement viable ;
• l’utilisation rationnelle de l’énergie ; et ce, en maintenant à un niveau équivalent les résultats, le service, le produit ou la qualité d’énergie obtenue.
Pour sa part, l’audit énergétique représente l’ensemble des études, investigations techniques et économiques, contrôles de performances énergétiques des équipements et procédés techniques permettant l’identification des causes de la surconsommation de l’énergie et la proposition d’un plan d’action correctif.[/tab][/tabs]
