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Efficacité énergétique dans le bà¢timent : jusqu’à 8 000 DH de surcoût par logement social
La nouvelle réglementation devrait être adoptée avant la fin de l’année. Les professionnels de la construction devront se conformer à de nouvelles dispositions en matière d’enveloppe et d’isolation des bà¢timents pour obtenir l’autorisation de construire. 9 projets-pilote sont en cours de réalisation dont 5 portés par Al Omrane.

Complètement ignorée dans la construction de logements, l’isolation thermique pourrait dans quelques mois devenir incontournable. Un nouveau cadre légal en la matière, la réglementation thermique des bâtiments au Maroc (RTBM), avance sûrement et devrait en effet voir le jour avant la fin de l’année sous forme de décret d’application dans le domaine du bâtiment de la loi 47-09 relative à l’efficacité énergétique, entrée en vigueur en novembre 2011. «Le nouveau texte a déjà été accepté par les ministères de l’habitat et de l’énergie et il doit encore être validé par les départements de l’équipement et de l’intérieur», informe Said Mouline, directeur général de l’Agence marocaine pour le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (ADEREE). Il convient de préciser que cet organisme est en charge de la confection du nouveau décret qui devrait être versé dans le circuit d’approbation par le ministère de l’habitat.
Mais avant même la mise en place de ce cadre légal, 9 projets immobiliers résidentiels et tertiaires en cours de réalisation expérimentent les futures obligations thermiques en grandeur nature, sous la houlette de l’ADEREE. A lui seul, l’aménageur public Al Omrane a initié 5 de ces projets. Il s’agit dans le détail du programme Al Karama à El Hajeb (96 logements sociaux), Jacaranda à la ville nouvelle de Tamansourt (272 logements sociaux), l’ensemble Al Arrouit à Nador (144 logements) et Al Majd à Tineghir (390 logements sociaux). Al Omrane construit également un siège social et un bureau de vente à la ville nouvelle de Chrafate près de Tanger pour une surface totale de 1 000 m2.
S’ajoute à cela les projets de promoteurs privés, à savoir le programme Laben à Ain Sebaa à Casablanca lancé par le promoteur immobilier El Fal, pour un total de 637 logements économiques ainsi qu’un immeuble de bureaux de 5 000 m2 construit par SGTM à Casablanca. Viennent enfin un hôtel à Port Lixus (Larache) de 250 chambres et une oasis de 480 chambres à Marrakech.
Autant de projets qui visent à démontrer l’applicabilité de la nouvelle réglementation, mais est-ce vraiment le point sur lequel il est le plus difficile de convaincre ? L’on devine en effet que les professionnels de la construction sont surtout sensibles au surcoût qu’engendreront nécessairement ces nouvelles contraintes, d’autant plus que l’immobilier au Maroc reste un marché de prix. Il faut à ce titre préciser que dans le cas des expériences pilotes lancées jusqu’à présent, ces surcoûts ont été financés en tout ou partie par la commission européenne dont le concours se monte à 10 millions d’euros. Selon les premières simulations opérées par l’ADEREE, le surcoût de l’application des nouvelles règles dans le résidentiel devait être de 112 DH/m2, soit 3,2% du coût moyen de la construction avec un retour sur investissement au bout de 6,5 ans.
Une carte climatique nationale détermine les exigences à respecter
S’agissant du tertiaire, le coût du mètre carré devrait augmenter de 75 DH, soit 1,65% en moyenne du coût moyen de la construction avec un retour sur investissement au bout de 2,5 ans. Les expériences pilotes lancées tendent à confirmer ces premières simulations avec un surcoût de 6 000 à 8 000 DH/m2 par logement social d’une surface de 65 m2, selon Mohamed El Houari, directeur du pôle des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique à l’ADEREE.
En tout état de cause, la nouvelle réglementation s’impose pour contenir la consommation énergétique du secteur résidentiel, représentant actuellement 18% du total national. Car il faut comprendre que toute la portée de la RTBM est d’imposer certaines pratiques lors de la construction afin de diminuer l’énergie consacrée au chauffage ou au refroidissement dans les bâtiments.
Plus précisément, les dispositions du nouveau cadre concernent deux volets. Il s’agit en premier de l’enveloppe du bâtiment (architecture, orientation…) qui doit être pensée afin de garantir une meilleure efficacité énergétique. Le second volet porte sur l’isolation du bâtiment qui doit être garantie par l’usage de matériaux spécifiques tels que le polyuréthane (panneaux utilisés pour l’isolation extérieure) ou encore la laine de roche ou de verre (matelas de fibre isolant thermique et acoustique). Un autre champ sur lequel il est possible d’agir pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments est le type d’équipements utilisé dans les habitations (climatiseurs à haut rendement…). Mais ce volet ne devrait être traité qu’ultérieurement par un autre texte en préparation.
Le respect de toutes ces exigences conditionnera l’obtention de l’autorisation de construire, les agences urbaines étant chargées de vérifier la conformité du bâti aux dispositions du futur cadre. Et il est à préciser que l’importance des contraintes auxquelles il faudra se plier variera selon l’emplacement du bâtiment dans une carte climatique de tout le territoire national qui a été élaborée par l’ADEREE.
