Affaires
Economie de l’énergie : 30 000 réfrigérateurs à remplacer
Le ministère espère une réduction de 25% sur le prix de vente des réfrigérateurs économes. Le projet est soutenu par l’Italie et le programme des Nations Unies pour l’environnement.

Avec l’envolée des prix des produits énergétiques, qui aggrave le déficit de la balance commerciale, d’un côté, et pèse sur les finances publiques à travers la compensation, de l’autre, l’efficacité énergétique, comme politique de maîtrise de la consommation, s’impose plus que jamais. Rappelons qu’à fin septembre 2011, la facture des produits énergétiques importés a augmenté de 38%, à 68,6 milliards de DH !
Dans la stratégie énergétique mise en place par le ministère de l’énergie et des mines, la maîtrise de la consommation de l’énergie figure parmi les priorités. Et, justement, bonne nouvelle, la loi sur l’efficacité énergétique est désormais entrée en application puisqu’elle vient d’être publiée au Bulletin officiel (n° 5 989) du 24 octobre 2011.
C’est dans ce cadre qu’est né, entre autres, un projet de renouvellement des anciens réfrigérateurs, souvent de classe E ou C, gros consommateurs d’électricité. Ce projet se base sur une étude qui évalue le potentiel à 1,2 million d’unités. Dans un premier temps, il s’agit d’en remplacer 30 000. Le projet, selon Maya Ahardan, directrice de l’observation et de la programmation au ministère de l’énergie et des mines, est soutenu financièrement par l’Italie qui a octroyé un don de 1,5 million d’euros (16 MDH) et, techniquement, par le programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Le ministère de l’énergie et des mines et l’Agence pour le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (ADEREE) qui en assurera le suivi technique espèrent appuyer le financement italien par une exonération de la TVA. Avec d’autres mesures non encore arrêtées, ils espèrent une réduction de 25% sur le prix de vente pour encourager le remplacement des anciens réfrigérateurs.
La consommation par tête d’habitant est de 744 Kwh par an
Le projet paraît intéressant y compris pour les producteurs et les vendeurs de réfrigérateurs. Avec un taux d’équipement de l’ordre de 95%, ce marché arrive en effet à saturation.
Mais, on l’aura compris, l’objectif recherché à travers la promotion de ce type de projet (il y en a d’autres bien sûr, comme les lampes basse consommation, l’opération – 20/-20, etc.) est surtout de réduire la dépendance énergétique du pays à travers une meilleure consommation de l’électricité.
Bien sûr, il ne s’agit pas seulement de réduire la consommation des réfrigérateurs en achetant ou en remplaçant les anciens, de classe E ou C, c’est-à-dire énergivores, par les plus économes (classe A et plus), mais de combiner l’ensemble des possibilités de maîtrise de la consommation, y compris en améliorant les constructions des bâtiments (d’où le projet du code d’efficacité énergétique dans le bâtiment) et en systématisant les audits énergétiques dans l’industrie.
Il faut rappeler ici que le résidentiel occupe la première place en termes de consommation de l’énergie finale (ici l’électricité et le gaz). Si la demande d’électricité a fortement augmenté depuis 2004/2005 notamment, c’est parce que, précisément, la consommation domestique s’est inscrite en hausse en liaison avec l’amélioration du taux d’équipement des ménages, la promotion du logement et le fort taux de réalisation du Programme d’électrification rurale globale (PERG).
Dans cette consommation des ménages, la part du réfrigérateur, compte tenu de la vétusté de ce parc, représenterait au moins 20%, selon une étude de l’ADEREE. «Ce qu’il faut regarder, ce n’est pas les ménages de Casablanca, mais tous les ménages à l’échelle du pays. Et là, on estime que la plupart n’utilisent que quelques lampes pour s’éclairer, un téléviseur et un frigo», analyse un cadre de l’ADEREE.
Le réfrigérateur consomme environ 60 Kwh par mois, soit 56 DH
Selon les données du ministère de l’énergie et des mines, la consommation d’électricité par habitant en 2010 était de 744 kwh par an, en hausse de 4,8% par rapport à 2009 et de 54% par rapport à 2002. En moyenne, cela fait donc une consommation de près de 298 Kwh par mois et par ménage (le Maroc compte 6,6 millions de ménages et 4,8 personnes par ménage).
Ce faisant, la facture moyenne par ménage, compte tenu de la tarification progressive (système des tranches), devrait se situer aux alentours de 280 DH par mois. A l’ONE, la facture moyenne est de…70 DH par mois. Mais l’office, on le sait, distribue en grande partie l’électricité en milieu rural où la consommation est réduite à sa plus simple expression !
Si l’on considère qu’en moyenne 20% de cette facture sont générés par l’usage du réfrigérateur (en Belgique, par exemple, où l’on est strict sur les niveaux de consommation des équipements domestiques, le frigo consomme 12% de l’électricité consommée par un ménage), cela fait 56 DH qui sont dus à la réfrigération, soit près de 60 Kwh ! Si cette part pouvait être réduite, le gain obtenu pour le consommateur serait multiplié au moins par deux pour le producteur d’électricité.
