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Doing Business : comment le Maroc a fait pour gagner 21 places dans le classement

Un travail mené par le Comité national pour l’environnement des affaires et qui a commencé il y a près de trois ans. Objectif : rendre visibles les réformes effectuées par le Royaume.

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Doing Business 2011 10 28

Par le passé, le Maroc contestait très souvent les classements effectués par les institutions internationales, que ce soit au niveau de la lutte contre la corruption, du climat des affaires ou de la promotion des investissements…
Mais, jeudi 20 octobre, le discours des responsables gouvernementaux, qui accueillaient avec grande joie l’obtention de la 94e place dans le classement Doing Business 2012 de la Banque mondiale, a radicalement changé. L’allégresse du gouvernement, et surtout du ministre chargé des affaires générales et économiques, Nizar Baraka, trouve son origine dans le fait que le Maroc a gagné 21 places dans ce classement qui scrute les législations et le climat des affaires de 183 pays. Comment le pays a pu obtenir la meilleure progression dans ce palmarès, qui lui a d’ailleurs valu le titre de meilleur réformateur de l’année 2012 ?
Tout a commencé en 2008, lorsque le département de Nizar Baraka s’est arrêté sur certains constats. Le premier : «D’ambitieux projets de réformes sont engagés et ils sont initiés par plusieurs départements ministériels ; il manquait juste une certaine coordination et une mobilisation susceptibles d’accélérer l’exécution de ce processus», se rappelle un cadre du ministère des affaires économiques et générales.

Nouvelle approche méthodologique

Deuxième constat : une grande partie des intervenants du monde des affaires (opérateurs économiques, cabinets d’affaires…) n’était souvent pas au courant des nouveaux dispositifs réglementaires en cours d’élaboration ou mis en place par le gouvernement.
C’est à partir de là que le Comité national pour l’environnement des affaires (CNEA), présidé par le chef du gouvernement, a vu le jour en 2009 sous la houlette de ce même ministère. Sa mission est d’assurer la coordination entre tous les intervenants impliqués dans le monde des affaires en vue, entre autres, de simplifier les procédures administratives et de moderniser le droit des affaires, ainsi que de sensibiliser les parties concernées sur l’importance des chantiers de réformes. Une approche méthodologique nouvelle a été adoptée. Il s’agissait de se baser sur l’association du public et du privé pour mettre en place un plan d’action susceptible de faire aboutir les chantiers de réformes. Le secrétariat du CNEA, qui regroupe une équipe de jeunes issus du privé et dont l’approche de travail est empreinte d’une pratique managériale, s’est lancé dans une série de rencontres et d’enquêtes sur le terrain avec les différents intervenants, avocats d’affaires, représentants d’opérateurs économiques dans les différentes régions du pays, responsables des ministères et organismes publics, etc.
«Les contacts ont été multipliés en vue de rapprocher le cadre juridique national en matière des affaires avec les meilleurs standards internationaux, de le perfectionner et le rendre plus attractif», explique Brahim Qermane, membre du secrétariat. En même temps, les projets de loi (délais de paiement, protection des consommateurs…) ont fait l’objet d’examen et de suivi de manière à favoriser l’accélération de la procédure d’élaboration.

Les experts de la Banque mondiale ont passé 7 jours au Maroc en avril dernier

Le processus de réformes étant engagé, il était donc temps de voir comment rendre visible cet effort pour améliorer l’image du Maroc qui constitue l’une des priorités du CNEA. «C’est dans ce sens qu’on a commencé à mener notre action pour renforcer notre classement au Doing Business», précise Seloua Benmbarek, membre du secrétariat permanent du CNEA, qui tient à souligner que cela n’est pas une finalité en soi mais plutôt la consécration de ce travail de réformes de fond. A partir de ce moment-là, l’approche contestataire qui a prévalu jusque-là dans la position du Maroc vis-à-vis de cet exercice a cédé la place à celle de l’implication. «Il était primordial pour nous de s’y adapter d’autant qu’on a été souvent interpellé dans les forums mondiaux par les investisseurs sur ce classement et que ses résultats font la une des magazines internationaux spécialisés», souligne Rabie Leouifoudi, membre du secrétariat. Aussi une délégation du CNEA regroupant le secteur public et privé a été mandatée par le chef du gouvernement pour préparer un rapport d’activité à destination de la Banque mondiale. Une fois élaboré, il a été remis à cette institution qui a ensuite accepté d’effectuer une mission de vérification du système marocain en matière de climat des affaires. En avril dernier, celle-ci a passé 7 jours au Maroc où elle a passé au peigne fin les procédures, les statistiques, les législations et tout ce qui a un rapport avec le monde des affaires auprès des intervenants de l’administration, de la CGEM, des cabinets d’affaires…
«Nous avons été sollicités pour examiner les indices juridiques et sur tout ce qui vise la simplification des procédures», se souvient Me Mehdi Kettani, avocat d’affaires, qui a fait partie de cette délégation. Trois mois plus tard, la même délégation a été reçue à la Banque mondiale. Sa commission qui avait effectué la visite au Maroc avait entre-temps rendu son verdict aux responsables chargés du Doing Business. Mais la décision finale n’a été rendue publique que le 19 octobre dernier, c’est-à-dire à la veille de l’annonce officielle des résultats. Entre-temps, le suspense aura duré jusqu’au bout.

Com’ese

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