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Affaires

Divergences sur la gestion de la crise

L’activité aurait chuté de 35 à  40 % sur les 5 premiers mois de l’année par rapport à  la même période de 2001.
Les CRT bénéficieront d’une partie de la taxe de promotion touristique.

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L’ambiance est délétère dans le secteur touristique. Ministère de tutelle et opérateurs, ceux de Marrakech en particulier, ne sont toujours pas tombés d’accord sur l’ampleur de la crise et la stratégie à mettre en œuvre pour sauver le secteur. Dans un tel contexte, le ministre du Tourisme Adil Douiri, décidément très peu servi par la conjoncture internationale, a eu, le 23 juin, une explication qualifiée par certains de «houleuse», et par d’autres de «franche», avec les professionnels de la ville ocre.
Au menu de cette rencontre, l’appréciation de la situation dans la ville, la portée des mesures annoncées (appliquées ou pas) par le comité dit «de crise» pour amortir le choc. Il a aussi été question du retard pris dans l’exécution des résolutions, notamment fiscales, prévues par le contrat-programme du secteur touristique.
D’emblée, les professionnels ont prié le ministre de relativiser les statistiques officielles principalement axées sur le nombre absolu des arrivées et des nuitées. Il est expliqué qu’une telle démarche fait abstraction d’un bon nombre de paramètres mieux à même de refléter la réalité de la crise. Ainsi, les hôteliers estiment qu’une baisse de 15 % des nuitées dans leurs établissements doit être corrigée par la hausse de la capacité d’accueil et la pression exercée sur les prix qui ont baissé, selon un certain nombre d’établissements, de 5 à 10%.
D’après leurs calculs, le recul se situerait entre 35 et 40 % pour les cinq premiers mois de l’année par rapport à la même période de 2001, une année jugée plutôt normale.
La situation est toutefois plus inquiétante dans le tourisme d’affaires et l’incentive, qui se portaient déjà très mal depuis le 11 septembre 2001, et que la guerre du Golfe et les attentats de Casablanca ont maintenus dans la mauvaise passe. L’idée de créer une cellule pour développer le tourisme d’incentive a été retenue. Mais l’on ne sait pas encore si cette structure aura un caractère national ou régional.
Des taxes fantaisistes à supprimer
Pour le moment, des hôtels 5 étoiles qui vivent de cette activité ont vu leur activité chuter de plus de
50 %. Le Palais des congrès, quasiment sinistré, en constitue un exemple. Selon des sources proches du complexe, le manque à gagner serait de près de 95 MDH pour le premier trimestre de 2003, pour les seules nuitées. A tel point que les responsables du CRT de la ville ont proposé à ce qu’il soit recapitalisé par cette dernière, juste après les élections communales, comme c’est le cas pour la Mamounia.
S’agissant de la polémique qui a surgi ces dernières semaines autour de promesses non tenues des pouvoirs publics, il y a lieu de distinguer deux sortes de mesures : celles contenues dans le contrat-programme signé entre le gouvernement et la CGEM, et celles énoncées par le comité de crise.
Pour les premières, force est de constater qu’un retard a été enregistré, en particulier sur l’harmonisation et la simplification de la fiscalité locale. En revanche, il serait injuste d’imputer ce décalage à l’actuel ministre qui, au contraire, a repris ce dossier initialement traité sans grande conviction. Il n’en reste pas moins que les entreprises touristiques continuent de s’acquitter d’une dizaine d’autres taxes dont certaines, comme la taxe de fermeture tardive ou de fermeture matinale, prêtent à sourire.
Le déficit de communication obère l’efficacité des mesures
En ce qui concerne la seconde catégorie, c’est-à-dire les mesures conjoncturelles destinées à soulager la trésorerie des entreprises pour sauvegarder les emplois, les pouvoirs publics ont aussi réagi assez rapidement. En effet, dès le 26 mars 2003, le ministre du Tourisme, après avoir rencontré les organismes publics intéressés par le secteur ainsi que les banques privées, a informé les professionnels des mesures d’exception prises.
Ainsi, les ministères des Finances et de l’Intérieur avaient pris l’engagement de recenser les créances détenues par les hôteliers, aussi bien sur les administrations centrales que sur des collectivités locales, en vue de les régler par tranches au cours de l’exercice 2003. Parallèlement, les principales banques commerciales, la Caisse centrale de garantie (CCG), avaient aussi adopté des mesures de rééchelonnement de la dette des hôtels, alors que la Direction des Impôts s’engage à modérer d’éventuelles pénalités afférentes au non-paiement des impôts.
Enfin, décision a été prise d’augmenter les ressources financières des Conseils régionaux du tourisme (CRT) pour leur permettre de réaliser leur plan d’action 2004, s’ils en ont un, en leur rétrocédant une partie de la TPT (Taxe de promotion touristique) selon un barème qui prendrait en compte des paramètres relatifs au taux d’occupation. Reste que pour assurer l’efficacité des mesures, la communication entre les professionnels du tourisme et leurs instances dirigeantes, tout comme entre ces dernières et le ministère du Tourisme, doit être améliorée.