Affaires
Deux usines de Frumat trouvent enfin preneur
L’entreprise avait été mise en liquidation judiciaire il y a deux ans
Les sites de Casablanca Roches Noires et de Kénitra rachetés par des privés
La cession des deux unités industrielles a rapporté 43 MDH.
Finalement, deux des quatre usines de Frumat (Fruitière marocaine de transformation), société mise en liquidation judiciaire il y a deux ans, ont trouvé preneur. L’une est située à Casablanca dans le quartier des Roches Noires et l’autre à Kénitra. Pour les sites d’Ain Sebaâ et Taroudant, des offres ont été faites et les négociations sont en cours. Selon des sources proches du dossier, l’usine de Taroudant devra être rachetée par les agriculteurs de la région qui en étaient déjà des actionnaires.
Pour le moment, on sait que l’usine des Roches Noires a été cédée à une société maroco-canadienne parrainée par Access Capital contre un chèque de 10 MDH. L’acheteur s’est engagé à reprendre les 32 employés de l’usine, et prévoit d’investir 10 MDH pour le redémarrage de l’outil industriel, à l’arrêt depuis 2004.
L’unité de Kénitra, quant à elle, a été reprise par une entreprise marocaine, Capital Boisson, contrôlée par deux groupes marocains, dont un professionnel du secteur agrumicole. Selon le liquidateur, «il s’agit d’une opération exceptionnelle : cette entité a été cédée à 33 MDH alors que le prix de départ était de 12 millions». Le liquidateur a dû procéder à une vente aux enchères pour départager les deux offres intéressantes proposées. Un montant de 22 MDH sera investi pour la rénovation. Capital Boisson s’est engagée, elle aussi, à garder les 50 employés. Les deux opérations seront bouclées fin juin, délai légalement fixé pour finaliser toutes les procédures d’enregistrement.
Les repreneurs investiront 32 MDH pour faire redémarrer les usines
Pour les employés concernés, ce sera la fin d’un cauchemar. Rappelons à cet égard que Frumat, l’unique société de transformation d’agrumes du pays à l’époque, n’a pu juguler la crise connue à la fin des années 1990. La production était passée de 140 000 tonnes en 2 000 à seulement 2 000 tonnes en 2004. Le chiffre d’affaires suivait sur une courbe identique, chutant de 201 à 105 MDH entre 2001 et 2003.
Les actionnaires avaient entrepris plusieurs tentatives de sauvetage et mis en place plusieurs plans de redressement mais en vain. Le dernier plan conçu avant la liquidation judiciaire prévoyait la création d’un holding qui devait compter deux filiales: Frumat Sud à Taroudant et Frumat Nord à Kénitra. Ce plan avait échoué en raison du refus des producteurs du sud, pourtant les principaux fournisseurs, de reprendre l’unité de Taroudant.
Selon des observateurs, l’échec de la restructuration est une «responsabilité partagée de toutes les composantes de la filière agrumicole, notamment les producteurs, les stations de conditionnement ainsi que les exportateurs. Tous ont préféré vendre les agrumes pour satisfaire le marché de bouche plutôt que d’approvisionner régulièrement Frumat». Pour s’assurer un approvisionnement en agrumes, l’entreprise avait envisagé la mise en place d’un verger industriel. Or, ce projet nécessitait un investissement de 200 MDH pour une superficie de 1500 à 2000 ha. Faute de moyens financiers, il n’a pu être réalisé.
