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Affaires

Des problèmes d’approvisionnement pour l’agro-industrie

La conjoncture agricole n’a fait qu’exacerber un problème récurrent
n Le Maroc perd des parts de marché à l’international.

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L’agro-industrie tirant sa raison d’être de l’agriculture, tout ce qui touche celle-ci affecte ipso facto celle-là. Ainsi, les dégâts causés par la vague de froid qui a déferlé sur le pays en janvier et février derniers et le déficit hydrique enregistré jusque-là, sont évidemment ressentis par le secteur de la transformation.
Mais pour Mohamed Chraibi, président de la Fédération de l’agro-industrie (FENAGRI), les conditions climatiques exceptionnellement défavorables cette année ne font, en fait, qu’exacerber les problèmes d’approvisionnement qui étouffent déjà le secteur. «Notre seul problème, c’est celui des approvisionnements. Il se posera peut-être avec un peu plus d’acuité cette année, mais il se pose déjà. Chez nous, c’est une problématique centrale depuis quelques années et cela nous préoccupe». Pour étayer son propos, M. Chraibi cite quelques exemples. Celui de Frumat est le plus frappant : voilà une société qui dispose de trois usines (Kénitra, Casablanca et Taroudant) parmi les meilleures dans le monde sur le plan technologique, et qui a dû fermer pour insuffisance d’approvisionnement en oranges. Disposant d’une capacité d’écrasement de 200 000 t d’oranges, Frumat ne recevait pas plus de 20 000 t ces dernières années, soit 10% de sa capacité.

Olives en conserve, la dégringolade
Pourquoi les oranges ne sont-elles plus disponibles en quantité suffisante ? Parce que, explique Mohamed Chraibi, le verger agrumicole marocain ne s’est pas développé, il a même régressé, pendant que les exportations s’améliorent et que le marché de bouche augmente proportionnellement à l’augmentation de la population. De sorte que sur 100 kg d’oranges produites, entre 45 et 50 kg vont à l’export, 30 kg au marché intérieur et seulement 20 à 25 kg à l’industrie de transformation. «Si cette situation perdure, et compte tenu du nombre de touristes attendus et du développement du marché, le Maroc risque de devenir importateur d’agrumes», prévient le président de la FENAGRI.
La filière oléicole est dans la même situation : M. Chraibi explique que la production d’olives stagne depuis dix ans à une moyenne de 500 000 t/an, sur environ 500 000 ha, soit un rendement d’une tonne à l’hectare. Conséquence : la fabrication des olives de table destinées essentiellement à l’exportation, après avoir stagné, régresse. Idem pour l’huile d’olive. Il en résulte que le Maroc, qui était 2e exportateur mondial de conserve d’olives, rétrograde à la 3e place, et bientôt peut-être à la 4e.
C’est le cas également de la conserve d’abricot : il y a 20 ans, le Maroc en exportait 40000 tonnes ; depuis 5 ans, il ne dépasse pas 16000 t. On peut multiplier les exemples à l’infini, confie M. Chraibi qui insiste sur le fait qu’au-delà de la situation conjoncturelle, certes difficile, ce dont a réellement besoin l’agro-industrie, c’est d’une vision, d’une stratégie à l’instar de ce qui se fait dans le tourisme, l’habitat, les infrastructures.