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Dépollution : 88 000 tonnes de boues industrielles à valoriser chaque année
L’étude réalisée par le cabinet d’études marocain Phenixa a porté sur l’analyse de 13 unités industrielles de 5 secteurs d’activité différents. La valorisation thermique déjà utilisée par les cimentiers marocains est l’une des solutions les plus adaptées aux différents secteurs industriels.

En investissant massivement dans le traitement des eaux usées, le Maroc, à travers l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), ses délégataires privés et ses régies autonomes, a franchi une étape importante de la dépollution liquide mais doit encore en atteindre d’autres. Il en va ainsi pour les boues issues du traitement des eaux usées industrielles. C’est pour cela que la composante industrielle du programme environnemental PGPE de la coopération technique allemande (GIZ) a organisé un atelier dans lequel ont été présentés les résultats d’une étude sur les possibilités de valorisation et d’élimination écologique de ces boues. Réalisée par le cabinet d’études marocain Phenixa, qui s’est spécialisé depuis 20 ans dans l’environnement, l’étude a porté sur 13 entreprises de 5 secteurs d’activité installée dans la zone industrielle de Berrechid. Colorado et Akzo Nobel pour la peinture, Silver-Food, Savola et Lesieur Cristal pour l’agroalimentaire, Multi-Cérame et Super-Cérame pour la céramique, la CMCP pour le papier et le carton, et enfin Texcom-Sinmatex, PIF, Sifitex, Benjitex et Polyfil pour le textile ont ainsi participé à cette étude dont la mission est de développer une action pilote de gestion écologique des boues des STEP industrielles.
Jusqu’à présent, les boues sont soit mises en tas à côté des STEP, soit stockées sur place, soit acheminées vers les décharges avec les déchets ménagers sans aucune précaution alors même qu’elles peuvent contenir des éléments toxiques. On estime que près de 88000 tonnes MS (matière sèche) de boues industrielles sont produites chaque année au Maroc. D’ici 2030, il y en aura 118000 tonnes MS. Résultant d’un traitement du polluant liquide, les boues doivent être traitées selon la loi 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination.
Quatre types de valorisation possibles
En analysant les boues issues des différentes unités industrielles sélectionnées, Phenixa a pu établir que 3000 tonnes de boues brutes de différentes qualités sont produites chaque année par ces unités. En fonction du type de boue émis, 4 voies de valorisation sont proposées : valorisation verte dans l’agriculture, la sylviculture ou pour la réhabilitation des sols, valorisation thermique, valorisation par réutilisation à l’intérieur du processus industriel et valorisation par réutilisation dans d’autres processus industriels. Pour le textile par exemple, Phenixa recommande la valorisation thermique alors que les boues issues de l’industrie de la peinture pourront être réutilisées en interne ou pour d’autres processus industriels. La valorisation thermique, déjà utilisée par les cimentiers marocains, reste l’une des solutions les plus adaptées aux différents secteurs industriels. «La mise en œuvre de cette filière nécessite la mise en place de certaines conditions et la levée de certaines contraintes techniques», précise néanmoins l’étude. De son côté, le ministère chargé de l’environnement planche toujours sur l’élaboration d’une stratégie nationale de gestion des boues des stations d’épuration.
