Affaires
Déchets industriels : 800 000 tonnes produits chaque année mais très peu de recyclage
Les entreprises faisant appel à des prestataires pour le traitement de leurs déchets ne sont pas nombreuses.
Des opérateurs spécialisés commencent à s’installer et à pérenniser leur activité.
La revente de matières recyclables permet aux industriels de générer un revenu supplémentaire intéressant.

Recycler les déchets n’est pas encore une activité très répandue au Maroc, certes. Mais tout porte à croire qu’elle se développera rapidement. Déjà, de plus en plus de grandes entreprises intègrent la donne et beaucoup font appel à des prestataires spécialisés pour le traitement des déchets industriels. Pour l’heure, les entreprises opérant dans le créneau ne sont pas nombreuses mais certaines d’entre elles commencent déjà à pérenniser leur business.
Plus gros opérateur sur ce marché, Sita Maroc, filiale de Suez Environnement spécialisée dans la collecte et le traitement des déchets et forte d’un chiffre d’affaires annuel de 40 MDH, occupe l’essentiel du marché. Présent dans le pays depuis 2 ans, il dispose aujourd’hui d’une trentaine de contrats de traitement de déchets industriels et traite environ 50 000 tonnes de déchets industriels par an. «Le traitement des déchets industriels représente une réelle valeur ajoutée pour l’industriel, aussi bien en termes d’image qu’en terme de réduction des dépenses liées à la gestion des déchets», précise Thomas Forgacs, DG de Sita Maroc. «Puisque nous aidons l’industriel à minimiser les inconvénients liés à la gestion de ces déchets, tels que l’espace ou la réquisition de main-d’œuvre, nous pouvons limiter les coûts de gestion jusqu’à 50%», affirme-t-il. Concrètement, le prestataire accompagne son client dans la mise en place d’une plateforme d’activité de déchets industriels sur le site même du client. A charge ensuite pour le prestataire de fournir le savoir-faire avec ses propres ressources humaines et son matériel, laissé in situ en location au client. Le contrat, s’étalant entre 1 et 3 ans, spécifie ainsi une obligation de performance, déterminée par le taux de réduction de gestion des déchets, que le prestataire doit atteindre.
Dans le cas où le client est demandeur d’une gestion globale par le prestataire, le contrat prévoit en outre une obligation de résultat, soit l’assurance d’obtenir le meilleur prix du marché pour le rachat de la matière. Ce rachat, procurant ainsi un revenu supplémentaire à l’industriel, s’effectue suite au lancement par le prestataire d’appels d’offres trimestriels internationaux, afin de mieux suivre les cours des matières premières. Le revenu indu au client dépend du gisement de ce dernier et des cours du marché. De manière générale, entre la restitution du rachat de la matière à l’industriel et le paiement de la facture à son prestataire, le client y trouve son compte.
La Chine, gros acheteur potentiel pour les matières recyclables
Aujourd’hui, 100% des déchets industriels collectés par Sita Maroc sont transformés au Maroc par des professionnels de la transformation. Ainsi, le carton, les chutes de bois et de ferraille, le plastique, les batteries et le verre sortis de l’usine sont-ils compactés sur la plateforme puis acheminés sous forme de bals vers les professionnels de la transformation des matières recyclables. Le verre collecté par Sita Maroc, par exemple, est réutilisé par la Société d’exploitation de verrerie au Maroc (SEVAM) et l’acier retravaillé par la Sonasid. Reste qu’en zone franche, y compris les futures usines de la zone d’activité de Tanger Med, les déchets seront obligatoirement exportés, principalement vers la Chine compte tenu des besoins importants de ce pays pour les matières recyclables. A l’heure actuelle, et pour ne citer qu’eux, le cours du plastique fluctue aux environs de 4 000 DH la tonne, l’acier aux alentours de 2 400 DH la tonne et le carton autour de 1 800 DH la tonne. A noter que Sita Maroc sera bientôt en mesure de collecter les piles usagées, d’abord auprès des industriels avant de sensibiliser les collectivités locales, grâce au lancement d’une plateforme à partir de janvier 2011.
Cela dit, il reste encore du chemin à faire et du potentiel surtout. Selon une enquête du ministère de l’industrie et du commerce, 800 000 tonnes de déchets solides industriels sont produites chaque année au Maroc. En l’absence d’obligation réelle de traitement de leurs déchets, ce sont les industriels, financièrement les plus solides, qui ont pu mettre en place des plateformes de traitement de leurs déchets. A noter que dans la plupart des cas, les entreprises d’envergure internationale sont contraintes par le règlement interne de leurs maisons mères de gérer au mieux leurs déchets.
Si, sur le plan pratique, les opérateurs n’ont pas attendu le cadre législatif pour investir le secteur, il est certain que la mise en œuvre des textes existant déjà donnera un coup d’accélérateur et permettra de généraliser les bonnes pratiques.
