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Déchets hospitaliers : sur les 140 hôpitaux du Maroc, à  peine 21 disposent de broyeurs-stérilisateurs

Chaque lit occupé génère entre 1 et 3 kg de déchets par jour, dont 20% sont infectieux. Le volume produit par les hôpitaux qui confient le traitement de leurs déchets à  des privés est insuffisant pour rentabiliser le marché.

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Les hôpitaux font des progrès dans l’application du décret relatif à la gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques publié le 18 juin 2009 au Bulletin officiel (BO), en vertu de la loi 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination. Ainsi, ils n’étaient que 13 hôpitaux en 2010, sur les quelque 140 que compte le pays, à disposer de broyeurs-stérilisateurs, ces machines qui permettent de minimiser l’impact visuel des déchets et éliminer leur caractère infectieux, les préparant ainsi à être déposés dans des décharges contrôlées. En 2011, ils sont 21 hôpitaux à en être équipés, selon Mohamed Belghiti, responsable de la direction des hôpitaux et des soins ambulatoires au ministère de la santé. Cette même direction a par ailleurs édité, en coopération avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un guide sur l’hygiène hospitalière. Il sera prochainement distribué auprès des professionnels de la santé. De la même façon, le ministère de la santé planche sur un projet de qualification environnementale des hôpitaux qui permettrait d’établir un audit environnemental de chaque établissement et d’évaluer les mesures à prendre pour améliorer les pratiques du secteur de la santé. Pour compléter la récente réglementation en la matière, des arrêtés et décrets spécifiquement liés au transport de cette catégorie de déchets ont été déposés au Secrétariat général du gouvernement pour une publication au B.O. dès que l’agenda politique le permettra. Le plus tôt serait le mieux lorsqu’on sait qu’un lit occupé produit en moyenne 3 kg de déchets, dont 20% sont infectieux. Pour l’heure, les opérateurs du marché bénéficient d’autorisations temporaires émises conjointement par le ministère de la santé et le ministère chargé de l’environnement pour effectuer leur travail.

Le recours à des sous-traitants, un choix judicieux pour les hôpitaux

Depuis 2007, la solution toute trouvée pour mener à bien cette gestion des déchets hospitaliers est de la confier à des opérateurs externes. Les hôpitaux disposant de broyeurs-stérilisateurs ont le choix de gérer en interne la filière des déchets ou de mettre cet équipement à la disposition de sociétés privées. La majorité des établissements hospitaliers équipés observe que la seconde option permet de réduire largement les coûts. Au point que les sociétés privées opérant dans ce domaine, dont les plus importants sont au nombre de 3, ont du mal à s’y retrouver. «Les hôpitaux produisent moins de déchets que ce qu’ils prévoient dans leur cahier des charges. Financièrement, nous sommes vraiment à la limite. Toutefois, la loi oblige le maître d’ouvrage à payer un minimum spécifié dans son cahier des charges. Un facteur de sécurité qui nous protège légèrement», explique Fida Aragon, gérant d’Athisa Maroc, filiale d’un opérateur espagnol, qui a remporté les marchés lancés par les CHU de Rabat, Casablanca et Marrakech. Un constat confirmé par le Pr Mountassir Chefchaouni, directeur du CHU Ibn Sina à Rabat : «Nous prévoyions au départ une production de 1,2 kg de déchets par lit occupé. Depuis qu’Athisa gère nos déchets, soit depuis janvier 2011, ce sont finalement 0,7 kilo de déchets par lit occupé qui ont été traités sur les 3 premiers mois de l’année. Mais la production devrait augmenter», explique-t-il.

Pour l’attribution des marchés, le prix prime sur l’offre technique

«Pour dépasser ce problème d’amortissement, d’autant plus flagrant pour les centres hospitaliers provinciaux trop excentrés pour attirer les opérateurs privés, nous préconisons le regroupement, sur lequel nous travaillons», précise M. Belghiti. L’activité demande à coup sûr des ajustements.
Alors que le Pr Chefchaouni tablait en 2010 sur un budget de 10 MDH dédié à la gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques produits par les 10 établissements hospitaliers que rassemble le CHU de Rabat, c’est finalement un contrat de 3,5 MDH par an qui a été conclu avec Athisa, soit un coût de traitement de 3,40 DH le kilo. L’offre financière de l’adjudicataire était en effet inférieure à celle de son concurrent, Saïss Environnement de Meknès. Et comme le stipule le cahier des charges, l’offre la moins-disante remporte le marché. «Nous avons été sanctionnés car notre offre financière était supérieure de 700 000 DH pour une année. Cela s’explique par une offre technique à la hauteur avec des équipements de meilleure technologie et un service optimal avec un retrait quotidien des déchets même si la production est toujours surestimée par l’établissement de santé», se défend Chadia Bouayad, directrice de Saïss Environnement. «Dans sa grande majorité, la filière des déchets hospitaliers au Maroc est un marché de prix. L’offre financière est déterminante dans l’adjudication des marchés. C’est malheureux car il s’agit d’un secteur sensible où il faut rechercher la qualité», reconnait M. Aragon.