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Décharge de Casablanca : l’acquisition du futur terrain traîne

Le prix du terrain retenu est estimé à  42 MDH. Un protocole d’accord a été conclu avec les propriétaires mais la Commune urbaine de Casablanca n’a toujours pas pris sa décision définitive. Un problème sous-estimé, le terrain se situe à  500 m d’un grand projet immobilier.

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Decharge de Casablanca 2014 09 22

Maintenant que le dossier de la collecte des déchets de la plus grande ville du Royaume est plus ou moins réglé, avec notamment la réception et l’installation progressive des nouveaux équipements par les deux opérateurs, il est peut-être temps de revenir au brûlant dossier de la décharge car l’un ne doit pas aller sans l’autre. Or, le dossier de la future décharge contrôlée, ouvert depuis 2008, progresse difficilement. Cette fois, c’est la procédure d’acquisition du futur terrain –mitoyen de l’actuelle décharge sauvage– qui piétine. Si le prix du mètre carré, jugé inférieur au prix du marché par le propriétaire, a finalement été revu à la hausse, il n’empêche que les démarches n’ont pas encore complètement abouti. «Une commission provinciale d’expertise a imposé à la Commune urbaine de Casablanca (CUC) de revoir le prix légèrement à la hausse. Les deux parties se sont donc mises d’accord pour un prix au m2 d’environ 120 DH, ce qui permet aux vendeurs de couvrir au moins le coût de la TPI», confie une source proche du dossier. Pour le moment, un protocole d’accord signé il y a plusieurs semaines précise que le propriétaire cède son terrain à la CUC. Cette dernière n’a donc pas encore convenu de façon formelle l’achat de ce terrain de 35 ha dont le prix est estimé à 42 MDH.

Risque important d’effondrement

Même si le terrain de la future décharge contrôlée est loin d’être idéal, son acquisition devient urgente. La décharge actuelle, sauvage, rappelons-le, déborde. Sa surface de 70 ha ne suffit plus aux 3 000 tonnes de déchets qu’elle doit «accueillir» chaque jour. «Sur 30% de la décharge, les déchets débordent de plus de 20 m de hauteur par rapport aux standards, entraînant un risque imminent d’éboulement, avec tout ce que cela implique comme danger pour les personnes travaillant sur le site et aux alentours», poursuit notre source.
Rappelons que quelque 800 personnes et plus de 20000 têtes de bétail, notamment à l’approche de Aïd Al Adha, circulent sur le terrain de l’actuelle décharge. Une situation qui pose une nouvelle fois le problème de l’hygiène publique que représente la décharge actuelle. Il n’est pas rare de retrouver des seringues dans la panse d’animaux ayant pâturé sur le terrain et dont la viande peut ensuite se retrouver dans nos assiettes, que ce soit au snack du coin ou dans un restaurant plus distingué. Malgré le risque évident que le pâturage sur la décharge représente, aucune des autorités publiques concernées ne veut être à l’origine d’un conflit social en décidant l’interdiction du pâturage sur le terrain. «Il est probable que des personnes sont mortes à cause de la décharge. Nous ne faisons pas le lien, c’est tout», commente un acteur local.

Un projet immobilier en construction à quelques centaines de mètres

En attendant l’acquisition du terrain par la commune, les habitations continuent de proliférer tout autour. Un lotissement est en effet en cours de commercialisation par un grand promoteur de la place, et ce, à proximité directe de la décharge actuelle, et donc de la future décharge. Situé à environ 500 m de la décharge, ce futur projet immobilier sera également dans la direction des vents dominants. Les futurs habitants «profiteront» donc, malheureusement pour eux, des odeurs de la décharge. A l’ire éventuelle de ces futurs «heureux» propriétaires, s’ajoute le mécontentement répété des communes rurales concernées. Aujourd’hui, la commune de Mejjatia Ouled Taleb réclame à la CUC une compensation annuelle de plusieurs millions de DH au titre des désagréments qu’elle subit à cause de la présence de la décharge sur son territoire.
L’ensemble de ces questions relance encore une fois celle du choix du terrain. Proche des habitations et trop petit, ce terrain ne répond pas aux exigences, même évidentes, pour accueillir une décharge. Cela pose donc une autre question majeure, à savoir celle de la valeur des études d’impact environnemental. Comment une étude d’impact environnemental, rendue par le comité dépendant du ministère de l’environnement, a-t-elle pu donner le feu vert pour l’installation d’une décharge contrôlée dans un tel endroit et dans ces conditions ? Qu’en est-il de la Charte nationale de l’environnement et du développement durable ? La démarche politique engagée depuis quelques années pour faire du Maroc un pays plus respectueux de son environnement semble définitivement incompatible avec les intérêts de certains.

Com’ese

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