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De plus en plus chère la Omra : entre 18 000 et 45 000 DH !
L’appréciation du riyal saoudien face au dirham et la réduction de l’offre de logements sont à l’origine de la hausse des frais de voyages. Les autorités saoudiennes veulent rentabiliser davantage la Omra comme tout autre produit touristique. La demande reste très élevée malgré tout.
Cette année, l’opération Omra du Ramadan se déroule dans une conjoncture particulière. Si quelques agences de voyages ont levé le pied, se contentant de diriger leurs clients chez des confrères moyennant une commission, la demande, elle, semble se maintenir comme les années précédentes, et ce malgré une augmentation substantielle des prix.
Les voyagistes marocains sont confrontés cette année à un double problème, en l’occurrence celui du renchérissement du prix du logement en Arabie Saoudite et de l’appréciation de la monnaie de ce pays par rapport au dirham. Le riyal saoudien s’est envolé de 10% par rapport à l’année dernière. L’augmentation du prix du logement est, quant à elle, due à la décision des autorités saoudiennes de démolir beaucoup d’établissements d’hébergement de moyenne gamme qui étaient devenus vétustes pour les remplacer, à terme, par des logements de standing plus élevé, avec pour conséquence une réduction de l’offre.
Ceci témoigne, selon un agent de voyages habitué à organiser la Omra, de la volonté des Saoudiens de rentabiliser davantage cette opération comme on le ferait pour tout autre produit touristique, c’est-à-dire sans grande considération pour l’aspect religieux. En d’autres termes, dans quelques années, l’arrivée des nouveaux établissements hôteliers dans ce pays va sonner la fin de la Omra à petit prix pour une catégorie de Marocains, habitués à minorer le coût de leur voyage en intégrant dans leur calcul, entre autres, la possibilité de préparer leur repas. Du reste, nombreux sont ceux qui vont en Arabie Saoudite avec beaucoup de denrées alimentaires non périssables.
Certains en profitent pour faire du tourisme, d’autres du commerce
Dans un tel contexte, le prix du séjour, qui peut s’étaler sur 30 à 40 jours selon la programmation des compagnies aériennes, s’est renchéri de 15 et 25% par rapport à ce qui se pratiquait il y a tout juste quelques années. Soit une fourchette de tarifs comprise entre 18 000 DH et 45 000 DH pour un produit de moyenne gamme, comprenant notamment un hébergement dans des chambres d’au moins quatre personnes. Le haut de gamme, commercialisé par quelques agences qui se comptent sur les doigts d’une main, peut pour sa part coûter jusqu’à 80 000 DH, voire plus.
La large fourchette des prix pour la moyenne gamme s’explique par les conditions de logement, mais aussi par le prix du billet d’avion qui peut varier d’une compagnie à l’autre. En dehors de Royal Air Maroc et Saudia Airlines, d’autres compagnies étrangères régulières se sont mises sur le créneau, dont les compagnies tunisienne, turque et celles d’autres pays arabes avec des itinéraires qui sont parfois assez longs.
Toujours est-il que malgré ces augmentations, le produit Omra reste pour l’heure encore très demandé. Et pour certains Marocains, ce déplacement est devenu synonyme de vacances puisqu’ils le font plusieurs fois dans leur vie, sinon chaque année pour certains. De plus, ce ne sont pas toujours des personnes nanties qui raffolent de cette destination. Certains rentabilisent leur voyage en faisant du commerce. Ceci est facilité par le niveau de la dotation touristique qui est pour le cas d’espèce de 55 000 DH au lieu de 40 000 DH pour les autres destinations.
Aujourd’hui, ils sont quelque 35 000 à 40 000 personnes, selon les années, à faire le déplacement chaque année, selon les estimations des agents de voyages dont une bonne partie ne fait d’ailleurs que cette opération dans l’année, en plus du Hajj, quand leur agence répond aux critères de sélection.
A l’avenir, étant donné les tendances qui se dessinent, c’est-à-dire la volonté des autorités saoudiennes de maîtriser ce produit en imposant un certain nombre de règles, dont celle de mettre en avant leurs propres agences de voyages, mais aussi en offrant un hébergement de meilleur standing, les voyagistes marocains ont tout intérêt à s’organiser et à mutualiser leurs atouts face à une concurrence de plus en plus rude sur ce segment. A défaut, ils seront relégués au rôle de correspondants pour leurs homologues saoudiens.
Pour le moment c’est le scepticisme qui prévaut, sachant que toutes les tentatives d’organiser et de mettre à niveau les agences de voyages au Maroc se sont soldées par un échec.