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Dans les coulisses du chantier du pont à haubans de Sidi Maarouf
Le taux d’achèvement des travaux est de 45%. Après les appuis du pont, Seprob, adjudicataire du marché, entame dans les prochains jours le montage de la voie de circulation.

Le futur pont à haubans de Sidi Maarouf, dont les travaux ont commencé il y a un peu plus d’un an, est en train de changer le paysage à l’entrée sud de Casablanca. A des centaines de mètres du chantier, il est déjà possible d’apercevoir 4 imposants piliers qui préfigurent l’envergure du futur ouvrage de 248 mètres de long. Difficile d’imaginer comment ces structures massives ont pu émerger au milieu du trafic tumultueux du carrefour de Sidi Maarouf traversé chaque jour par 100 000 véhicules.
Dégager de l’espace pour le chantier est justement le premier défi qu’a dû relever Seprob, adjudicataire depuis fin 2014 du marché pour la construction de cet ouvrage qui mobilisera 422 MDH. L’opérateur a nécessairement dû dévier la circulation, une tâche plus compliquée qu’il n’y paraît. «La question a été étudiée par une commission étoffée rassemblant le maître d’ouvrage (la Commune urbaine de Casablanca), le maître d’ouvrage délégué (le ministère de l’équipement), la wilaya, la Sûreté nationale, les gestionnaires des réseaux d’eau et d’électricité, Casa Tramway, les entreprises propriétaires de panneaux publicitaires dans la zone…», énumère Mohamed El Bada, directeur de projets au sein de Seprob. Tout ce monde s’est réuni à plusieurs reprises en mars et juin 2015 pour étudier jusqu’aux moindres détails et établir le tracé définitif de la voie de contournement. La construction à proprement parler n’a démarré que fin juin pour être achevée en octobre. Singulièrement, cette voie temporaire a fluidifié la circulation au niveau du carrefour de Sidi Maarouf, véritable point noir pour les automobilistes, puisqu’elle est plus large que la route qui existait auparavant, fait savoir M. El Bada.
Dans la phase préparatoire du chantier, Seprob a naturellement aussi effectué un ensemble d’études d’exécution. Celles-ci ont concerné dans un premier temps les fondations et le tablier (la voie sur laquelle circuleront les véhicules qui empruntent le pont) avec notamment la réalisation de tests en soufflerie en France sur un modèle réduit de l’ouvrage afin d’observer son comportement face au vent.
Les travaux vont s’accélérer
L’entreprise s’entoure de toutes les précautions car le pont présente une structure originale. D’une part, l’ouvrage n’est pas symétrique, du fait que ses appuis sont agencés de manière à optimiser l’espace sous le pont, qui doit accueillir un échangeur. D’autre part, le pylône du pont qui culmine à 73 mètres est incliné de 12 degrés de sorte à bien soutenir les haubans (câbles qui vont tenir le tablier). Avec tout cela, ce n’est qu’en novembre 2015 que Seprob a effectivement commencé la réalisation de l’ouvrage.
Depuis cette date, l’entreprise a pu quasiment achever les culées (piliers situés aux extrêmes), une pilette ainsi que la grande pile sur laquelle reposera le pylône. Ces structures massives qui ont englouti 8 000 m3 de béton n’en négligent pas moins l’esthétique. Elles sont en effet ornées de motifs offrant un effet bois et roche, une touche esthétique qui a imposé aux équipes de Seprob de procéder avec minutie lors du coffrage du béton.
Et encore, ce qui est visible du pont n’est pas le plus spectaculaire. Les fondations réalisées en sous-sol sont plus impressionnantes encore puisqu’elles vont jusqu’à 13 mètres de profondeur, l’équivalent d’un immeuble de 4 étages. Avec tous les travaux déjà réalisés, Seprob en est aujourd’hui à 45% de taux d’achèvement du projet.
Une organisation minutieuse
Pour garder le rythme, l’entreprise entamera d’ici peu la construction du tablier. Cette partie d’une largeur de 21,5 m sera réalisée en combinant charpente métallique et béton armé, soit la même technique utilisée pour la réalisation des viaducs de la LGV et du pont à haubans MohammedVI. En plus de la légèreté, ce type de structures permet un gain de temps. «Il est en effet possible de préparer simultanément les éléments en charpente métallique et la partie en béton armé de même que l’on peut les monter en même temps», expliquent les équipes de Seprob. Pour la fourniture de la charpente métallique, l’entreprise s’est adjoint les services d’un opérateur italien qui fabriquera la structure du tablier dans ses ateliers pour la livrer par portions sur le lieu du chantier. Une première partie est déjà arrivée et son montage débutera dans quelques jours, fait savoir le management de Seprob. Le reste suivra dans la foulée, sachant que 70% de la charpente métallique est déjà fabriquée. La réalisation des éléments en béton armé, qui se fera près du chantier, ne s’éternisera pas elle non plus. Une fois le tablier achevé, les travaux en seront aux deux tiers et il ne restera plus à l’entreprise qu’à ériger le pylône, monter les haubans et réaliser les remblais (les pentes permettant l’accès au pont). Seprob règle son organisation comme du papier à musique pour réaliser plusieurs de ces tâches simultanément. Il faut dire que sur un chantier de cette taille, qui peut mobiliser jusqu’à 100 ouvriers en même temps, la moindre heure d’inactivité se paie au prix fort.
